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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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aussi puissante qu’une reine, le risque mortel que court mon ami Paco ? Si cela était, vous auriez de moi une bien pauvre opinion…
    Les mains toujours plaquées à ses hanches qui ondulaient au rythme de sa démarche, Cayetana vint vers lui, levant haut le menton pour le regarder au fond des yeux.
    Elle eut un petit rire :
    — Si j’avais de vous cette opinion, mon ami, je ne serais pas ici car les couards me font horreur et plus encore ceux qui cherchent refuge derrière les faiblesses du cœur. Cela dit, vous savez bien que je ne suis pas une duchesse comme les autres, ou bien l’avez-vous déjà oublié ? Quant à la femme… elle croit bien vous avoir déjà donné son sentiment à votre sujet. Enfin, je le répète, vous n’avez pas le choix… Acceptez mon offre !
    — Non, non ! Mille fois non ! Je refuse ! Vous n’allez pas, j’imagine, m’enlever de force ?
    — Qui sait ?…
    — Vous ne pourrez pas. Avant une heure j’aurai quitté cette maison…
    — Vraiment ? Alors… voyons ce que nous allons faire de cette heure-là car il ne me plaît pas de vous quitter avant. Tenez, puis-je vous confier un secret ?… Je meurs de faim, de soif. N’iriez-vous pas jusqu’à la cuisine pour voir s’il ne s’y trouve pas quelque relief ? Vous aussi, d’ailleurs, allez avoir besoin de vos forces. La fuite est un exercice fatigant.
    Perplexe, il la dévisagea, incapable de comprendre quelles idées s’agitaient sous ce petit front têtu. Cayetana était étrange, insaisissable. Elle passait de la gravité à la désinvolture la plus insouciante, du drame à la comédie-bouffe, avec une aisance stupéfiante. Dure comme l’acier à certaines minutes, elle se faisait l’instant suivant aussi flexible qu’une lame d’épée mais sans rien perdre de sa force. Elle était aussi changeante et redoutable que la mer bretonne. Mais les droits qu’elle s’était déjà acquis sur lui étaient impérieux et l’idée n’effleura même pas Gilles de les lui contester. Il s’inclina donc, heureux au fond de ce caprice imprévu qui allait lui permettre de jouir, un moment encore, de sa présence, de sa beauté sensuelle qui réveillait en lui le désir né un soir de carnaval et que seul l’orgueil lui avait permis de repousser.
    — Je vais essayer de vous satisfaire, dit-il en se dirigeant vers la cuisine.
    La pièce étroite, sentant l’ail et l’huile froide, était déserte car Goya et Micaela avaient dû trouver un moyen simple de charmer leurs loisirs forcés. Gilles réunit sans trop de peine une gargoulette de vin, quelques poivrons, un peu de jambon et des gâteaux de sésame cuits à l’huile. Il entassa le tout sur un plateau, ajouta deux gobelets, deux écuelles et des couverts puis revint vers l’atelier dont il poussa la porte du pied. Mais là, il faillit bien, devant le spectacle offert à sa vue, laisser son fardeau s’écraser sur les dalles du sol…
    Au-delà d’un archipel de soie noire et de dentelles blanches et face au portrait dévoilé de la servante, la petite estrade était de nouveau occupée par une femme nue qui, dans un geste identique à celui du modèle, relevait la masse noire de sa chevelure en faisant saillir les globes durs de ses seins. Mais cette femme n’était plus Micaela…
    Les yeux qui guettaient sa réaction à travers les épaisses boucles noires mangeant la moitié du visage étaient aussi sombres que ceux de la servante mais plus brillants. La bouche, très rouge, s’entrouvrait sur de petites dents parfaites en un sourire provocant et le corps dévoilé avait des reflets de nacre.
    Si une boule se noua soudain dans la gorge de Gilles, il n’en montra rien, ne cilla même pas. Avec des gestes mesurés il se contenta de déposer calmement son plateau sur un escabeau puis, à la manière d’un bestiaire face à un fauve dangereux, il captura l’impudent regard de la femme et le garda prisonnier du sien. Alors seulement, debout à quelques pas d’elle, sans dire un mot, il se déshabilla, révélant avec une impudeur égale à celle de la jeune femme la puissance de son désir. Il vit ses yeux se rétrécir, l’entendit haleter doucement.
    Alors seulement il la rejoignit d’un bond sur l’estrade et, sans lui laisser la moindre possibilité d’échapper, s’empara d’elle d’une brutale poussée qui l’enleva du sol tandis qu’il lui écrasait la bouche d’un baiser.
    Déséquilibrée, elle gémit de douleur, planta ses

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