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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ce cas, Monseigneur, souffrez que nous achevions tranquillement notre déjeuner. Les écrevisses ne valent rien quand elles sont froides et il se trouve que nous aussi avons grand faim. Votre Altesse n’aura aucune peine à trouver dix tables plus agréables que celle-ci. Elle aurait l’air d’y être en pénitence : nous sommes dans un coin !…
    Et, saluant de nouveau, il se disposait à reprendre à la fois sa place et son repas quand une véritable clameur d’indignation parcourut la salle. En un instant tous les dîneurs furent debout, toutes les bouches proférèrent des invectives, tous les poings se tendirent vers l’insolent. D’autres firent même jaillir des épées cependant que le pauvre Hue, épouvanté, courait de l’un à l’autre, s’efforçant de ramener le calme sans y parvenir.
    Pour sa part, le duc de Chartres, devenu couleur lie-de-vin, n’avait pu retenir un geste de fureur et s’élançait déjà vers le jeune homme, prêt à frapper du poing. Froidement alors, Gilles tira son épée, la prit par la lame et en offrit la poignée au prince qu’il retint ainsi à distance de toute sa longueur.
    — Je suis gentilhomme, Monseigneur ! Employez ceci et tuez-moi… mais ne me frappez pas ! Sinon dussé-je être tiré à quatre chevaux sur la place de Grève pour ce geste, j’aurais le regret de vous le rendre !
    — Monsieur, je vous en prie, Monseigneur, par grâce !…
    Vive comme l’éclair Mme d’Hunolstein s’était jetée entre les deux hommes. Elle ne souriait plus et l’inquiétude que reflétait son joli visage n’était pas feinte.
    — Vous ne savez ni l’un ni l’autre ce que vous faites ! Vous, Monseigneur, êtes trop impulsif et trop porté à chercher querelle à ceux qui n’ont pourtant d’autre tort que de servir là où vous n’aimez pas. Quant à vous, Monsieur, que je ne connais pas, vous devriez vous souvenir qu’un prince du sang a droit à plus de respect et d’égards que vous n’en montrez.
    — On a le respect que l’on mérite ! marmotta Winkleried qui, derrière le dos de Gilles, avait mis lui aussi la main à son épée, prêt à prêter main forte à son compagnon de table.
    Il y eut un silence car le tumulte s’était apaisé à la voix de la jeune femme, personne ne voulant perdre un mot de ce qu’allait répondre le duc, mais ce fut le Breton qui, le premier, rompit ce silence. Souriant à celle qui venait de s’instituer si courageusement l’ange de la paix, il remit son épée au fourreau et s’inclina courtoisement :
    — Je ne me pardonnerai jamais, Madame, d’avoir assombri d’aussi beaux yeux et je vous rends les armes ! Cette table est vôtre, bien entendu, et nous eussions été trop heureux de vous l’offrir si les choses s’étaient passées différemment.
    —  Natürlich ! approuva le Suisse en écho.
    Le duc, d’ailleurs, s’était calmé. Il avait repris graduellement une couleur plus normale cependant que son regard bleu, passablement myope, s’attachait à l’aigle d’or agrafé sur la poitrine de son adversaire d’un instant.
    — Inutile de vous déranger, Messieurs, nous partons ! Vous avez fait la guerre d’Amérique à ce que je vois, Monsieur ?
    — Oui, Monseigneur.
    — À ce titre… mais à ce titre seulement, vous avez droit à ma considération. Au fait, comment vous appelle-t-on, tous les deux ?
    Tournemine présenta son compagnon et se présenta lui-même non sans se demander ce que le duc pensait faire de leurs identités et si une lettre de cachet n’était pas dans l’air mais le prince se contenta d’un signe de tête presque aimable accompagné d’une ombre de sourire.
    — C’est bien ! Je vous remercie ! Allons, ma chère, ajouta-t-il en glissant son bras sous celui de la baronne, il faudra vous contenter de l’ordinaire du Palais-Royal. Nous reviendrons ce soir pour le souper et j’invite ceux de mes amis qui sont présents à y participer.
    Ces derniers mots apaisèrent les protestations qui se levaient autour de lui et ramenèrent le sourire sur le visage du sieur Hue qui se voyait déjà en disgrâce et se plia en deux pour raccompagner le prince et sa compagne à leur voiture.
    L’incident était clos. Gilles, par-dessus la table, tendit la main à Ulrich von Winkleried qui s’en saisit avec enthousiasme.
    — Merci ! Voulez-vous que nous soyons amis ?
    — Je crois bien ! Vous me plaisez !
    — Vous aussi ! Que faisons-nous à

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