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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qu’ils étaient souvent la cible de cruelles railleries. Corbett remarqua que Maeve n’était pas en reste, mais que son rire sonnait faux et que ses grands yeux bleus ne s’éclairaient pas. Parfois même, il la surprit qui l’observait à la dérobée de son regard torturé et mélancolique.
    Quelques jours après leur arrivée à Neath, Maeve décida de briser l’ennui des banquets donnés par Morgan. Pendant que les bardes se préparaient avec l’apparat et les gestes de tous bons ménestrels, elle rejoignit Corbett.
    — Notre musique vous plaît-elle, Messire l’Anglais ? lui demanda-t-elle, un éclair de malice dans le regard.
    — Je m’appelle Hugh, répliqua-t-il. Votre musique est certainement de plus haute tenue que vos conversations, bien que cela ne soit pas un grand compliment !
    Elle fit la moue.
    — Eh bien, Huw, reprit-elle en prononçant délibérément son nom à la façon galloise, changeons cela, voulez-vous ? Jouez-vous aux échecs ? Voudriez-vous m’en enseigner les rudiments ?
    Corbett admira son visage, d’une beauté si imposante qu’il en tomba amoureux et qu’il dut se mordre les lèvres pour étouffer le cri qui jaillissait du plus profond de son être. Il savait que sa mine sérieuse n’était qu’un masque et qu’en fait elle se moquait de lui, mais il n’en avait cure, il aurait pu la contempler jusqu’à la fin des temps comme un ange fasciné par l’oeil de Dieu.
    Il entendit un ricanement et vit l’expression narquoise d’Owen, toujours assis à la table.
    — Hum, cela serait un honneur pour moi que de vous enseigner les échecs, dit-il avec un profond soupir, avant d’escorter Maeve jusqu’à un banc près de la fenêtre.
    Sur un signe de la jeune femme, un serviteur apporta une table basse, un échiquier et ses pièces et une petite lampe à huile. Corbett fit semblant de ne pas entendre le brouhaha des conversations et les gros rires en provenance du haut bout de la table. Il ne voulait voir que Maeve en face de lui qui, les yeux rieurs, le visage en forme de coeur posé sur les mains, observait son embarras, amusée et tranquille. Il expliqua laborieusement les règles du jeu, le maniement des pièces et certaines manoeuvres compliquées. Maeve fit signe qu’elle comprenait et le remercia doucement avant de s’essayer à quelques coups. Puis, le regard étincelant et l’air satisfait, elle frappa dans ses mains et exigea de disputer une vraie partie. Corbett s’inclina. C’était bientôt le crépuscule ; certains invités étaient partis, d’autres étaient restés autour des joueurs de harpe qui chantaient encore, mais la plupart s’étaient approchés du recoin où ils se trouvaient. Corbett joua avec désinvolture, avançant ses pièces en murmurant : « J’adoube. » Maeve contre-attaqua et brusquement Corbett sortit de sa rêverie : la riposte de Maeve avait été subtile et efficace et il se retrouvait battu, sans crier gare. Abasourdi, il regarda d’abord l’échiquier, puis la mine pensive de Maeve.
    — Vous avez gagné ! s’exclama-t-il. Vous êtes...
    Il ne put achever. Maeve venait d’éclater de rire, d’un rire clair et chaleureux qu’elle cherchait à maîtriser ; elle en pleurait, le visage à moitié enfoui dans ses belles mains aux doigts fuselés. Corbett la fixa, interloqué, puis vit le cercle ricanant des spectateurs. Il haussa les épaules en souriant pour dissimuler sa surprise, se leva en adressant un petit salut à Maeve et s’éloigna. Un léger bruit de pas le fit se retourner. Maeve l’avait rejoint et passait son bras mince sous le sien.
    — Allons, venez ! souffla-t-elle, mutine. Je joue mieux aux échecs que n’importe quel homme !
    Elle se serra contre lui.
    — Détendez-vous ! Ce n’était qu’une plaisanterie. Venez ! Allons respirer l’air de la nuit sur la tour !
    Corbett lui sourit en espérant qu’elle ne s’apercevrait pas que sa proximité lui faisait battre le coeur à tout rompre. Ils gravirent l’étroit escalier. Maeve s’appuyait sur son bras : il respira le parfum de la chevelure soyeuse et fine comme gaze qui lui chatouillait le visage. Il tira les verrous de la porte donnant sur le chemin de ronde et ils s’avancèrent jusqu’au toit du donjon. La nuit était tombée. Seule une rougeur à l’ouest marquait le coucher du soleil ; une forte brise soufflait de la mer tandis qu’au firmament les étoiles scintillaient comme des joyaux dans une pièce

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