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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tracassait davantage, en revanche, c’était la passion de Maeve, car, au cours de leurs promenades, leurs baisers se faisaient plus avides, plus exigeants. Corbett aurait voulu consommer leur amour et nourrissait l’espoir que Maeve l’inviterait dans sa chambre. Il n’y fit allusion qu’une fois, pour s’entendre vertement répondre qu’elle n’allait pas faire présent de sa vertu à un quelconque Anglais, mais Corbett pensait qu’en fait elle redoutait son départ. Cela faisait quatre semaines qu’il était à Neath, le roi Édouard devait commencer à s’impatienter, et, en outre, sa présence au château contribuait à aggraver la tension. Maeve le désirait, mais dissimulait ses sentiments sous un masque d’ironie douce-amère. Morgan, lui, semblait l’ignorer. Owen le traquait comme un chasseur tandis que Ranulf, rongé par l’ennui et effrayé par l’hostilité affichée du capitaine des gardes, suppliait son maître de fixer la date du retour à Londres.
    Corbett se demandait anxieusement si Morgan les laisserait partir sains et saufs, et si, dans ce cas, Owen et ses hommes obéiraient à ses instructions. Ce qui l’inquiétait encore plus, c’était la réaction prévisible du roi Édouard. Son envoyé n’avait recueilli que peu de renseignements à Neath et aucun élément nouveau, qui plus est. Morgan était fin prêt à se rebeller, mais il n’y avait pas de preuve, rien qui pût établir une relation entre lui et les Français ou le traître du Conseil d’Édouard. Bien sûr, Corbett n’avait pas manqué de questionner ici et là, aussi souvent que possible, mais il n’avait obtenu pour toute réponse que des regards vides. Il en était de même pour Maeve : elle ne se souvenait que du jour où Talbot avait quitté le château de Neath.
    — Une violente dispute avait éclaté entre Talbot et Owen, se rappela-t-elle. Talbot exigeait qu’on le laissât partir, car il était chargé de mission, et Owen se faisait tirer l’oreille.
    — Pourquoi ? demanda Corbett. Pourquoi Owen désirait-il le retenir ?
    — Je n’en sais rien, répondit Maeve avec irritation et en fronçant les sourcils comme chaque fois qu’elle était en colère. Tout ce que j’ai entendu, c’est Owen qui criait que Talbot avait été fouiner parmi les selles !
    — Mais cela n’a aucun sens ! Les selles ! Qu’ont-elles donc de si particulier, ces selles ?
    — Dieu seul le sait ! Mon oncle hurla à Owen de laisser partir Talbot, mais pas avant que l’on ne dépêche des messagers pour informer les guetteurs de l’arrivée de Talbot. Peu après son départ, Morgan a envoyé Owen et ses hommes à sa poursuite.
    Maeve haussa les épaules.
    — Qui se souciait de Talbot ? C’était un espion anglais. Personne ne l’a pleuré.
    Corbett eut envie de lui demander si elle croyait qu’il était lui aussi un espion anglais et surtout si quelqu’un, en particulier elle, le pleurerait s’il venait à mourir.

CHAPITRE XII
    John Balliol, roi d’Écosse par la grâce de Dieu et l’autorisation d’Édouard d’Angleterre, avait l’impression que les murs du château de Stirling suintaient sous la canicule du plein été. Des hordes de mouches, nées sur les tas de crottin puants de la cour, entraient par la fenêtre ouverte et tournoyaient au-dessus du vin et des reliefs du repas répandus sur la table. Balliol avait chaud sous son épais surcot brodé d’or ; il ne se souvenait pas avoir jamais souffert autant de la chaleur. Il était trempé de sueur et remarqua même qu’un ruisselet de crasse s’échappait de sa manche d’or effrangée. Il regardait avec dégoût les bribes de viande, les tranchoirs souillés et les énormes taches de bordeaux, s’efforçant de ne pas entendre le bavardage des évêques et des puissants du royaume.
    Le visage maigre sous ses cheveux blonds, il fixait de ses yeux de lapin les grosses gouttes de vin qui semblaient étinceler comme du sang et il se demandait s’il ne fallait pas y voir quelques présage ou avertissement. Après tout, il complotait contre son suzerain, le roi d’Angleterre ! Balliol était un homme qui avait, en général, peur de tout, même de son ombre, mais Édouard d’Angleterre le terrorisait tout particulièrement. Dieu seul savait quand ce redoutable chef de guerre lancerait ses armées vers le nord, quand les nuages de poussière soulevés par ses innombrables chariots d’intendance s’élèveraient au-dessus des routes

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