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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Terre, et le chasser de Normandie.
    Balliol s’était empressé de convoquer son Conseil à Stirling et avait surpris tout le monde en annonçant son intention de se libérer de la domination anglaise, de conclure une alliance avec la France et la Norvège et de renforcer cette alliance en épousant Jeanne de Valois, cousine de Philippe IV. Barons et évêques avaient tout d’abord été horrifiés, mais ils s’étaient ensuite vite réjouis de voir leur souverain agir en roi pour la première fois de son règne. Cela faisait des heures qu’ils débattaient sur la meilleure façon de procéder, et Balliol les observait avec délectation en savourant le sentiment, tout nouveau pour lui, de puissance et de majesté royales. Cependant, la terreur qu’il éprouvait en face d’Édouard le forçait à la prudence. Il regardait avec mépris ces représentants du pouvoir baronnial et ecclésiastique, si empressés à lui prodiguer conseils et avis. Des loups, pensa-t-il, des hommes impitoyables qui le déchireraient à belles dents s’il rencontrait un nouvel échec.
    Finalement, lassé du brouhaha et du désordre qui régnaient dans la grand-salle, il leva son hanap et l’abattit bruyamment sur la table. Mais il dut recommencer lorsqu’il constata avec agacement que personne n’y avait prêté attention et il cria pour avoir le silence et le calme. Les conseillers cessèrent leurs conversations peu à peu et se tournèrent vers lui.
    — Messeigneurs, dit Balliol en se rendant compte qu’il imitait presque le ton et les manières d’Édouard, messeigneurs, il nous faut prendre certaines décisions. Nous savons que le roi Édouard est affaibli par la présence d’un traître au sein de son Conseil et qu’il doit, à présent, affronter une coalition redoutable dont le chef est notre ami, Philippe de France. Il entre dans nos intentions de renoncer à prêter hommage à Édouard et de rechercher l’alliance avec les Français. Cela répond-il à vos voeux ?
    Un choeur assourdissant de « Oui » et de hurlements d’approbation accueillit ses paroles ; il salua en souriant, puis se laissa retomber sur son siège, indifférent aux discussions qui avaient repris au bas bout de la table. Ni lui ni ses conseillers ne remarquèrent le jeune écuyer qui sortit furtivement de la salle et franchit le vaste porche d’entrée et la cour pour se diriger vers la ville.
    Robert Ogilvie, écuyer à la cour d’Écosse, était un traître. Il avait appris certains faits et renseignements, par exemple le nom de l’espion au sein du Conseil d’Édouard, qui valaient leur pesant d’or auprès de l’émissaire anglais en poste à Stirling. Cet incapable de roi, Balliol, avait pratiquement révélé son identité, mais les autres, dans l’assistance, avaient été trop exaltés ou trop peu subtils pour comprendre. Mais pas Ogilvie qui rêvait de richesses et de pouvoir : le secret qu’il détenait l’exaucerait.
    Dans la chaleur de l’été, Ogilvie s’enfonça dans une rue étroite, qui puait le crottin dont elle était jonchée. Il vit un manchot en haillons chasser un corniaud glapissant et le spectacle de la misère d’autrui lui fit d’autant plus apprécier son bonheur. Il était jeune, en bonne santé et serait bientôt riche ! Il traversa en hâte la place du Marché, sourd aux cris des marchands ambulants et des colporteurs, chargés de leurs habituels colifichets et camelote clinquante. Puis il poussa la porte d’une taverne où régnaient fraîcheur et pénombre, car seules deux fenêtres grossières laissaient passer à flots les rayons du soleil. Au fond de la pièce l’attendait son interlocuteur anglais.
    « Bon, pensa l’écuyer, il n’est pas vraiment anglais. C’est plutôt un Gallois. » Ce dernier était venu ostensiblement pour affaires concernant le roi d’Angleterre, et était resté en espérant glaner tous les renseignements possibles. Ogilvie lui sourit en traversant la salle ; il avait des nouvelles qui allaient en boucher un coin à cet arrogant Gallois.
    Goronody Ap Rees était satisfait de revoir Ogilvie. Il avait été chargé d’espionner par le roi Édouard, et grâce à ce jeune coq écossais le jeu semblait en valoir la chandelle. Il commanda le meilleur vin de la taverne, et après qu’une souillon les eut servis, il en versa des généreuses rasades à l’Ecossais qui les vida d’un trait tandis que lui se contentait de siroter sa boisson. Il écouta attentivement

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