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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le bavardage de l’écuyer, séparant l’ivraie du bon grain, les ragots de la vérité, les faits des détails calomnieux dont Ogilvie semblait vouloir l’abreuver. Il sentait que l’écuyer avait une révélation à faire et comprit qu’il la ferait immanquablement au bout d’un certain temps et d’une certaine quantité de vin. Et en effet, Ogilvie, le teint coloré, fit enfin silence, but une longue rasade et reposa violemment son gobelet sur la table.
    — J’ai des renseignements, annonça-t-il haut et fort, mais cela va vous coûter cher.
    Ap Rees s’y attendait et opina. Alors l’Écossais se lança dans des révélations stupéfiantes. Ap Rees l’écouta en dissimulant sa surexcitation et lorsque Ogilvie eut fini, il prit sa bourse en cuir pleine d’espèces sonnantes et trébuchantes et la lui tendit par-dessus la table.
    — Tu l’as mérité, l’Écossais ! Tu l’as bien gagné ! s’écria-t-il avant de se lever et de quitter la taverne d’une démarche digne et silencieuse.
    Ogilvie fixa la bourse d’un air passablement éméché et la cacha sous son surcot avant de vider son verre et de partir.
    Deux hommes, au fond de la salle, avaient observé son manège et rompirent leur silence attentif après qu’il eut quitté la salle d’un pas mal assuré :
    — Crois-tu qu’Ogilvie lui ait dit ? demanda l’un.
    — Bien sûr, répondit l’autre. C’est pour cela qu’il lui a passé une bourse.
    — Et maintenant ?
    L’autre haussa les épaules.
    — L’émissaire d’Édouard a eu les renseignements qu’il voulait. Et Ogilvie ?
    Le premier homme adressa un sourire sinistre à son compagnon :
    — Il a rempli son rôle. Débrouille-toi pour le retrouver cette nuit et tranche-lui la gorge.

CHAPITRE XIII
    Six semaines déjà que Corbett résidait à Neath ! Il était aussi nerveux et désemparé qu’un chien tenu trop longtemps en laisse. Il n’avait rien découvert et ne voulait pas quitter Maeve, mais il se sentait de plus en plus pris au piège, car Lord Morgan – poliment mais fermement – déclinait toutes se requêtes pour retourner à Londres. Les journées traînaient tellement en longueur que le dénouement de sa situation difficile, aussi soudain que le sifflement d’une épée qu’on dégaine ou le vrombissement d’une flèche qu’on tire, le prit de court.
    Le premier mardi après la Saint-Jean, en effet, le château se mit à bourdonner d’activité. Dans la soirée, Corbett et Ranulf regagnèrent leur chambre et y trouvèrent Owen, vêtu de peaux d’agneau noires et perché comme un oiseau de mauvais augure sur l’étroit rebord d’une fenêtre.
    — J’apporte les ordres de Lord Morgan, leur lança-t-il haut et fort. Vous êtes confinés dans vos quartiers.
    — Jusqu’à quand ? demanda Corbett d’une voix excédée. La même chose s’est produite il y a quelques semaines. Lord Morgan a une étrange conception de l’hospitalité. Pourquoi nous traite-t-il de cette façon ? Que veut-il cacher ?
    Owen, souple comme un chat, sauta à bas de son perchoir et s’approcha si près que Corbett sentit son odeur aigre et vit les petites taches d’ambre dans ses yeux bridés.
    — Lord Morgan, reprit Owen, fait ce qu’il veut dans son château et sur ses terres, ne l’oubliez pas, Messire l’Anglais !
    Sur ce, il sortit en frôlant Corbett et dévala avec légèreté l’escalier à vis.
    Owen avait raison : Morgan agissait comme bon il l’entendait ! Corbett et Ranulf se retrouvèrent donc virtuellement prisonniers jusqu’au lundi suivant. Ce fut une expérience que ni l’un ni l’autre n’aurait voulu revivre : Corbett faisait les cent pas en apostrophant Ranulf ou restait étendu sur son lit de camp en fixant le plafond d’un oeil morne et en se demandant ce que manigançait Morgan, bien qu’il eût, à ce propos, sa petite idée.
    II savait aussi qu’en dépit de son amour pour Maeve, il lui faudrait s’en aller, bredouille. Le roi serait furieux, car il n’avait rien découvert pendant ses six semaines au pays de Galles. Ranulf s’efforça de lui remonter le moral en proposant de lui apprendre à jouer aux dés et à gagner en trichant, mais il en fut pour ses frais. On leur apportait leurs repas. Maeve leur rendit visite, mais, en raison de la présence de Ranulf, elle ne put pleinement partager avec Corbett la joie de leurs retrouvailles, et leur rencontre se borna aux questions de Corbett et aux réponses évasives

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