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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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et aux nombreux recoins, de Johannesburg, dans laquelle j ’ avais passé quelques nuits en 1952, pendant la Campagne de défi. Un certain nombre de mes amis étaient déjà là car on les avait arrêtés et internés avant moi, plus tôt le matin. Au cours des heures suivantes, on a continué à amener d ’ autres camarades. Le gouvernement préparait depuis longtemps cette rafle. Quelqu ’ un a apporté en fraude un exemplaire de The Star et les gros titres nous ont appris que l ’ opération avait eu lieu dans tout le pays, qu ’ on avait arrêté les principaux responsables de l ’ Alliance des congrès –   le chef Luthuli, Monty Naicker, Reggie September, Lilian Ngoyi, Piet Beyleveld  – et qu ’ on les accusait de haute trahison et de prétendue conspiration dans le but de renverser le gouvernement. On les ramenait à Johannesburg par avions militaires. Cent quarante-quatre personnes avaient été arrêtées. Le lendemain, nous avons comparu devant le tribunal et nous avons été formellement inculpés. Une semaine plus tard, Walter Sisulu et 11 autres personnes ont été arrêtés à leur tour, ce qui portait le total à 156. Il y avait 105 Africains, 21 Indiens, 23 Blancs et 7 métis. Presque toute la direction nationale de l ’ ANC –   ceux qui étaient sous le coup d ’ une interdiction et les autres  – se trouvait dans le groupe. Le gouvernement avait enfin bougé.
     
    On nous a bientôt transférés au Fort, la prison de Johannesburg, un bâtiment sinistre en forme de château, construit au centre de la ville. Pour l ’ admission, on nous a conduits dans une cour carrée et on nous a ordonné de nous déshabiller entièrement puis de nous aligner contre le mur. Nous avons dû rester là pendant plus d ’ une heure, à frissonner dans le vent  – des prêtres, des professeurs, des médecins, des avocats, des commerçants, des hommes âgés qu ’ on traitait d ’ habitude avec déférence et respect. Malgré ma colère, je n ’ ai pas pu m ’ empêcher de rire quand j ’ ai observé ceux qui m ’ entouraient. Pour la première fois, la formule « l ’ habit ne fait pas le moine   » m ’ est apparue complètement fausse. Si un beau corps et un physique impressionnant avaient été essentiels pour devenir un leader, j ’ en voyais peu qui auraient eu les qualités requises.
    Finalement, un médecin blanc est arrivé et nous a demandé si certains d ’ entre nous étaient malades. Personne ne s ’ est plaint d ’ aucun trouble. On nous a ordonné de nous rhabiller puis on nous a escortés dans deux grandes cellules vides, au sol de ciment. On les avait repeintes récemment et l ’ odeur était épouvantable. On nous a donné à chacun trois couvertures très minces et une natte de sisal. Il n ’ y avait qu ’ une latrine au niveau du sol, complètement exposée. On dit qu ’ on ne connaît jamais un pays tant qu ’ on n ’ est pas allé dans ses prisons. On ne devrait pas juger une nation sur la façon dont elle traite ses citoyens les plus riches mais sur son attitude vis-à-vis de ses citoyens les plus pauvres –   et l ’ Afrique du Sud traitait ses citoyens africains emprisonnés comme des animaux.
     
    Nous sommes restés au Fort pendant quinze jours et, malgré les épreuves, nous avons gardé un excellent moral. On nous a permis d ’ avoir des journaux et nous avons pu y lire avec reconnaissance que notre arrestation soulevait des vagues d ’ indignation. Des meetings et des manifestations avaient lieu dans toute l ’ Afrique du Sud   ; les gens portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire   : « Nous sommes avec nos chefs. » Des protestations s ’ élevaient dans le monde entier.
    Notre cellule collective est devenue une sorte de congrès des combattants de la liberté. Beaucoup d ’ entre nous en effet vivaient sous de sévères restrictions et le fait de rencontrer les autres était pour eux illégal. Or, voilà que notre ennemi commun venait de nous rassembler sous le même toit pour ce qui est devenu la plus large et la plus longue réunion non interdite de l ’ Alliance des congrès pendant des années. De jeunes responsables rencontraient leurs anciens dont ils n ’ avaient lu que les textes. Des hommes du Natal se mêlaient aux responsables du Transvaal. Pendant quinze jours, dans l ’ attente du procès, nous avons profité de l ’ occasion pour échanger des idées et des expériences.
    Chaque jour, nous définissions un

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