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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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jeu. J’ai refusé de me retourner. Le jeune Kleynhans s’est avancé avec l’intention évidente de me frapper mais, quand il a été à quelques pas de moi, son frère s’est précipité, l’a saisi par le bras, lui a murmuré quelques mots et l’incident a été clos.
    Un jour, nous avons reçu la visite du directeur de la prison   ; il avait la responsabilité de tout Robben Island et il venait entendre nos doléances. Il s’appelait Theron, c’était un type revêche qui n’aimait pas traiter directement avec les prisonniers. Je ne voulais pas l’irriter mais je n’allais pas m’aplatir devant lui. « Nous vous sommes très reconnaissants d’être venus nous voir, lui ai-je dit en parlant au nom du groupe, parce que nous avons un certain nombre de problèmes que, j’en suis sûr, vous aurez à cœur de résoudre. » J’ai énuméré les problèmes en question et, quand j’ai eu fini, il a dit   : « Je vais voir ce que je peux faire. »
    Peut-être pensait-il avoir été trop aimable parce que, avant de sortir, il s ’ est tourné vers Tefu, qui avait un gros ventre, et lui a dit   : «  Jou groot pens sal in die plek verbruin. » (Vous allez perdre votre gros ventre en prison.) Pens veut dire ventre ou estomac, mais on ne l ’ emploie que pour les moutons ou les vaches. Pour un homme, le mot qui convient est maag.
    Steve n’a pas apprécié la remarque du directeur de la prison et il a été incapable de laisser l’insulte sans réponse   : « Vous savez, mon capitaine, a-t-il dit, vous ne pouvez rien dire qui me touche vraiment parce que j’appartiens à l’organisation politique la plus révolutionnaire du monde, le Parti communiste, qui a un très bel état de service dans la défense des opprimés tout autour de la terre. Vous et votre pauvre Parti national, on vous jettera dans les poubelles de l’histoire quand nous dirigerons le monde. On me connaît plus sur le plan international que votre stupide président. Qui êtes-vous   ? Un petit fonctionnaire qui ne vaut même pas la peine qu’on s’intéresse à lui. Quand je quitterai la prison, je ne connaîtrai même pas votre nom. » Theron a tourné les talons et est sorti.
     
    Les visites nocturnes de notre gardien métis jouaient un grand rôle pour adoucir la dureté des conditions de vie sur l’île. Mais malgré ces petits luxes, Steve n’était pas content. C’était un gros fumeur   ; parfois il fumait toute la nuit et ne gardait pas de tabac pour le lendemain. Gaetsewe, lui, ménageait son tabac, et n’en manquait jamais. Un soir, alors qu’il était particulièrement de mauvaise humeur, Tefu m’a agressé. « Nelson, m’a-t-il dit, tu me voles. Tu donnes plus de tabac à Gaetsewe qu’à moi. »
    Ce n’était pas vrai mais j’ai pensé que je pouvais jouer un petit jeu avec lui. Je lui ai dit   : « Très bien. Chaque nuit, quand j’aurai le tabac, je le diviserai d’abord en deux et tu choisiras la part que tu veux. » Cette nuit-là et les nuits suivantes, j’ai partagé le tabac en deux tas égaux et j’ai dit à Steve   : « Choisis. »
    Il se retrouvait en proie aux affres de l’indécision. Son regard allait d’un tas à l’autre. Finalement, en désespoir de cause, il en prenait un et se mettait à fumer. Cette façon de faire me semblait tout à fait juste –   et aussi assez drôle  – mais Tefu était toujours mécontent. Quand le gardien arrivait à la fenêtre, il rôdait autour de moi pour vérifier que je ne cachais pas de tabac. Cela mettait le gardien mal à l’aise. « Ecoute, m’a-t-il dit, je ne traite qu’avec toi. C’est une question de sécurité. » Je lui ai répondu que je comprenais et j’ai demandé à Tefu de ne pas rester là quand je parlais avec le gardien.
    Mais la nuit suivante, Tefu s’est avancé vers les barreaux et a dit au gardien   : « A partir de maintenant, je veux mon tabac. Donne-le-moi directement. » Le gardien a pris peur. « Mandela, a-t-il dit, tu as rompu notre accord. C’est fini. Je ne t’apporterai plus rien. » J’ai demandé à Tefu de s’éloigner et j’ai sermonné le gardien. « Ecoute, c’est un vieux copain. Et il n’est pas très normal. Fais une exception. » Alors, il s’est adouci et m’a donné le tabac et les sandwiches, mais il m’a averti que si ça se reproduisait, ce serait fini.
    Cette nuit-là, j’ai pensé qu’il était nécessaire de punir Tefu. Je lui ai dit   : « On a failli

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