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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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murs avaient au moins 60 centimètres d’épaisseur. A l’extérieur de chaque cellule, il y avait un carton blanc avec le nom du détenu et son numéro de prisonnier. Sur mon carton, on pouvait lire « N. Mandela 466/64   », ce qui voulait dire que j’étais le 466e prisonnier arrivé sur l’île en 1964. J’avais quarante-six ans, j’étais condamné à la prison à vie et je vivrais dans ce petit espace pendant je ne savais combien de temps.
     
    Un certain nombre de prisonniers nous ont bientôt rejoints. Ils avaient été détenus dans la section générale, un bâtiment de brique assez bas, peu éloigné de la section B. La prison générale, qu’on appelait sections F et G, abritait un millier de prisonniers la plupart de droit commun. Un quart d’entre eux étaient des politiques et c’est quelques-uns choisis parmi ces derniers qui nous ont rejoints en section B. Nous étions isolés des autres prisonniers pour deux raisons   : on nous considérait comme dangereux sur le plan de la sécurité mais encore plus sur le plan politique. Les autorités craignaient que nos idées ne « contaminent   » les autres prisonniers.
    Parmi ceux qui nous ont rejoints, il y avait George Peake, un des fondateurs de la SACPO (South African Coloured People’s Organization, Organisation des métis d’Afrique du Sud), accusé au procès de trahison et membre récent du Conseil municipal du Cap. On l’avait condamné pour avoir posé des bombes devant une prison du Cap. Dennis Brutus, un autre militant métis, poète et écrivain de Port Elizabeth, avait été emprisonné pour avoir violé son ordre d’interdiction. Il y avait également Billy Nair, qui avait appartenu au Congrès indien du Natal, condamné pour sabotage comme membre de MK.
    En quelques jours nous eûmes un peu plus de compagnie, y compris Neville Alexander, un intellectuel métis de premier plan, membre du Mouvement de l’unité non européenne, qui avait formé un minuscule groupe extrémiste au Cap, le Yu Chi Chan Club, qui étudiait les possibilités de la guerre de guérilla. Neville avait une licence de l’université du Cap et un doctorat de littérature allemande de l’université de Tübingen en Allemagne. Avec lui se trouvaient Fikile Bam, un étudiant en droit de l’université du Cap et membre du Yu Chi Chan Club, et Zephania Mothopeng, membre de la direction nationale du PAC. Zeph avait été instituteur à Orlando où il avait violemment combattu l’éducation bantoue   ; c’était un des principaux responsables du PAC. Trois vieux paysans du Transkei, condamnés pour avoir voulu assassiner K.D. Matanzima, maintenant Premier ministre du Transkei « autonome   », étaient aussi emprisonnés avec nous.
    Cela forma un groupe central d’une vingtaine de prisonniers. J’en connaissais certains, j’avais entendu parler de certains autres et il y en avait que je ne connaissais pas du tout. Normalement, en prison, un des rares moments agréables, c’est de voir de vieux amis et de nouveaux visages, mais l’atmosphère de ces premières semaines nous sembla si oppressante que nous ne fûmes même pas capables de nous saluer. Il y avait autant de gardes que de prisonniers, et ils renforçaient les règlements par la menace et l’intimidation.
     
    Pendant la première semaine, nous avons commencé le travail qui allait nous occuper pendant les mois suivants. Chaque matin, un camion déposait un chargement de pierres près de la porte d’entrée, chacune de la taille d’un ballon. Avec des brouettes, nous les transportions jusqu’au centre de la cour. On nous donnait un marteau de deux ou de sept kilos. Notre travail consistait à casser les pierres pour en faire du gravier. Nous étions assis sur le sol, les jambes croisées, répartis en quatre rangées à environ 1,50 mètre l’une de l’autre. On nous donnait un cercle épais en caoutchouc de pneu pour y poser les pierres. Il était censé en arrêter les éclats mais ne servait pas à grand-chose. Nous portions des masques de fortune en fil de fer pour nous protéger les yeux.
    Les gardiens marchaient parmi nous pour imposer le silence. Pendant les premières semaines, des gardiens d’autres sections et même d’autres prisons venaient nous voir comme si nous avions été des animaux rares mis en cage. Le travail était pénible et difficile   ; il ne demandait pas suffisamment d’activité pour nous réchauffer mais assez pour que nous ayons des

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