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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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’ ANC qui luttait pour l ’ indépendance de la Namibie, furent mis en isolement. Ils avaient à leur tête Andimba Toivo Ja Toivo, un des fondateurs de la SWAPO et un extraordinaire combattant de la liberté. Ayant appris qu ’ ils avaient commencé une grève de la faim pour protester contre l ’ isolement, nous avons immédiatement décidé de nous joindre à eux. Cela mit Badenhorst hors de lui car, comme les autorités, il considérait qu ’ il s ’ agissait d ’ une insubordination intolérable.
    Dans la nuit du 28 mai, nous avons été réveillés par des cris et des coups violents frappés contre la porte de nos cellules. « Debout   ! Debout   ! » hurlaient les gardiens. On nous a donné l’ordre de nous déshabiller et de nous aligner le long du mur de la cour. Les gardiens étaient saouls et criaient en se moquant de nous. Ils avaient à leur tête un type sadique du nom de Fourie qu’entre nous nous appelions Gangster.
    Il faisait très froid et pendant une heure nous sommes restés nus et au garde-à-vous, à grelotter, tandis qu’on fouillait nos cellules une par une. Les gardiens ne cessaient de nous injurier. Au bout d’une heure, Govan eut de violentes douleurs dans la poitrine et s’évanouit. Fourie prit peur et nous donna l’ordre de rentrer.
    Les gardiens passèrent nos cellules au peigne fin sans rien trouver. Mais la fouille ne semblait qu’une excuse pour les instincts sadiques de Fourie. Plus tard, nous apprîmes qu’il avait molesté des prisonniers dans la section générale. Le lendemain, nous avons découvert que les gardiens y avaient sauvagement frappé quelques détenus avant de venir nous voir et qu’ensuite ils avaient tabassé Toivo Ja Toivo, qui s’était défendu et avait assommé le gardien qui le frappait. Toivo fut sévèrement puni.
    Nous avons adressé une plainte officielle, qui fut ignorée. Je me souviens bien de cet incident, mais il ne fut pas unique   ; sous le commandement de Badenhorst, ce genre de chose était la règle.
     
    Nous étions résolus à ce que les conditions ne se détériorent pas plus. Nous avons fait passer des messages aux nôtres à l’extérieur pour qu’ils réclament le renvoi de Badenhorst. En même temps, nous avons décidé de former une délégation qui irait le voir. Nous en avons parlé pendant des mois et nous l’avons constituée petit à petit   ; Walter et moi, nous en faisions partie pour l’ANC, et tous les autres partis étaient représentés.
    Badenhorst a accepté de nous recevoir et nous l’avons menacé d’arrêt de travail, de grèves de lenteur et de grèves de la faim –   les armes à notre disposition  – s’il ne changeait pas de méthodes et s’il ne rétablissait pas la plupart des privilèges qu’il nous avait supprimés. Il nous a simplement répondu qu’il allait réfléchir à nos revendications. Nous avons considéré cette confrontation comme une victoire, car il se méfiait de nous et savait que nous avions alerté des gens à l’extérieur. Ces efforts produisirent rapidement des effets.
    Quelques semaines plus tard, nous avons su qu’une importante visite était imminente parce que, quand il plut ce jour-là à la carrière, on nous autorisa à nous mettre à l’abri au lieu de continuer à travailler. Le lendemain, on nous informa qu’une troïka de juges allait venir sur l’île. Les autorités nous demandèrent de désigner un porte-parole pour exprimer nos doléances, et l’on me choisit.
    Alors que je préparais ma rencontre avec les juges, j’appris par une source sûre qu’un prisonnier de la section générale venait d’être brutalement frappé par un gardien. Les trois magistrats étaient les juges Jan Steyn, M.E. Theron et Michael Corbett de la division provinciale de la Cour suprême. Ils étaient accompagnés du commissaire des prisons, le général Steyn et du colonel Badenhorst. Je les ai rencontrés le jour même, là où nous travaillions.
    Le général Steyn me présenta aux juges et leur expliqua que j’avais été désigné pour représenter les autres prisonniers. Les juges dirent alors que, bien sûr, ils s’entretiendraient avec moi en privé. Je répondis que je n’avais rien à cacher et qu’en fait la présence du général et celle du colonel étaient bienvenues. J’ai vu qu’ils étaient surpris par ce que je venais de dire et j’ai ajouté qu’il serait normal qu’ils aient l’occasion de répondre à mes accusations. Les

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