Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
répondit sur un ton
défensif : « La vieille garde ne veut pas entendre parler d’un autre
candidat. Le cadavre d’oncle Anthony n’était pas encore froid qu’elle s’était
déjà rangée derrière Carlus.
    — Hmm. Et les jeunes ?
    — Ils souhaiteraient que je me présente, naturellement.
    Bien que j’aie été débouté l’autre jour, ils ont apprécié de
me voir tenir tête à Anthony à propos du Livre de Timothée . Mais je n’en
ai reparlé avec personne.
    — Qui d’autre brigue cette position ?
    — Frère Thomas, mais ce n’est pas un rival trop
dangereux.
    Certains lui reprochent d’avoir tué des gens du temps où il
était chevalier. Il reconnaît d’ailleurs lui-même. C’est un homme capable, il
effectue son travail avec une efficacité discrète et il n’intimide jamais les
novices...»
    Pétronille resta pensive. L’appréhension de Godwyn
commençait à se dissiper. Visiblement, sa mère n’avait pas l’intention de lui
reprocher son inaction. « D’où vient-il ? voulut-elle savoir.
Pourquoi est-il devenu moine ?
    — Il prétend avoir toujours souhaité mener une vie
sainte. Il aurait soi-disant décidé de ne plus repartir d’ici le jour où il est
venu se faire soigner d’un méchant coup d’épée.
    — Je me rappelle... Cette histoire remonte bien à dix
ans. Je n’ai jamais su comment il avait reçu cette blessure.
    — Moi non plus. Il n’aime pas parler de ses violences
passées.
    — Qui a payé son admission au prieuré ?
    — Curieusement, je ne le sais pas », répondit
Godwyn. Par devers lui, il s’émerveilla du don de sa mère pour poser les
questions justes. Elle était tyrannique, sans aucun doute, mais il ne pouvait
s’empêcher de l’admirer. « Il est possible que ce soit l’évêque Richard,
reprit-il. Je l’entends encore, promettant de remettre l’offrande habituelle.
Toutefois, il n’a pu engager des fonds personnels car il n’était que simple
prêtre à l’époque.
    Peut-être parlait-il au nom de son père ?
    — Découvre ce qu’il en est. »
    Godwyn marqua une hésitation. Il ne pouvait consulter les
chartes enfermées à la bibliothèque sans s’adresser au bibliothécaire. Frère
Augustin ne se permettrait pas de l’interroger sur ses motifs, lui, le
sacristain, mais quelqu’un d’autre n’y manquerait pas. Il devrait alors avoir
une excuse toute prête. Par ailleurs, si l’offrande avait consisté non pas en
terres ou d’autres possessions, mais en argent sonnant – ce qui était rare –,
il lui faudrait examiner les livres de comptes du monastère...
    « Un problème ? s’enquit Pétronille.
    — Non. Vous avez raison, c’est forcément inscrit
quelque part », dit-il gentiment, sachant que le ton agressif et
dominateur de sa mère était le signe de son amour et qu’elle ne connaissait
probablement pas d’autre façon d’exprimer son affection. Il reprit après une
pause : « En y repensant...
    — Quoi ?
    — Je ne me rappelle pas qu’il ait été fait mention publiquement
de l’offrande versée au prieuré pour l’admission de ce Thomas Langley. C’est
étrange car, d’habitude, les dons sont annoncés à grand renfort de trompette.
Le prieur en fait état pendant la messe et il appelle les bénédictions du ciel
sur la tête du donateur. Dans son sermon, il n’oublie jamais de préciser que
ceux qui donnent des terres au prieuré se voient récompensés au ciel.
    — Raison de plus pour retrouver la trace de cette
donation.
    Je pense que ce Thomas a un secret. Et un secret, c’est toujours
un défaut dans la cuirasse.
    — Je vais m’y employer. À votre avis, que devrais je
dire aux moines qui veulent que je me présente à l’élection ? »
    Pétronille eut un sourire rusé. « Je crois que tu
devrais leur dire que tu n’as pas l’intention de briguer la position de
prieur. »
    *
    Le petit déjeuner était achevé lorsque Godwyn quitta sa
mère. Selon une règle établie de longue date, les retardataires restaient le
ventre creux. Toutefois, frère Reynard, le cuisinier, avait toujours quelque
chose à grignoter pour les moines qu’il aimait bien. Godwyn se rendit donc à la
cuisine. Là, on lui remit une tranche de fromage et un quignon de pain, qu’il
mangea debout au milieu des domestiques affairés qui rapportaient du réfectoire
les bols du petit déjeuner et nettoyaient la marmite en fer utilisée pour
préparer le gruau.
    Tout en mangeant, il

Weitere Kostenlose Bücher