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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pis, se dit-elle, du moment que
Wulfric continuait à l’ignorer !
    Soudain, Nathan parut prendre une décision. S’étant levé, il
tendit sa triste carcasse par-dessus la table pour s’entretenir discrètement
avec Ralph. Gwenda ne put entendre ce qu’il lui disait.
    « Vraiment ? Et combien ? » s’enquit
Ralph d’une voix audible. Nathan se retourna vers Perkin et lui murmura quelques
mots.
    Gwenda n’y tint plus. « Que signifient toutes ces
messes basses ? »
    Perkin donnait déjà son accord à contrecœur. « Bon...
    — Bon quoi ? lança Gwenda craintivement.
    — Le double ? » insistait Nathan.
    Perkin hocha la tête.
    Les craintes de Gwenda allèrent s’amplifiant.
    Nathan annonça à haute voix : « Perkin propose de
verser le double du montant du heriot, ce qui ferait cinq livres.
    — Évidemment, cela fait une différence, laissa tomber
Ralph.
    — Mon Dieu ! » gémit Gwenda.
    Wulfric prit la parole pour la première fois. « Le
heriot est fixé par la coutume et enregistré dans les manuscrits du manoir,
énonça-t-il lentement de sa voix qui n’était pas encore tout à fait celle d’un
homme. Il n’est pas sujet à négociation. »
    Nathan s’empressa de déclarer : « Le heriot peut
évoluer. Il n’est pas porté au livre des coutumes.
    — Vous êtes avocats, tous les deux ? intervint
Ralph. Si ce n’est pas le cas, fermez-la ! Le heriot est de deux livres et
dix shillings. Les sommes échangées en sus ne nous concernent pas. »
    Comprenant que Ralph était sur le point de renoncer à son
engagement, Gwenda déclara d’une voix étouffée mais parfaitement audible :
« Vous m’aviez fait une promesse...
    — Une promesse ? Et pourquoi l’aurais je
faite ? » rétorqua Ralph.
    Elle était bien en peine de répondre. Elle ne put
qu’expliquer sur un ton qui n’avait plus rien d’accusateur : « Parce
que je vous avais supplié.
    — Je t’ai dit que j’y réfléchirais. Je ne t’ai rien
promis. »
    Hélas, il n’était pas en son pouvoir d’obliger un seigneur à
tenir parole, et cette amère découverte l’enrageait. Si elle l’avait pu, elle
l’aurait tué. « Si, vous me l’avez promis !
    — Les seigneurs passeraient affaire avec des paysans
maintenant ! »
    Elle le regarda intensément, à court de réponse. Sa longue
marche jusqu’à Kingsbridge, l’humiliation de se montrer nue devant Ralph et
Alan, l’acte honteux accompli avec Ralph, tout cela n’avait servi à rien. Elle
avait trahi Wulfric et il n’hériterait pas de ses terres. Elle pointa le doigt
sur Ralph. « Que Dieu vous jette en enfer, Ralph Fitzgerald ! »
    Il pâlit. Une malédiction lancée par une femme victime d’une
injustice était censée posséder un grand pouvoir. Ralph riposta :
« Fais attention à ce que tu dis. Il existe des punitions pour les
sorcières. »
    Gwenda battit en retraite. Accuser quelqu’un de sorcellerie
était aussi facile qu’il était difficile à la personne incriminée de se laver
du soupçon. Aucune femme ne prenait semblable menace à la légère. Mais Gwenda
ne put résister à la tentation. « Qui échappe à la justice dans cette vie
la trouvera dans l’autre. »
    Ralph n’y prêta pas attention. Se tournant vers Perkin, il
demanda : « Où est l’argent ? »
    Perkin n’était pas devenu riche en racontant à tout le monde
où il cachait ses sous. « Je vais le chercher de ce pas, seigneur.
    — C’est bon, Gwenda, dit Wulfric. Ce n’est pas ici que
l’on aura pitié de nous ! »
    Gwenda tentait de retenir ses larmes. Sa colère avait cédé
la place au chagrin. Ils avaient perdu la bataille malgré tous leurs efforts.
Elle tourna les talons et partit, tête baissée pour ne pas laisser voir son
émotion.
    « Hé, Wulfric, lança Perkin. Tu as besoin d’un travail
et moi de bras solides. Travaille pour moi. Je te paierai un penny par
jour. »
    Wulfric sursauta sous l’affront de se voir offrir un emploi
de journalier sur des terres qui avaient été celles de sa famille.
    « Toi aussi, Gwenda, continuait Perkin. Tu es jeune et
le travail ne te fait pas peur. »
    À l’évidence, il ne disait pas cela par méchanceté,
comprit-elle. Il cherchait seulement son intérêt. Maintenant qu’il avait
presque doublé son patrimoine, deux bons travailleurs n’étaient pas de trop.
Que sa proposition puisse paraître à Wulfric comme l’humiliation suprême, il ne
s’en souciait pas.

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