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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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et
éclata en mille morceaux.
    « Mais que faites-vous, par Dieu ? s’écria Caris.
    — Désormais, nous devons moudre le grain au moulin à
eau du prieuré et leur remettre gratuitement un sac sur vingt quatre »,
expliqua Marc sur un ton soumis.
    Caris fut horrifiée. « Je croyais que ces nouvelles
règles s’appliquaient aux gens qui n’avaient pas de licence pour leur moulin à
vent ou à eau.
    — Demain, je dois faire le tour de la ville avec John
le Sergent et fouiller les maisons à la recherche des moulins à bras
dissimulés. Comment le faire si je n’ai pas détruit le mien auparavant ? C’est
pourquoi je le détruis dehors, pour que tout le monde me voie.
    — Godwyn s’ingénie à arracher le pain de la bouche aux
pauvres gens ! s’énerva Caris d’une voix sombre. Je ne l’avais pas
compris.
    — Heureusement que nous avons eu une commande de
tissage, grâce à vous.
    — A propos, tout marche bien ? demanda Caris,
reportant son intérêt sur ses propres affaires.
    — C’est fini.
    — Vous avez fait vite !
    — En hiver, ça me prend plus longtemps. L’été, quand on
a dans les seize heures de jour, avec l’aide de ma femme, je peux tisser quatre
aunes et demie dans la journée.
    — C’est merveilleux !
    — Entrez, je vais vous montrer. »
    Madge, l’épouse de Marc, se tenait près de l’âtre dans le
fond de l’unique pièce que comptait leur maisonnette. Un petit garçon intimidé
s’accrochait à ses jupes, elle en avait un autre sur un bras. De forte
constitution, mais plus petite que son mari d’une bonne tête, elle ressemblait
à un pigeon dodu avec sa forte poitrine et son postérieur en saillie. Sa
mâchoire protubérante lui donnait un air agressif qui n’était pas entièrement
fallacieux. Mais si elle était combative, elle avait aussi le cœur sur la main
et Caris l’aimait bien. Elle offrit à sa visiteuse une tasse de cidre que
celle-ci refusa par discrétion.
    Monté sur son socle, le métier à tisser occupait la majeure
partie de l’espace à l’avant de la maison. Derrière, près de la porte donnant
sur le jardinet, il y avait une table et deux bancs. La nuit venue, la famille
devait étendre tant bien que mal ses paillasses autour de ce grand cadre de
bois pour dormir.
    « Les panneaux que je tisse sur ce métier ne sont pas
très larges, expliqua Marc. On dit des « douzaines étroites » parce
qu’ils font douze yards de long sur un seul de large. Je ne tisse pas le drap.
Je n’ai pas l’espace nécessaire pour un métier de cette taille. D’un sac de
laine, je tire quatre douzaines », ajouta-t-il en désignant des rouleaux
de bure écrue empilés contre le mur.
    Caris lui avait apporté la laine vierge dans un sac de
taille courante. Madge l’avait fait nettoyer, assortir et filer. C’étaient de
pauvres femmes de la ville qui se chargeaient de ces tâches, aidées de leurs
enfants.
    Emplie d’excitation, Caris s’approcha du tissu pour le
toucher. La première étape de son plan était accomplie. « Pourquoi le
tissage est-il aussi lâche ? » s’étonna-t-elle.
    Marc se raidit. « Lâche, ma bure ? C’est la plus
serrée de tout Kingsbridge !
    — Je sais. Je ne disais pas ça pour vous critiquer,
mais parce que le tissu italien a un toucher très différent. Pourtant ils
emploient nos laines.
    — Ça dépend en partie du tisserand. S’il appuie fort
sur la latte quand il rabat la laine.
    — Je doute que tous les tisserands italiens aient plus
de force que vous !
    — Alors, c’est leurs métiers. Avec un meilleur cadre,
le tissage est plus rapproché.
    — C’est bien ce que je craignais. »
    Elle entendait par là qu’elle ne pourrait pas concurrencer
les lainages italiens de qualité supérieure, à moins d’acheter des métiers
italiens, ce qui était hors de question. Réglons un problème après
l’autre ! se dit-elle. Elle paya son dû à Marc : quatre shillings,
desquels il devrait soustraire la moitié pour payer les femmes qui avaient filé
la laine. Pour sa part, elle n’avait fait en théorie qu’un bénéfice de huit
shillings. Huit shillings ne paieraient pas une grande partie du pont. En
outre, à ce rythme-là, il faudrait des années pour tisser toute la marchandise
de son père. « N’y aurait-il pas un moyen de produire le tissu plus
rapidement ? » demanda-t-elle à Marc.
    Ce fut Madge qui répondit. « Il y a d’autres tisserands
en ville, mais la plupart sont

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