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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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déjà retenus par les marchands de tissu. Je peux
vous en trouver en dehors de la ville. Les gros bourgs ont souvent un tisserand
qui possède un métier chez lui.
    Ils fabriquent surtout du tissu pour les villageois à partir
de leur propre laine, mais ils peuvent sûrement prendre une commande, si la
paye est bonne. »
    Caris dissimula son inquiétude. « Eh bien, dit-elle, je
vous ferai savoir si j’ai besoin d’eux. En attendant, pouvez-vous livrer ces
rouleaux chez Pierre le Teinturier ?
    — Bien sûr. Je m’en occupe tout de suite. »
    Caris rentra chez elle pour le dîner, assez préoccupée. Pour
que cette entreprise en vaille la peine, il faudrait dépenser presque tout
l’argent dont son père disposait. Si les choses tournaient mal, leur situation
serait pire encore. Y avait-il une autre solution ? Ce projet présentait
de gros risques, certes, mais il n’y avait guère de solution : ou bien on
l’adoptait, ou bien on restait les bras croisés, comme les autres marchands.
    Pétronille était en train de servir un ragoût de mouton
quand elle arriva à la maison. Edmond occupait sa place à table, sombre et
pensif. Visiblement, ses revers financiers l’affectaient gravement. Il n’y
avait plus trace de son exubérance habituelle. Caris se faisait du souci pour
lui. Il était souvent distrait, aussi. « Je suis tombée sur Marc le
Tisserand en train de détruire son moulin à bras, dit-elle en prenant place.
Qu’est-ce que ça signifie, encore ?
    — Godwyn est entièrement dans son droit ! réagit
Pétronille, montant aussitôt sur ses ergots.
    — Des droits qui n’ont plus cours depuis des années.
Quel autre prieuré oserait agir de la sorte ?
    — Saint-Albans ! riposta Pétronille sur un ton de
triomphe.
    — J’en ai entendu parler, de ce monastère. Les
habitants de la ville se révoltent à longueur de temps.
    — Le prieuré de Kingsbridge a tout à fait le droit de
récupérer l’argent qu’il a dépensé pour bâtir des moulins, insista Pétronille.
Que dirais-tu, Edmond, si quelqu’un s’avisait de construire un deuxième pont
juste à côté du tien, alors que tu veux récupérer les fonds que tu y as
investis ? »
    Comme son père ne répondait pas, Caris prit la parole :
« Tout dépend de la date. Le prieuré a bâti les moulins il y a des
centaines d’années, en même temps qu’ont été creusés les étangs à poissons et
qu’ont été aménagées des réserves pour les lapins de garenne. Personne n’a le
droit de prendre des mesures qui vont à l’encontre du développement de la
ville.
    — Le prieur est habilité à collecter les sommes qui lui
sont dues ! déclara la tante avec obstination.
    — S’il continue sur cette voie, il n’aura plus personne
auprès de qui collecter quoi que ce soit. Les gens partiront vivre à Shiring,
où ils peuvent posséder des moulins à bras.
    — Ne comprends-tu pas que les besoins du prieuré sont
sacrés ? lança Pétronille avec colère. Les moines servent le Seigneur. En
comparaison, la vie des citadins est insignifiante.
    — C’est ainsi que pense Godwyn ?
    — Évidemment.
    — C’est bien ce que je craignais.
    — Parce que la tâche du prieur n’est pas sacrée, à ton
avis ? »
    Ne sachant que répondre, Caris se contenta de hausser les
épaules, laissant Pétronille savourer sa victoire.
    Elle était trop énervée pour manger grand-chose de ce
délicieux repas. À peine fut-il achevé qu’elle déclara : « Je dois
aller voir Pierre le Teinturier.
    — Tu vas encore faire des dépenses ? protesta
Pétronille. Tu as déjà donné quatre shillings à Marc le Tisserand.
    — Oui. Et le tissu vaut maintenant douze shillings de
plus que la laine, ce qui fait que j’ai gagné huit shillings.
    — Non. Tu les auras gagnés quand tu auras vendu le
tissu. »
    Pétronille exprimait tout haut les doutes qui agitaient la
jeune fille dans ses moments les plus sombres. Mais sa tante l’avait piquée au
vif et elle réagit promptement. « Je le vendrai, et même encore plus cher
s’il est teint en rouge !
    — Et combien Peter te prendra pour teindre et fouler
quatre douzaines étroites ?
    — Vingt shillings, mais la bure rouge vaudra deux fois
plus cher que l’écrue, ce qui nous fera vingt-huit shillings de plus.
    — À condition de la vendre ! Et si elle te reste
sur les bras ?
    — Je la vendrai.
    — Laisse-la faire, intervint son père, s’adressant

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