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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les cadavres n’étaient pas visibles de la route. Le sang répandu sur la
chaussée prenait déjà la couleur de la boue.
    Arrachant un bout de tissu à la robe de la femme, Ralph le
noua autour de sa blessure. À défaut de le soulager, le bandage ralentit
l’hémorragie. Comme toujours après un combat, il éprouvait un léger abattement
semblable à la tristesse qui fait suite à l’amour.
    Alan avait commencé à rassembler le butin. « Une belle
prise, se réjouit-il. Des poulets, du jambon, du beurre !... Il y a là
même des oignons ! ajouta-t-il après avoir fourragé dans le panier de
l’homme. De l’année dernière, évidemment, mais ils sont encore bons.
    — Rien ne vaut les vieux oignons, soutient toujours ma
mère ! » répondit Ralph.
    Il se penchait pour ramasser le cruchon de beurre quand il
sentit quelque chose lui piquer le cul. « Par le diable, qu’est-ce que
c’est ? s’exclama-t-il, car Alan devant lui s’occupait des poulets.
    — Pas un geste ! » ordonna une voix dure.
    Ralph n’était pas homme à obéir à pareille injonction. Il
bondit en avant et fit volte-face. Six ou sept hommes se dressaient devant lui,
surgis de nulle part. Pris au dépourvu, il parvint cependant à tirer son épée
de la main gauche. L’homme le plus proche de lui, vraisemblablement celui qui
l’avait tenu embroché, dégaina à son tour, prêt à en découdre, laissant à ses
comparses le soin de ramasser le butin. Les uns se jetèrent sur les poulets,
les autres sur le jambon. L’épée d’Alan lança un éclair : il
n’abandonnerait pas ses poulets sans se battre vaillamment. L’écuyer laissa
donc son seigneur engager seul la lutte avec son adversaire.
    Une indignation légitime soulevait Ralph à l’idée de se voir
dépouiller d’un butin pour lequel il était allé jusqu’à tuer des innocents.
Contraint de se battre du bras gauche, il se précipita néanmoins sur ces
hors-la-loi bien supérieurs en nombre avec l’énergie de l’homme lésé dans son
droit.
    « Rangez vos lames, imbéciles ! »
    Au son de cette voix autoritaire, les proscrits se figèrent.
Bien qu’il craigne un traquenard, Ralph immobilisa son bras et tourna la tête.
Un jeune homme d’une vingtaine d’années se tenait à l’écart. Il portait des
habits de prix, mais sales et crottés : un pourpoint écarlate en lainage
italien parsemé de feuilles et de rameaux, un justaucorps de riche brocart
émaillé de taches, vestiges de quelque festin semblait-il, et une culotte
d’épais cuir brun couverte d’égratignures et de boue.
    « Dépouiller les voleurs n’est pas un crime, dit-on.
Personnellement, j’y trouve de l’amusement. »
    Bien qu’en mauvaise posture, Ralph ne put s’empêcher d’être
intrigué. Il se dégageait de cet inconnu une véritable noblesse. Il voulut
savoir : « Êtes-vous celui qu’on appelle Tarn l’Insaisissable ?
    — Je n’étais qu’un gamin qu’il courait déjà toutes
sortes de contes sur Tarn l’Insaisissable, répliqua le chef. Quelle que soit
l’époque, il se trouve toujours quelqu’un pour endosser ce rôle, telle moine
qui incarne Lucifer dans les mystères qu’on joue sur le parvis des cathédrales.
    — Vous êtes plutôt original, pour un hors-la-loi.
    — Vous de même, car j’imagine que vous êtes Ralph
Fitzgerald. »
    Celui-ci hocha la tête.
    « J’ai entendu parler de la façon dont vous avez pris
la fuite à Shiring et je me demandais quand je tomberais enfin sur vous, dit
Tarn, tout en surveillant la route à droite et à gauche. Le hasard vient de
nous mettre en présence. Qu’est-ce qui vous a décidé à élire cet endroit ?
    — Le jour et l’heure. Aujourd’hui nous sommes dimanche.
À cette heure de la journée, les paysans apportent leurs marchandises au marché
de Kingsbridge où conduit cette route.
    — Tiens, tiens ! Dix ans que je vis en bordure de
la loi, et je n’avais jamais songé à ça. Nous devrions passer alliance. Avez-vous
l’intention de ranger votre arme ? »
    Ralph hésita. Tarn étant désarmé, il avait l’avantage. Mais
d’un autre côté, seul avec Alan, il ne faisait pas le poids face à la horde.
Mieux valait éviter le combat. Lentement, il remit son épée au fourreau.
    « Voilà qui est mieux ! »
    Comme Tarn passait le bras autour de ses épaules, Ralph put
constater qu’il était de la même taille que lui, ce qui était plutôt rare. Tarn
l’entraînait déjà dans les

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