Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
revenu avec une
feuille d’environ quatre pieds de long. Merthin l’avait sertie d’un cadre de
bois et il s’en servait à présent pour tracer ses croquis.
    C’était justement à cette occupation qu’il se livrait ce
soir, dans sa maison de l’île aux lépreux, pendant que Caris assistait à la
réunion à la guilde de la paroisse. Il voulait établir une carte de l’île.
Louer des terrains bâtis comportant des entrepôts et des pontons n’était que la
plus petite de ses ambitions. Ce dont il rêvait maintenant, c’était d’une route
traversant l’île d’un bout à l’autre et reliant les deux ponts. Il la voyait
déjà bordée des deux côtés d’auberges et de magasins qu’il aurait construits
lui-même et louerait aux commerçants de Kingsbridge désireux de développer
leurs affaires. Imaginer une ville encore inexistante, en concevoir les rues et
les bâtiments qu’elle aurait dans l’avenir le passionnaient. Le prieuré
l’aurait fait depuis longtemps s’il avait eu à sa tête des moines plus
compétents. Le projet de Merthin comportait la nouvelle maison où il habiterait
avec Caris. Au tout début de leur mariage, ce ne serait qu’une maisonnette
confortable, mais il en bâtirait une plus grande par la suite, surtout s’ils
avaient des enfants. Il avait déjà repéré sur le rivage sud un site
agréablement rafraîchi par l’air du fleuve et, surtout, moins rocailleux que le
reste de l’île, où il pourrait planter des arbres fruitiers.
    Il traçait donc ses croquis en rêvant à la vie qu’il y
mènerait au côté de Caris jusqu’à ce que la mort les sépare, quand des coups à
la porte l’arrachèrent à sa rêverie. Il s’étonna. Une fois la nuit tombée,
personne ne venait jamais sur l’île, sauf Caris, mais elle ne frappait pas.
« Qui est là ? » demanda-t-il, saisi d’une légère anxiété.
    Thomas Langley fit son entrée.
    « Les moines ne sont-ils pas censés dormir à cette
heure ? lança Merthin non sans surprise.
    — Godwyn ne sait pas que je suis ici, répondit Thomas
en regardant l’ardoise. Tu dessines de la main gauche ?
    — Tantôt de la main gauche, tantôt de la main droite,
indifféremment. Puis je vous servir une tasse de vin ?
    — Non, merci. Je ne voudrais pas me retrouver somnolant
à matines. »
    Depuis le jour, voilà déjà plus de dix ans, où Merthin lui
avait promis de garder le secret sur la lettre enterrée, il s’était créé entre
eux un lien que leur travail commun sur la réfection de la cathédrale avait
consolidé au fil des ans. Merthin aimait la précision de Thomas quand il
donnait des ordres et sa gentillesse envers les apprentis. Il appréciait
également qu’il ne prenne pas prétexte de sa vocation pour traiter autrui avec
supériorité. Si seulement tous les hommes de Dieu pouvaient lui
ressembler ! songeait-il souvent.
    Désignant du geste une chaise près du feu, il s’enquit du
motif de sa visite.
    « Je viens te voir à propos de ton frère. Ses
débordements doivent être contenus. »
    Merthin fit la même grimace que si on lui avait porté un
coup douloureux. « Si je m’étais cru capable de faire quelque chose,
sachez bien que je m’y serais employé depuis longtemps, mais je doute qu’il
m’écoute aujourd’hui. L’époque où il buvait mes paroles est bel et bien
révolue.
    — J’arrive d’une réunion de la guilde de la paroisse où
l’on m’a prié d’organiser une milice.
    — Ne me demandez pas d’en faire partie !
    — Je n’en avais pas l’intention, dit Thomas avec un
sourire ironique. Je ne crois pas que tes nombreux talents incluent le génie
militaire.
    — Merci quand même ! fit Merthin en hochant la tête
d’un air faussement vexé.
    — Cependant, il y a une chose que tu pourrais faire, me
semble-t-il, si tu le veux bien.
    — Dites toujours, répondit Merthin, mal à l’aise.
    — Les proscrits ont forcément une cachette près d’ici.
Je voudrais que tu réfléchisses à un endroit que ton frère aurait pu choisir.
Il s’agit sûrement d’un lieu que vous connaissez tous les deux – une caverne,
peut-être, ou une ancienne cahute de garde forestier. »
    Comme Merthin hésitait, il reprit : « Je comprends
que ce soit pour toi comme une trahison. Mais pense à cette famille qu’il a
attaquée : un paysan honnête et travailleur, sa femme, leur garçon de
quatorze ans sont morts aujourd’hui, laissant une petite fille orpheline.

Weitere Kostenlose Bücher