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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pleinement conscience qu’en
1339, elle n’avait pas vraiment perdu Merthin, car il était resté fidèle à sa
mémoire pendant toutes ces années. C’était maintenant qu’elle le perdait, à
tout jamais, pour l’éternité.
    Elle était bouleversée. Comprenant qu’elle ne parviendrait
plus très longtemps à donner le change, elle prit congé : « Cela a
été un vrai plaisir pour moi que de vous voir et de bavarder avec vous,
dit-elle d’une voix tremblante, mais mon travail m’attend.
    — J’espère que je ne vous ai pas trop attristée, dit-il
avec sollicitude. J’ai pensé que vous préféreriez savoir.
    — Ne me prenez pas en pitié, je déteste
ça ! » Sur ces mots, elle s’éloigna d’un pas pressé.
    Quittant l’hospice, elle entra dans le cloître, tenant la
tête baissée pour dissimuler son émotion. Cherchant la solitude, elle grimpa en
courant l’escalier qui menait au dortoir, le sachant désert à cette heure de la
journée. À peine y eut-elle pénétré qu’elle se mit à sangloter. Mère Cécilia
avait sa chambre tout au bout de cette longue salle. Personne n’était autorisé
à y pénétrer sans y avoir été expressément convié. Cela n’empêcha pas Caris
d’ouvrir la porte à toute volée et de se jeter sur le lit sans se préoccuper de
son voile tombé de sa tête. La tête enfouie dans le matelas de paille, elle
pleura à gros sanglots.
    Au bout d’un moment, elle sentit une main caresser ses
cheveux coupés court. Elle n’avait entendu personne entrer et ne se souciait
pas de savoir qui était sa consolatrice. Cette présence, néanmoins, l’apaisa
peu à peu. Ses sanglots perdirent de leur violence, ses larmes se tarirent et
l’ouragan de ses émotions diminua d’intensité. Elle roula sur le dos et
découvrit sœur Mair.
    « Merthin est marié et il a une petite
fille ! » lâcha-t-elle et elle recommença à pleurer.
    Mair s’allongea sur le lit et serra la tête de Caris sur son
cœur. Celle-ci enfouit son visage dans la douce poitrine de la religieuse,
inondant de larmes sa robe de bure. « Là, là », murmurait Mair.
    Caris finit par se calmer. L’épuisement vint à bout de son
chagrin, mais pas seulement. Y contribua également le bonheur de savoir Merthin
comblé, et Caris sombra dans le sommeil en ayant devant les yeux l’image d’un
Merthin émerveillé tenant dans ses bras un petit bébé aux cheveux noirs.
    *
    La maladie qui avait frappé Maldwyn le Cuisinier se propagea
comme un feu en été. Le lundi, elle passa de l’hospice aux tavernes ; le
mardi, des visiteurs aux habitants de Kingsbridge. Caris en inscrivit les
caractéristiques dans son cahier : cela commençait par des douleurs
d’estomac qui déclenchaient rapidement vomissements et diarrhées et il en
allait ainsi pendant un ou deux jours. Les adultes s’en tiraient sans grand
dommage, mais les personnes âgées et les enfants en bas âge n’y réchappaient
pas.
    Le mercredi, l’épidémie atteignit le couvent et l’école des
filles. Mair et Tilly tombèrent malades toutes les deux. Caris alla trouver
Buonaventura à l’auberge de La Cloche et lui demanda instamment si les médecins
italiens connaissaient un traitement pour ce mal.
    « Il n’y a pas de remède, dit-il. De remède qui agisse,
en tout cas. Les médecins prescrivent toujours quelque chose pour soutirer de
l’argent aux malades. Cependant, certains médecins arabes considèrent possible
de retarder une épidémie.
    — Oh, vraiment ? Et comment cela ? »
demanda Caris avec un grand intérêt. Elle avait entendu des marchands dire que
les médecins musulmans étaient supérieurs aux chrétiens, ce que les prêtres
médecins niaient farouchement.
    « Ils croient qu’on attrape la maladie quand un malade
vous regarde. Selon eux, les rayons qui partent de nos yeux et touchent les
choses que nous voyons fonctionnent de la même façon que notre doigt quand il
les touche pour savoir si elles sont chaudes, humides, dures, etc. Mais ces
rayons sont également capables de projeter la maladie. C’est pourquoi on peut
éviter de l’attraper en ne se trouvant jamais dans la même pièce qu’une
personne atteinte. »
    Caris ne croyait pas que la maladie puisse se transmettre
par le regard. Autrement, tous les fidèles présents dans la cathédrale
attraperaient le rhume de l’archevêque, et le roi, s’il était malade,
infecterait les centaines de personnes qui posaient les yeux sur lui.

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