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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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connaissait.
    Ralph aurait volontiers rétorqué qu’il n’en avait cure. Il
se retint et martela : « Elle a quatre semaines pour apprendre ce
qu’elle ignore encore. Je ne doute pas que vous serez pour elle la meilleure
des enseignantes, sœur Caris », ajouta-t-il en faisant peser sur celle-ci
un regard lourd de sous-entendus.
    Caris rougit, les religieuses étant censées ne rien
connaître de l’intimité maritale.
    « Peut-être pourrait-on trouver un compromis..., osa
encore dame Maud.
    — Vous ne comprenez donc pas, mère ? L’âge de
Tilly est le cadet des soucis des personnes ici présentes ! s’exclama-t-il
brutalement. Si j’épousais la fille d’un boucher de Kingsbridge, qui se
préoccuperait qu’elle ait neuf ans ou plus ? Seul le fait que Tilly soit
de haut lignage explique leurs objections. Vous ne voyez donc pas qu’ils se
croient supérieurs à nous ? »
    Il s’entendait crier ; il avait pleinement conscience
de la stupéfaction qu’engendraient ses paroles. Il s’en souciait comme d’une
guigne.
    « Ils ne veulent pas que la cousine du comte de Shiring
épouse le fils d’un chevalier déchu. S’ils veulent reporter les noces, c’est
parce qu’ils espèrent que je serai tué avant d’avoir consommé le
mariage ! » Il s’interrompit pour s’essuyer la bouche et
reprit : « Mais j’ai beau être le fils d’un chevalier déchu, je n’en
ai pas moins sauvé la vie du prince de Galles à Crécy ! Et ça, c’est la
seule chose qui compte aux yeux du roi. »
    Il dévisagea tour à tour chacun des membres de l’assemblée :
William considérait la scène avec hauteur, Philippa ne cachait pas son mépris,
Caris bouillait de fureur contenue et ses parents le fixaient, abasourdis.
    « Tous autant que vous êtes, vous feriez bien
d’accepter les faits que voici : Ralph Fitzgerald est désormais un
chevalier et un seigneur ; il est aussi un compagnon d’armes du roi et il
épousera dame Matilda, la cousine du comte, que ça vous plaise ou
non ! »
    Un long silence interloqué succéda à sa tirade. Puis Ralph
se tourna vers Daniel : « Tu peux servir le dîner. »

 
53.
    Lorsque Merthin ouvrit les yeux en ce jour de printemps de
l’année 1348, il eut l’impression d’émerger d’un cauchemar. Il n’en gardait pas
un souvenir précis, uniquement une faiblesse craintive. Il se trouvait dans une
salle haute de plafond dont les murs blancs et le carrelage rouge étaient
découpés en rayures aveuglantes par la lumière qui tombait des persiennes.
L’air était doux. Il lui revint lentement qu’il était étendu sur son lit, dans
la chambre à coucher de sa maison de Florence, et qu’il sortait d’une
éprouvante maladie.
    Ce fut cette maladie qui se rappela tout d’abord à sa
mémoire – ses démangeaisons au tout début, puis les taches noires ou violacées
apparues sur sa poitrine et sur ses bras, enfin le douloureux bubon sous son
aisselle. Une forte fièvre l’avait cloué sur sa couche, en sueur et agité,
faisant un fouillis de ses draps. Il avait toussé, vomi du sang et cru sa mort
venue. Le pire avait été la soif, une soif inextinguible qui l’aurait poussé à
se jeter dans l’Arno, la bouche ouverte, s’il en avait eu la force.
    Il n’était pas la seule personne atteinte. La peste avait
frappé les Italiens par milliers, par dizaines de milliers. Sur ses chantiers,
la moitié des ouvriers y avaient succombé et, chez lui, la plupart de ses
domestiques. Quasiment tous les malades décédaient dans les cinq jours. D’où ce
nom de maria grande donné à cette épidémie, la « grande mort ».
    Pour sa part, il y avait survécu, manifestement.
    Une pensée le harcelait : celle d’avoir pris une décision
capitale durant sa maladie. Mais laquelle ? Il était incapable de se la
rappeler. Plus il se concentrait, plus son souvenir le fuyait, et elle finit
par disparaître complètement.
    Il se redressa et s’assit. La tête lui tournait, ses membres
étaient sans force. Il remarqua qu’il portait une chemise de nuit en toile
propre et se demanda qui la lui avait passée. Au bout d’un moment, il se leva.
    Il vivait dans une maison de quatre étages donnant sur un
jardin à l’arrière, dont il avait lui-même conçu les plans et surveillé la
construction. Il avait remplacé les traditionnelles avancées en surplomb de la
façade par un mur plat orné d’éléments architecturaux tels que des colonnes
classiques ou encore

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