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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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inspecté les réparations effectuées par son
patron sur le vieux pont en bois. L’erreur était humaine, certes, mais il
fallait être un imbécile pour ne pas en tirer de leçon ! « Quel
fieffé crétin ! lança-t-il à haute voix.
    — Fieffé crétin ! » reprit Lolla en écho,
apprenant l’anglais à sa manière.
    Il s’engagea sur le pont. Le tablier avait été correctement
achevé, constata-t-il avec plaisir. Le parapet lui plut également, notamment
les chapiteaux du solide muret, sculptés dans le même esprit que ceux de la
cathédrale, et il se félicita d’avoir eu l’idée d’ajouter cette protection à
l’intention des piétons.
    Sur l’île aux lépreux, les lapins n’avaient pas plus
déguerpi qu’il n’avait lui-même résilié son bail. En son absence, Marc le
Tisserand s’était chargé de collecter les loyers et de les lui faire parvenir
une fois l’an par l’intermédiaire des Caroli, déduits des honoraires convenus
entre eux et de la somme symbolique qu’il devait verser chaque année au
prieuré. Ses bénéfices après ces retenues n’étaient pas très élevés, mais en
augmentation constante.
    La maison qu’il possédait sur l’île était occupée, à en
juger par ses volets ouverts et son seuil proprement balayé. Jimmie, son ancien
apprenti, devait toujours y vivre, comme il l’y avait autorisé. Ce devait être
un homme aujourd’hui.
    À l’entrée du second pont, un vieillard que Merthin ne
reconnut pas collectait les péages tout en se chauffant au soleil. Merthin lui
remit un penny. Le vieux le regarda fixement, comme s’il cherchait à se
rappeler où il l’avait rencontré, mais il ne dit rien.
    La ville parut à Merthin à la fois identique et changée. Les
différences, somme toute peu nombreuses, lui donnèrent l’impression qu’une
bonne fée au cours de la nuit avait tout embelli d’un coup de baguette
magique : d’élégantes demeures remplaçaient une rangée de taudis ;
une auberge pleine de vie s’élevait à la place de la grande maison sombre où vivait
une riche veuve autrefois ; un puits avait été asséché et sa fosse comblée
et pavée ; enfin une maison jadis grise avait été repeinte en blanc.
    L’auberge de La Cloche était toujours à sa place, dans la
grand-rue à côté du portail du prieuré, inchangée. Compte tenu de sa situation,
elle y serait encore dans des centaines d’années. Merthin s’y rendit. Ayant
confié chevaux et bagages à un palefrenier, il entra dans la salle, tenant
Lolla par la main.
    La taverne ne se différenciait en rien des autres
établissements de ce type : à l’avant, il y avait une grande salle meublée
de tables et de bancs en bois grossièrement équarri et, dans le fond, une
cuisine où l’on entreposait aussi les barriques de bière et de vin. L’auberge
devait avoir une bonne clientèle et rapporter gros. En témoignaient la paille
propre qui couvrait le plancher et les murs récemment passés à la chaux. En
hiver, il devait y flamber un feu énorme. Mais en cette belle journée d’été,
toutes les fenêtres étaient ouvertes et une brise agréable rafraîchissait les
lieux.
    Au bout d’un moment, Bessie la Cloche sortit de
l’arrière-salle. Merthin se souvenait d’une jeune fille aux rondeurs
prometteuses. Neuf ans plus tard, une femme bien en chair se planta devant lui
et le dévisagea sans le reconnaître, jugeant à sa mise que c’était un client
fortuné. « Bien le bonjour à vous, voyageur. Que pouvons-nous faire pour
vous rendre la vie agréable, à vous et à votre enfant ? »
    Merthin sourit. « J’aimerais louer ta chambre
particulière, si tu veux bien, Bessie.
    — Mon âme ! Mais c’est Merthin le
Pontier ! » s’écria-t-elle, l’identifiant au son de sa voix. Ignorant
la main qu’il lui tendait, elle se jeta à son cou. Elle avait toujours eu un
faible pour lui. Elle fit un pas en arrière pour mieux le regarder.
« C’est à cause de ta barbe. Autrement, je t’aurais remis tout de
suite ! C’est ta fille ?
    — Oui, elle s’appelle Lolla.
    — Tu es une bien jolie petite fille, ma chère ! Ta
maman doit être très jolie !
    — Ma femme est morte, répondit Merthin.
    — C’est triste. Enfin, elle est encore toute jeune,
elle pourra l’oublier. Moi, j’ai perdu mon mari.
    — Je ne savais pas que tu étais mariée.
    — Si, à Richard le Brun, de Gloucester. Je l’ai
rencontré après ton départ. Ça fait un an qu’il

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