Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
aide.
    — Pas nécessairement, intervint Merthin. Il est bien
plus facile de creuser un trou quand la terre a déjà été retournée. Godwyn n’a
jamais que quarante-trois ans et Philémon trente-trois. Ils ont très bien pu
déterrer le trésor sans l’aide de personne. »
    Cette nuit-là, Godwyn commença à délirer. À certains
moments, il citait la Bible, à d’autres il déclamait un sermon, à d’autres
encore il présentait ses excuses. Caris l’écouta attentivement pendant
longtemps, espérant surprendre un indice. « La Grande Babylone est tombée,
et toutes les nations ont goûté à la colère de sa fornication. Du trône ont
jailli le feu et le tonnerre, et tous les marchands de la terre se lamenteront.
Repentez-vous, oh, repentez-vous, vous tous qui avez forniqué avec la mère des
putains. Tout s’accomplit pour servir un dessein supérieur, tout est fait pour
magnifier la gloire de Dieu, et la fin justifie les moyens. À boire, pour
l’amour de Dieu ! » Son ton apocalyptique lui venait probablement de
la vision des fresques sur les murs, où les tortures de l’enfer étaient
dépeintes avec force détails.
    Caris porta une tasse à ses lèvres. « Où sont les
objets précieux de la cathédrale, Godwyn ?
    — J’ai vu sept chandeliers d’or constellés de perles et
de pierreries, enveloppés dans une riche étoffe violet et rouge, couchés dans
une arche en bois de cèdre et de santal et rehaussée d’argent. J’ai vu, hurlant
des blasphèmes, une femme qui chevauchait une bête écarlate à sept têtes et dix
cornes. » La nef retentissait de ses vociférations.
    Le lendemain, les deux novices décédèrent. Merthin et Thomas
les enterrèrent l’après-midi même, dans le cimetière au nord du monastère, où
s’alignaient les nouvelles tombes de tous les autres moines, excepté celle de
Saül. Le corps de celui-ci reposait dans le chœur de la petite église, honneur
réservé aux plus saints des prieurs. En dépit du temps froid et humide, les
deux hommes transpirèrent abondamment en creusant les tombes. Thomas célébra
l’office des morts en présence de Caris et Merthin, debout devant la fosse.
Dans ce monde où tout partait à la dérive, observer les rites aidait à
conserver un semblant de normalité.
    Le service terminé, Caris retourna à l’église. La partie du
sanctuaire où Saül avait été inhumé était dallée, et l’on voyait que des dalles
avaient été soulevées pour creuser la tombe. Quand on les avait replacées,
l’une d’elles avait été nettoyée et gravée d’une inscription, nota Caris. Mais
les cris de Godwyn qui délirait toujours à propos de bêtes à sept têtes
l’empêchaient de réfléchir.
    Remarquant son air pensif, Merthin suivit son regard.
Devinant ses pensées, il s’écria d’une voix horrifiée : « Godwyn n’a
quand même pas caché le trésor dans le cercueil de Saül Tête Blanche !
    — Il est difficile d’imaginer des moines profanant une
tombe, répondit-elle. Mais, d’un autre côté j’ai du mal à croire que le trésor
ait quitté l’église. »
    Thomas dit : « Saül est mort une semaine avant
votre arrivée.
    Quant à Philémon, il a disparu deux jours après.
    — Il a donc pu aider Godwyn à ouvrir la tombe.
    — Oui. »
    Caris, Thomas et Merthin échangèrent un regard, bouchant
leurs oreilles aux marmonnements fous de Godwyn. Puis Merthin déclara :
« Il n’y a qu’un seul moyen de nous en assurer. »
    Il reprit sa pelle en bois, imité par frère Thomas. Ils
soulevèrent la pierre tombale et quelques dalles autour avant de commencer à
creuser.
    Pour pallier l’absence de son bras, Thomas avait mis au
point la technique suivante : il enfonçait la pelle dans la terre de sa
main unique, la retournait, puis introduisait sa main dans l’espace ainsi
aménagé et la faisait descendre le long du manche. Arrivé à la lame, il la
soulevait en l’agrippant entre ses doigts. À force de tout exécuter d’un seul
bras, le droit, il avait développé une puissante musculature.
    Néanmoins, déterrer le cercueil du prieur leur prit un long
moment. Ces derniers temps, l’habitude s’était instaurée d’ensevelir les défunts
dans des tombes moins profondes que les six pieds requis. Mais pour le prieur
Saül, on s’était attaché à respecter la tradition. Dehors, la nuit était
tombée. Caris alla chercher un candélabre. Dans la lueur vacillante des
bougies, les démons des fresques

Weitere Kostenlose Bücher