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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’elle ne
connaissait pas. Thomas le regarda depuis la fosse, dressé sur la pointe des
pieds. « C’est frère Jonquille, dit-il. Il est mort un jour après le
prieur Saül.
    — Où avait-il été enterré ? demanda Caris.
    — Dans le cimetière. Du moins, nous le pensions.
    — Dans un cercueil ?
    — Oui.
    — Pourtant, il est ici !
    — J’ai moi-même aidé à porter son cercueil, précisa
Thomas. Je me souviens qu’il pesait assez lourd.
    — Je crois deviner ce qui s’est passé, dit alors
Merthin. Jonquille est étendu dans l’église, dans son cercueil, attendant
d’être enseveli. Profitant que les moines sont au réfectoire, Godwyn et
Philémon ouvrent la bière et en extraient le corps. Ils retirent les dalles
fermant la tombe de Saül puis font basculer Jonquille à l’intérieur et
remettent les pierres en place. Ensuite, ils entassent les trésors de la
cathédrale dans le cercueil de Jonquille et referment le couvercle comme il
l’était à l’origine.
    — Dans ce cas-là, dit Thomas, il faut aller extraire le
cercueil de Jonquille qui se trouve au cimetière. »
    Caris leva les yeux vers les fenêtres de l’église. Elles
étaient noires ; la nuit était tombée pendant qu’ils examinaient la tombe
de Saül. « Cela peut attendre demain », dit-elle.
    Les deux hommes gardèrent le silence un long moment, et
Thomas finit par lâcher : « Non, terminons-en
maintenant ! »
    Caris alla prendre deux bûches dans la pile de bois de la
cuisine et les embrasa au feu qui brûlait dans l’âtre. Munie de ces torches,
elle s’en revint à l’église.
    Comme ils en sortaient tous les trois, Godwyn se mit à
hurler : « Et les pressoirs de la colère de Dieu furent foulés aux
pieds à l’extérieur de la ville, et il jaillit de ces grappes tant de sang que
la terre en fut noyée aussi haut que les brides des chevaux. »
    Caris frissonna. Cette image, atroce, tirée de la Révélation
de saint Jean le Divin, la dégoûta et elle fit de son mieux pour la chasser de
son esprit.
    Ils gagnèrent le cimetière d’un pas vif, à la lueur rougeoyante
de leurs torches. Pour Caris, ce fut un soulagement que de se retrouver loin de
ces fresques terrifiantes et des délires fous de Godwyn. Ayant repéré la tombe
de Jonquille, les deux hommes se mirent en demeure de creuser.
    C’était la quatrième sépulture qu’ils fouillaient depuis le
repas de midi. Avant celle de Saül, il y avait eu celles des deux novices.
L’épuisement commençait à se lire sur les traits de Merthin. Thomas, quant à
lui, suait sang et eau ! Néanmoins, ils s’activaient résolument. Le monticule
de terre à côté de la tombe s’élevait peu à peu, à mesure que la fosse gagnait
en profondeur. Finalement, une pelle heurta du bois...
    Caris passa la barre de fer à Merthin et s’agenouilla au
bord de la tombe, une torche dans chaque main. Merthin força le couvercle du
cercueil et le jeta au loin.
    La bière ne contenait aucun corps.
    Elle était remplie de sacs et de coffrets. Merthin ouvrit
l’un d’eux et en sortit un crucifix serti de pierres précieuses.
« Alléluia ! » s’exclama-t-il sombrement.
    Thomas ouvrit un coffre. Des rouleaux de parchemins y
étaient rangés, serrés les uns contre les autres comme des harengs en
caque : les chartes du prieuré.
    Un poids immense fut ôté des épaules de Caris.
    Thomas plongea la main dans un autre sac. Découvrant qu’il
contenait un crâne, il écarta les doigts en poussant un cri de terreur !
    « Saint Adolphe ! s’exclama Merthin d’une voix
égale. Les pèlerins parcourent des centaines de lieues pour toucher son
reliquaire. Nous avons de la chance », dit-il. Ramassant le crâne, il le
remit dans le sac.
    « Si je peux me permettre, intervint Caris, nous devons
rapporter tout cela à Kingsbridge. Il nous faudrait un chariot. Je propose que
nous laissions le trésor là où il est, dans cette bière. Elle n’attirera pas la
convoitise des bandits de grand chemin.
    — Excellente idée, approuva Merthin, nous allons
seulement la sortir de la fosse. »
    Thomas alla chercher des cordes au prieuré pour hisser le
cercueil hors de la tombe. Le couvercle remis en place, ils passèrent des
cordes tout autour du bois.
    Ils s’apprêtaient à le traîner à l’intérieur de l’église
quand un hurlement leur parvint. Caris réagit par un cri identique. D’un même
mouvement, ils se retournèrent. Une silhouette accourait de

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