Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
brusquerie et le scepticisme rappelaient à Caris la jeune
femme qu’elle avait été dix ans plus tôt.
    Elles chevauchèrent jusqu’à Outhenby, le village le plus important,
où résidait Will l’Intendant, le régisseur de toute la vallée. Lorsqu’elles
arrivèrent, il n’était pas chez lui, dans sa grande maison de bois près de
l’église. Il semait de l’avoine dans le champ le plus éloigné, à côté d’une
parcelle en jachère où quelques moutons broutaient l’herbe folle.
    Will était un homme de haute taille et lent que Caris
connaissait car il venait plusieurs fois l’an au prieuré apporter les loyers
des villageois. Ne s’attendant pas à sa visite, il lui fallut un moment pour la
remettre. « Sœur Caris ! s’exclama-t-il. Quel bon vent vous
amène ?
    — Je suis désormais mère Caris, Will. Je suis venue
constater par moi-même le bon entretien de nos champs.
    — Ah ! gémit-il en secouant la tête. Nous faisons
de notre mieux, comme vous le voyez. Mais nous avons perdu tant de paysans que
c’est difficile, bien difficile ! »
    C’était une habitude chez lui que de se plaindre en toute
occasion mais, en l’occurrence, il avait raison.
    Caris descendit de cheval. « Promène-toi avec moi sur
les terres et raconte-moi tes difficultés. » À quelque distance, sur la
pente douce de la colline, un paysan labourait à l’aide d’un attelage de huit
bœufs. Comme il avait arrêté ses bêtes pour la regarder avec curiosité, elle
alla le trouver.
    Will reprenait seulement ses esprits. Marchant à ses côtés,
il dit : « On ne saurait attendre d’une religieuse vouée à
l’adoration de Dieu qu’elle connaisse grand-chose au travail des champs,
naturellement, mais je vais faire de mon mieux pour vous en expliquer les principes
les plus importants.
    — Ce sera bien aimable à toi. » Habituée à la
condescendance des hommes, Caris avait compris qu’il ne servait à rien de les
prendre au défi. Mieux valait les endormir par une fausse bienveillance, on en
apprenait ainsi bien davantage. « Combien de paysans sont morts de la
peste ?
    — Oh, beaucoup !
    — Combien ?
    — Ben, laissez-moi voir : il y a eu d’abord
William Jones et ses deux fils, puis Richard Carpentier et sa femme.
    — Peu importent les noms ! dit-elle en refrénant
son agacement. C’est le nombre que je te demande, approximativement.
    — Il faut que je réfléchisse. »
    Ils étaient arrivés près de l’homme à la charrue. Les
villageois chargés de conduire les attelages à huit bœufs pendant les labours
étaient en général les plus intelligents. S’adressant à lui, Caris réitéra sa
question : « Combien de personnes sont mortes de la peste dans la
vallée ?
    — Je dirais à peu près deux cents. »
    Caris l’étudia. Il n’était pas grand mais musclé, avec une
barbe blonde en broussaille et un air sûr de lui, comme en arborent souvent les
jeunes.
    « Comment t’appelles-tu ? s’enquit-elle.
    — Harry, fils de Richard, révérende sœur.
    — Je suis mère Caris. Comment parviens-tu à ce nombre
de deux cents ?
    — Quarante-deux personnes sont mortes ici, à Outhenby,
pour autant que je sache. Pareil à Ham et à Petit-Acre, ce qui fait à peu près
cent vingt. À Longues-Eaux, personne n’a été touché, mais à Vieille-Église,
tout le monde est mort sauf le vieux Roger Breton, qui a près de quatre-vingts
ans. Ça fait donc deux cents. »
    Elle se tourna vers Will. « Combien la vallée
compte-t-elle d’habitants en tout ?
    — Ah, laissez-moi voir...
    — Avant la peste, pas loin d’un millier, lança Harry le
Laboureur.
    — C’est pour ça que vous me trouvez en train de
travailler moi-même ma parcelle, alors que les labours auraient dû être
effectués par d’autres. Mais voilà, tous les laboureurs sont morts, reprit
l’intendant.
    — Ou partis travailler ailleurs pour un meilleur
salaire », précisa Harry.
    Caris dressa l’oreille. « Ah ? Et qui propose de
meilleurs salaires ?
    — Plusieurs paysans riches de la vallée d’à côté,
s’exclama Will avec indignation. Les seigneurs paient les journaliers un penny
la journée. C’est ce qui s’est toujours fait et ça ne devrait pas
changer ! Mais il y a des gens qui se croient tout permis.
    — Chez eux, les semailles sont achevées, je présume,
émit Caris.
    — On ne peut pas confondre le bien et le mal, mère
Caris ! » s’obstina Will.
    Caris désigna

Weitere Kostenlose Bücher