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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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la parcelle en jachère où paissaient les
moutons. « Et cette terre, pourquoi n’a-t-elle pas été labourée ?
    — Elle appartenait à William Jones, expliqua Will. Il
est mort et ses fils aussi. Quant à sa femme, elle est partie vivre chez sa
sœur à Shiring.
    — As-tu cherché un autre locataire ?
    — Impossible d’en trouver, ma mère. »
    Harry intervint à nouveau : « En tout cas, pas aux
conditions d’avant ! »
    Will lui lança un regard furieux.
    « Que veux-tu dire ? demanda Caris.
    — Les prix ont chuté, voyez-vous ? Et pourtant,
nous sommes au printemps, la saison où le blé est le plus cher. »
    Caris hocha la tête. C’était ainsi que fonctionnaient les
marchés, tout le monde le savait. S’il y avait moins d’acheteurs, les prix
baissaient. Il fallait bien que les gens vivent.
    « Ils ne veulent plus semer de blé, d’orge ou d’avoine,
continuait Harry. Et, chez nous, ils sont obligés de semer ce qu’on leur dit.
Alors, celui qui cherche une location préférera aller voir dans un autre
village.
    — Et qu’obtiendra-t-il là-bas ?
    — Ils ne veulent en faire qu’à leur tête, je vous
dis ! S’écria Will, coupant la parole à Harry.
    — Ce qu’ils veulent, expliqua celui-ci qui comprenait
le sens des questions de Caris, c’est devenir des métayers libres et payer leur
location en espèces, plutôt que de rester des serfs astreints à la corvée. Ce
qu’ils veulent aussi, c’est faire pousser autre chose.
    — Quoi donc ?
    — Du chanvre, du lin, des pommes, des poires. Des
produits qu’ils sont sûrs de vendre au marché. Des produits différents chaque
année, peut-être. Chez nous, à Outhenby, ça n’a jamais été autorisé... Sans
vouloir offenser votre saint ordre, mère prieure, ni Will l’Intendant qui est
un homme honnête, comme chacun sait », ajouta le laboureur après une
pause.
    Tous les régisseurs étaient conservateurs, opina Caris dans
son for intérieur. En période de vaches grasses, cela n’avait pas d’importance,
les vieilles coutumes convenaient parfaitement. Mais en période de vaches
maigres comme maintenant...
    Prenant sa voix la plus autoritaire, elle déclara :
« Très bien ! Écoute-moi attentivement, Will l’Intendant, je vais te
dire ce que tu vas faire ! »
    Il parut étonné. Il avait cru que la mère supérieure prenait
conseil auprès de lui, il n’avait pas supposé qu’elle puisse lui donner des
ordres !
    « D’abord, tu vas cesser de labourer les flancs de la
colline. C’est de la bêtise quand il y a de la bonne terre en jachère.
    — Mais...
    — Tais-toi et ouvre tes oreilles ! Tu vas proposer
à chaque métayer d’échanger ses terres à flanc de coteau contre de la bonne
terre au fond de la vallée, et cela à raison d’une acre pour une acre.
    — Et que ferons-nous des coteaux ?
    — Des herbages. Les vaches dans les prairies basses,
les moutons en haut. Il ne faut pas grand monde pour garder les bêtes. Juste
quelques gamins.
    — Oh ! s’exclama Will qui aurait volontiers entamé
une discussion, mais aucune objection ne lui venait à l’esprit.
    — Ensuite, poursuivit Caris, toute terre située au pied
des collines et n’ayant pas de locataire actuellement sera louée libre pour un
loyer payable en espèces à quiconque voudra s’en porter locataire. »
    Par « libre », il fallait entendre libéré des
servitudes féodales. Le métayer en question n’étant pas serf, il n’était pas
tenu de travailler sur la terre du seigneur, il n’avait pas besoin de son
autorisation pour se marier ni pour construire sa maison. Sa seule obligation
consistait à payer son loyer.
    « Vous faites fi de toutes les vieilles coutumes !
    — Mes terres dépérissent à cause de ces vieilles
coutumes ! répliqua-t-elle en désignant la jachère. Tu as une autre
solution à proposer ?
    — Eh bien... ! dit Will et, après une longue
pause, il secoua la tête en silence.
    — Troisièmement, propose des salaires de deux pennies
la journée à qui voudra cultiver la terre.
    — Deux pennies la journée ! » s’exclama-t-il,
horrifié.
    Caris comprit alors qu’elle ne pourrait pas compter sur lui
pour mettre en œuvre ces changements avec la vigueur nécessaire. Il se ferait
tirer l’oreille, inventerait toutes sortes de prétextes. Elle s’adressa donc au
laboureur qui avait l’air si sûr de lui. Elle allait en faire l’instrument de
ses réformes. « Harry,

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