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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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lui avec femme et enfants. Ralph paya les ruffians et
fit entrer Alan et sieur Grégory dans cette demeure qu’il avait habitée avant
d’être nommé seigneur de Tench.
    Tout y était propre et prêt pour sa visite. Il ordonna à
Vira de leur apporter du vin et de préparer à souper. Il était trop tard pour
continuer la route.
    Grégory s’installa dans un siège, ses longues jambes
étendues devant lui. Apparemment, l’avocat était homme à prendre ses aises
partout où il se trouvait. Sa chevelure noire et raide à présent parsemée de
fils d’argent et son long nez aux narines bien dessinées accentuaient encore
son air hautain. « À votre avis, demanda-t-il, la procédure s’est-elle
bien déroulée ? »
    La réponse de Ralph ne se fit pas attendre. Il avait
retourné la question dans sa tête pendant tout le trajet. « Ce décret
restera sans effet.
    — Je partage l’avis du seigneur », renchérit Alan.
    Grégory haussa les sourcils. « Tiens donc ? Et
pourquoi ça ?
    — Tout d’abord, expliqua Ralph, parce qu’il faut
découvrir où sont les fuyards et ce n’est pas facile.
    — C’est un hasard que nous ayons retrouvé Wulfric,
précisa Alan. Quelqu’un avait surpris une conversation entre sa femme et lui et
connaissait ainsi leur destination.
    — Ensuite, continua Ralph, il faut avoir du temps devant
soi.
    — En effet, acquiesça Grégory. Nous y avons passé la
journée entière.
    — Et j’ai dû engager ces ruffians et leur fournir des
chevaux ! Non, pour ma part, je ne dépenserai pas mon temps et mon argent
à battre la campagne à la recherche des travailleurs en fuite.
    — Je comprends.
    — Surtout qu’il demeure une question : comment les
empêcher de fuir encore, la semaine suivante ?
    — Et là, si personne ne sait où ils sont allés, on ne
les retrouvera jamais ! renchérit Alan.
    — Il y aurait bien un moyen, dit Ralph, le seul qui me
vienne à l’esprit : envoyer dans tous les villages un émissaire chargé de
recenser les nouveaux arrivants et de les punir.
    — Vous imaginez une sorte de commission des
travailleurs ? demanda Grégory.
    — Précisément. Nommer dans chaque comté un groupe d’une
douzaine d’hommes qui irait de village en hameau traquer les fuyards.
    — Autrement dit, ce que vous aimeriez, c’est que
quelqu’un se charge de ce travail à votre place.
    — Pas nécessairement, répliqua Ralph sur un ton
tranquille, bien que le sarcasme de l’avocat lui ait fortement déplu. Je
pourrais être moi-même l’un de ces commissaires. L’important, c’est que la
tâche soit accomplie comme il se doit. On ne moissonne pas un champ en
cueillant les épis un à un.
    — C’est une remarque intéressante ! » laissa
tomber Grégory.
    Vira apporta un pichet de vin et leur servit un gobelet à
chacun.
    « Vous ne manquez pas de ressources, sieur Ralph,
reprit l’homme de loi. Êtes-vous membre du Parlement ?
    — Non.
    — Dommage, je pense que le roi trouverait vos conseils
avisés.
    — Vous êtes trop aimable, fit Ralph en s’efforçant de
cacher sa joie. À ce propos, ajouta-t-il en se penchant vers son hôte, la mort
du comte William crée une vacance. »
    Voyant une brèche devant lui, il était décidé à s’y
engouffrer sans plus attendre quand l’entrée inopinée du bailli le coupa dans
son élan.
    « Bien joué, seigneur Ralph, si je puis me
permettre ! s’écria Nathan. Grâce à vous, deux de nos meilleurs
travailleurs sont de retour au bercail !
    — Espérons que le village paiera mieux son tribut
dorénavant, jeta Ralph sèchement, fâché d’avoir été interrompu à un moment
aussi critique.
    — Certainement, seigneur. À condition qu’ils ne
s’enfuient pas de nouveau ! »
    Ralph se rembrunit. Le bailli disait vrai : comment
faire en sorte que Wulfric reste à Wigleigh ? On ne pouvait quand même pas
l’enchaîner à sa charrue jour et nuit !
    « Je sens, bailli, intervint Grégory, que vous avez une
suggestion à soumettre à votre seigneur.
    — Oui, messire, en effet.
    — C’est bien ce que je pensais. »
    Se considérant invité à parler, Nathan se tourna vers
Ralph :
    « Il est effectivement une chose que vous avez tout
pouvoir d’accomplir, seigneur, et qui vous assurera que Wulfric ne quittera
plus Wigleigh jusqu’à l’heure de sa mort. »
    Ralph subodorait déjà que la proposition du bailli n’allait
pas lui plaire, mais comment l’empêcher

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