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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ressemblaient pas à une simple
promenade d’agrément.
    « Heureusement, un gâte-sauce l’a repéré et l’on est
venu me prévenir pendant l’office », ajouta Thomas.
    Que faisait donc Alan ? se demanda Merthin.
Cherchait-il Tilly ? Il n’aurait quand même pas osé l’arracher à la
protection du couvent en plein jour ? « Que complotez-vous, tous les
deux ? » lança-t-il à son frère.
    Ralph renvoya la question à Alan. « Que fabriquais-tu
là-bas, gredin ? s’écria-t-il avec une colère qui parut feinte à Merthin.
    — Je l’ai déjà dit, répondit Alan en haussant les
épaules, je me promenais en vous attendant. »
    Mensonge, pensa Merthin. Un homme d’armes désœuvré
n’attendrait pas son maître dans le cloître d’un couvent, mais à l’écurie ou à
l’auberge !
    « Eh bien... ne recommence pas ! » dit Ralph,
et Merthin comprit que son frère s’en tiendrait à cette version des faits. À
quoi bon lui dire la vérité, songea-t-il avec tristesse, si c’est pour ne pas
être payé de même en retour ! Néanmoins, il renouvela ses efforts pour
tenter d’éloigner Ralph du couvent. « Tilly est très bien ici. Pourquoi ne
la laisses-tu pas tranquille quelque temps ? Elle finira par se rendre
compte que tu ne lui veux pas de mal et elle rentrera d’elle-même à ce
moment-là.
    — Non, c’est trop humiliant.
    — Pas vraiment. Il n’est pas rare qu’une noble dame
éprouve le besoin de se retirer du monde et séjourne dans un couvent.
    — Oui, quand elle a perdu son mari ou qu’il est parti à
la guerre. Dans les autres cas, on pense qu’elle fuit son mari.
    — Et alors ? Ne me dis pas que tu n’aimerais pas
passer un peu de temps loin de ta femme.
    — Non, en effet... Après tout, tu dois avoir
raison. »
    Sidéré de voir son frère capituler aussi vite, Merthin resta
muet de surprise et dut laisser passer un instant avant de réagir. « Très
bien, donne-lui trois mois. À la fin de cette période, tu reviendras lui
parler. » Tilly ne changerait probablement pas d’avis mais, au moins, ils
auraient reporté la crise jusque-là.
    « Trois mois, répéta Ralph. C’est convenu. » Il se
leva pour partir.
    Merthin lui serra la main. « Comment vont les
parents ? Lui demanda-t-il. Cela fait des mois que je ne les ai vus.
    — Ils vieillissent. Père ne quitte plus la maison,
maintenant.
    — Dis-leur que je leur rendrai visite dès que Caris ira
mieux.
    Elle se remet d’une jaunisse.
    — Je n’y manquerai pas. Transmets à Caris mes bons vœux
de rétablissement. »
    Il remonta en selle et tourna bride, suivi d’Alan, laissant
sur le pas de la porte un Merthin en proie à la plus vive inquiétude. À
l’évidence, Ralph n’était pas venu seulement pour reprendre sa femme. Il avait
d’autres intentions, plus troubles, et ses mensonges laissaient présager
quelque sinistre manigance.
    Il alla se rasseoir devant son ardoise et, pendant un long
moment, resta à fixer son plan sans le voir.
    *
    À la fin de la seconde semaine, il ne fit plus de doute que
Caris se remettrait. Le jour où il s’en convainquit, Merthin coucha Lolla plus
tôt que de coutume et sortit en ville pour la première fois, épuisé mais
heureux comme un condamné gracié.
    C’était par une belle soirée de printemps, et il flâna dans
les rues, grisé par la douce lumière du soleil et la tiédeur de l’air embaumé.
Sa taverne, La Cloche, était fermée pour rénovation, mais l’auberge du Buisson
ne désemplissait pas et les clients s’entassaient sur les bancs, dehors, avec
leurs chopes. Ils étaient si nombreux à profiter du beau temps que Merthin
s’arrêta pour leur demander s’ils célébraient une fête qu’il aurait oubliée,
vivant cloîtré depuis deux semaines. « C’est tous les jours la fête,
maintenant, lui répondit l’un d’eux. À quoi bon travailler quand nous allons
tous mourir de la peste ? Allez, buvez donc une tasse de bière.
    — Non merci. »
    Il reprit sa route. Il croisait en chemin des gens parés de
riches vêtements, arborant des coiffes raffinées et des tuniques brodées qui ne
correspondaient en rien à leur statut social. Ils avaient dû en hériter, ou les
avoir volées sur le dos de notables décédés. Ces chapeaux de velours sur des
tignasses crasseuses, ces pourpoints cousus et tachés de gras, ces bas de laine
en loques dans ces souliers incrustés de pierreries produisaient un effet
quelque peu

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