Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
éprouvait toujours une grande sérénité. Dans le silence et
l’obscurité, il avait du temps pour penser. L’imminence du danger avait sur lui
un effet apaisant, contrairement à bien des hommes que l’inaction rendait
nerveux.
    Il ne craignait pas d’être blessé. Au cours du corps à corps
de cette nuit, il n’aurait à affronter que de gros pleins de soupe de la ville
ou des moines timorés. Non, s’il y avait un danger, c’était qu’on le
reconnaisse, car l’acte qu’il s’apprêtait à accomplir choquerait les esprits.
On en discuterait avec indignation dans toutes les églises du pays, peut-être
même jusqu’en Europe. Sieur Grégory Longfellow, pour le compte duquel il
remplissait cette mission, serait le premier à condamner son crime et à se
poser en ennemi virulent.
    Si jamais il était découvert, il serait pendu haut et court.
En revanche, s’il réussissait, le comté de Shiring serait à lui.
    Quand il estima qu’il était deux heures du matin, il
réveilla ses compagnons.
    Laissant leurs chevaux cachés dans les bois, ils
s’engagèrent sur la route qui menait à Kingsbridge. Alan transportait le
matériel comme au cours de leurs campagnes en France : la petite échelle,
la longue corde et le grappin grâce auquel ils avaient escaladé les remparts
des villes normandes. Il avait aussi plusieurs grands sacs roulés serrés et ficelés
ensemble, ainsi qu’un burin et un marteau glissés dans sa ceinture. Ils n’en
auraient pas nécessairement besoin, mais Ralph savait d’expérience qu’il valait
mieux être paré à toute éventualité.
    Arrivé en vue des murailles, il distribua à ses hommes des
cagoules percées de trous pour les yeux et la bouche. Il en passa une lui-même.
Il avait veillé à porter une moufle à la main gauche, pour dissimuler ses
doigts manquants. Ainsi, personne ne le reconnaîtrait. À moins, bien sûr, qu’il
ne soit capturé.
    Ensuite, pour étouffer le bruit de leurs bottes, chacun
s’enveloppa les pieds dans des sacs de feutre lacés sous le genou.
    La ville de Kingsbridge n’ayant pas été attaquée depuis des
siècles, la surveillance était très relâchée, et l’épidémie de peste n’avait
pas amélioré la situation. Néanmoins, il était difficile d’entrer dans la ville
par le sud, car le grand pont construit par Merthin était fermé, côté ville,
par un porche en pierre et sa monumentale porte en bois. Ralph avait donc
décidé de s’introduire dans la cité par le nord. Là, les remparts étaient
délabrés et l’on pouvait, accéder par voie de terre.
    De méchantes maisonnettes se massaient devant les murailles
comme des chiens à la porte d’une boucherie. Alan ouvrait la marche. Il avait
profité de leur visite au prieuré quelques jours plus tôt pour repérer le
terrain. Ralph et ses mercenaires marchaient sur ses talons, se glissant entre
les masures en veillant à faire le moins de bruit possible de peur qu’un
habitant des faubourgs, dérangé dans son sommeil, ne donne l’alarme. Un chien
se mit à aboyer, au grand dam de Ralph, mais un juron lancé depuis l’un des
taudis le fit taire. Quelques instants plus tard, le petit groupe atteignait un
endroit des remparts éboulé, qui pouvait être escaladé aisément.
    Ils atterrirent derrière des entrepôts, dans un étroit
passage situé juste en dessous du porche de la ville où n’était postée qu’une
unique sentinelle. Les six hommes avançaient en silence. Ils avaient beau se
trouver maintenant à l’intérieur de la ville, ils devaient rester vigilants. Le
garde, en les apercevant, pouvait se poser des questions et appeler des
renforts. Par chance, il dormait à poings fermés sur son tabouret, adossé au
mur de sa guérite. Un bout de chandelle se consumait sur une étagère près de
lui.
    À quoi bon prendre des risques ? S’approchant de lui
sur la pointe des pieds, Ralph lui trancha la gorge de son long couteau.
L’homme ouvrit les yeux sous l’effet de la douleur et voulut hurler. Le sang
qui jaillit de sa bouche l’en empêcha. Ralph le retint dans ses bras pour
éviter qu’il ne s’affaisse avec bruit, puis il le reposa sur son tabouret.
    Ayant essuyé son poignard ensanglanté sur la tunique du
mort, il le rangea dans son fourreau.
    Avant de s’engager dans la grand-rue, il prit soin de retirer
la barre transversale barricadant les battants du portail, en prévision de leur
fuite, puis il partit avec ses compagnons en direction du

Weitere Kostenlose Bücher