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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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prieuré.
    La nuit était sans lune et la ville chichement éclairée par
les étoiles. C’était pour cette raison que Ralph avait choisi cette date pour
lancer son attaque. Il marchait en surveillant les maisons d’un œil anxieux,
surtout les étages supérieurs, craignant qu’un citadin pris d’insomnie
n’aperçoive leurs effrayantes silhouettes cagoulées. Heureusement, le temps
n’était pas encore assez chaud pour que la population dorme les fenêtres
ouvertes. Par précaution, Ralph rabattit quand même la capuche de son manteau
sur sa tête, la tirant le plus bas possible sur son front pour mieux dissimuler
sa cagoule, et il fit signe à ses comparses de l’imiter.
    Il avait passé son enfance dans cette ville, il en
connaissait toutes les rues. Merthin y vivait encore. Où exactement, il
l’ignorait.
    Ils étaient arrivés au bout de la grand-rue. Ils dépassèrent
l’auberge du Buisson, désertée depuis plusieurs heures et fermée pour la nuit,
et franchirent le mur d’enceinte du prieuré. Le grand portail ne pivotait plus
sur ses gonds rouillés et, de ce fait, restait ouvert de jour comme de nuit.
    Les lieux étaient plongés dans l’obscurité ; une faible
lueur filtrait seulement des fenêtres de l’hospice. C’était le moment de la
nuit où les religieuses et les moines étaient profondément endormis. Dans un
peu plus d’une heure, ils se réveilleraient pour assister à matines, l’office
célébré avant l’aube.
    Alan, qui s’était chargé de reconnaître le terrain, leur fit
contourner la cathédrale par le flanc nord, traverser le cimetière, longer le
palais du prieur, puis la cathédrale sur son flanc est, en suivant l’étroite
bande de terre qui la séparait de la rivière. Tout au bout se dressait un mur
peu élevé. Arrivé là, Alan s’arrêta et appuya son échelle contre les pierres.
« C’est le cloître du couvent, chuchota-t-il. Suivez-moi ! »
    Il escalada le mur et se hissa sans bruit sur le toit
d’ardoises. Par bonheur, il n’eut pas à utiliser son grappin : le choc du
métal contre les tuiles aurait réveillé tout le couvent.
    Il ordonna à ses hommes de passer devant lui et grimpa le
dernier.
    Du toit, ils se laissèrent tomber doucement sur le gazon.
Ralph promena un regard méfiant sur les lieux. Les colonnes du cloître
évoquaient une armée de sentinelles aux yeux fixes et menaçants. Tout était
calme. Il bénit le règlement qui interdisait la présence de chiens dans
l’enceinte du prieuré.
    Plongeant dans l’ombre profonde des arcades, Alan conduisit
le petit groupe jusqu’à une lourde porte qu’il franchit. « La
cuisine », dit-il. Les braises qui restaient d’un grand feu éclairaient la
pièce d’une faible lumière. « Prenez garde à ne rien faire tomber. »
    Ralph attendit que ses yeux s’accoutument à l’obscurité. Il
discerna bientôt une grande table, plusieurs tonneaux et des piles d’ustensiles
de cuisine. Il se tourna vers ses hommes. « Trouvez-vous un endroit
confortable pour vous asseoir ou vous coucher. Nous resterons ici jusqu’à ce
que tout le monde soit parti pour l’église. »
    *
    Une heure plus tard, les premières religieuses sortirent du
dortoir et traversèrent le cloître pour rejoindre la cathédrale. Leurs lampes
projetaient des ombres monstrueuses sur les voûtes de la galerie. Ralph glissa
un œil par la porte entrebâillée et entreprit de les compter.
« Vingt-cinq », chuchota-t-il à Alan.
    Comme il s’y attendait, Tilly n’était pas parmi elles. Les
nobles dames de passage n’étaient pas tenues d’assister aux offices de la nuit.
    Quand toutes les religieuses eurent disparu, Ralph s’avança
dans le cloître, laissant ses hommes à la cuisine.
    Tilly ne pouvait se trouver qu’à deux endroits : dans
une salle privée de l’hospice ou dans le dortoir du couvent. Il décida de
visiter le dortoir en premier, convaincu qu’elle s’y était installée parce
qu’il était moins facile d’accès.
    Le feutre protégeant ses chausses lui permit de monter
l’escalier sans bruit. Le dortoir, éclairé d’une unique bougie, semblait
désert. Il s’avança prudemment le long des rangées de lits, craignant qu’une
religieuse, malade ou paresseuse, soit restée dans son lit au lieu d’aller à
l’église, ce qui aurait compliqué sa tâche. Mais il n’y avait personne. Il
allait repartir quand il aperçut une porte tout au fond de la salle.
    Il traversa le dortoir à

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