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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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un jardin au
centre et, tout autour, des portes ouvrant sur des chambres de quatre ou six
lits. Et les religieuses qui passaient d’une pièce à l’autre, abritées par les
arcades. « C’est magnifique ! applaudit-elle. Cette idée ne me serait
jamais venue à l’esprit. C’est idéal.
    — Dans ce jardin protégé du vent mais bien ensoleillé,
tu pourras faire pousser tes plantes médicinales. Au milieu, je te construirai
une fontaine, comme ça tu auras de l’eau. Et j’installerai une canalisation qui
passera par les latrines avant d’aller se jeter dans la rivière. »
    Elle l’embrassa avec exubérance. « Tu es tellement
intelligent ! » Puis elle se rappela la mauvaise nouvelle qu’elle
était venue lui annoncer.
    Il dut voir son visage se décomposer, car il demanda :
« Qu’y a-t-il ?
    — Nous ne pouvons plus habiter au palais. » Elle
lui raconta sa conversation avec Philémon et lui expliqua pourquoi elle avait
cédé. « Il va tout faire pour m’empoisonner la vie, je le sens. Je ne veux
pas épuiser mes forces dans cette bataille-là.
    — Je comprends. »
    Il avait prononcé ces mots d’une voix calme, les yeux fixés
sur son dessin, mais il vibrait de colère.
    « Ce n’était pas mon seul motif, ajouta Caris. Si je
demande aux habitants de Kingsbridge de mener une existence normale, si tant
est que cela soit possible, de respecter l’ordre, de retrouver une vie de
famille et de cesser leurs beuveries, je me dois de montrer l’exemple.
    — Parce qu’une mère prieure qui vit avec son amant,
c’est le degré ultime de la décadence ? » Il tremblait de rage, mais
ne haussait pas le ton.
    « J’en suis la première désolée, dit Caris.
    — Pas autant que moi, si tu savais...
    — Nous ne pouvons pas mettre en péril tout ce pour quoi
nous nous sommes battus : ta tour, mon hospice et l’avenir de cette ville.
    — Non. Mais cela signifie renoncer au bonheur de vivre
ensemble.
    — Pas entièrement. Nous dormirons séparément, ce que je
regrette, mais nous aurons maintes occasions de nous retrouver.
    — Où ça ? »
    Elle haussa les épaules. « Ici, par exemple. »
Elle se sentit soudain d’humeur espiègle. Tournant le dos à Merthin, elle
s’avança vers la porte de l’escalier en relevant lentement le bas de sa robe.
« Je ne vois personne venir, dit-elle.
    — De toute façon, si quelqu’un vient, on l’entendra,
fit observer Merthin. En bas, la porte grince. »
    Ses jupes à présent remontées jusqu’à la taille, Caris se
pencha en avant, faisant semblant de regarder au bas de l’escalier. « Ne
vois-tu pas quelque chose d’inhabituel de là où tu es ? » lui
lança-t-elle.
    Il rit. Elle arrivait toujours à l’apaiser par une
plaisanterie.
    « Je vois en effet une petite chose qui me fait de
l’œil. »
    Elle revint vers lui, sa robe toujours retroussée, et lui
adressa un sourire triomphant. « Tu vois, nous ne sommes pas obligés de
renoncer à tout. »
    Il s’assit sur un tabouret et l’attira à lui. Elle le
chevaucha, posant les fesses sur ses genoux. « Tu ferais bien de te
procurer une paillasse », dit-elle, la voix enrouée par le désir.
    Il frotta son nez contre ses seins. « Comment
expliquerai-je que j’aie besoin d’un lit dans la loge des maçons ?
    — Tu n’auras qu’à dire que tu possèdes des outils
fragiles qui ne supportent d’être rangés que dans un endroit doux et
moelleux. »
    *
    Une semaine plus tard, Caris et Thomas Langley allèrent
inspecter le chantier du mur d’enceinte. C’était une entreprise colossale, mais
qui ne présentait pas de difficulté majeure : le tracé du mur approuvé,
son édification pourrait être confiée à de jeunes constructeurs et à des
apprentis sans expérience. Caris se réjouissait de voir que les travaux avaient
déjà commencé. En ces temps de troubles, la nouvelle enceinte permettrait à la ville
de mieux se prémunir contre les assauts extérieurs. Pour les habitants unis
autour d’un même projet, ce serait l’occasion de prendre conscience que, pour
être plus forts, ils devaient commencer par rétablir l’ordre et l’harmonie
parmi eux.
    Elle était décidée à tout faire pour les y amener. Dans son
for intérieur, elle trouvait une certaine ironie à se voir obligée de tenir ce
rôle de gardienne des lois, elle qui avait toujours méprisé l’orthodoxie et
bravé les conventions. Qui aurait cru qu’elle ferait un jour la

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