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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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morale à de
joyeux fêtards ? C’était un miracle que personne ne l’ait encore traitée
d’hypocrite.
    Mais il était vrai que certaines personnes s’épanouissaient
mieux dans une atmosphère d’anarchie. Merthin faisait partie de ceux-là. Sa
sculpture des vierges sages et des vierges folles, par exemple, n’était autre
que l’expression virtuose d’une créativité débridée, raison pour laquelle
Elfric l’avait détruite. En revanche, des hommes comme Barney et Lou, les
ouvriers de l’abattoir, avaient besoin de lois, ne serait-ce que pour les
empêcher de se mutiler dans des rixes d’ivrognes.
    Quoi qu’il en soit, Caris se trouvait dans une position
délicate : quand on veut imposer des règles, il est difficile d’expliquer
pourquoi on s’en dispense soi-même.
    Telles étaient les pensées qu’elle ruminait tout en
retournant au prieuré avec Thomas. À son arrivée, elle aperçut sœur Joan
faisant les cent pas devant la cathédrale, en proie à une vive agitation.
« Philémon me met hors de moi, s’exclama-t-elle. Il prétend que vous avez
volé son argent et que je dois le lui rendre !
    — Calmez-vous », dit Caris. Elle la fit s’asseoir,
sur un banc de pierre près de l’église. « Respirez profondément et
expliquez-moi ce qui s’est passé.
    — Philémon est venu me voir après l’office de tierce et
m’a dit qu’il voulait acheter des cierges pour le reliquaire de saint Adolphe,
et qu’il avait besoin de dix shillings. Je lui ai répondu que c’était à vous
qu’il devait s’adresser.
    — Et en cela vous avez bien fait.
    — Alors, il est entré dans une colère noire et s’est
mis à hurler qu’il s’agissait de l’argent du monastère, que je n’avais aucun
droit de refuser de lui en donner. Il m’a demandé mes clefs. Je crois qu’il me
les aurait prises de force, mais je lui ai fait remarquer que, de toute façon, il
ne savait pas où se trouvait le trésor.
    — Quelle bonne idée nous avons eu de garder le
secret. »
    Thomas, qui n’avait pas quitté Caris, suivait leur
conversation. « Je vois que ce lâche a choisi le moment où je n’étais pas
au prieuré...
    — Joan, reprit Caris, vous avez eu tout à fait raison
de refuser. Je suis navrée qu’il ait tenté de vous intimider. Thomas, allez le
chercher. Je vous attends au palais. »
    Elle les laissa et traversa le cimetière, absorbée dans ses
pensées. De toute évidence, Philémon avait décidé de faire du grabuge. Et il
n’était pas de ces brutes sans cervelle que l’on mate facilement, non. C’était
un homme roublard, et elle devait se méfier de ne pas tomber dans un de ses
pièges.
    Quand elle ouvrit la porte de la maison du prieur, elle tressaillit.
Philémon s’y trouvait, assis au bout de la grande table de la salle à manger.
    « Que fais-tu ici ? s’écria-t-elle. Je t’ai
expressément interdit de...
    — Je vous cherchais. »
    Elle comprit que si elle ne fermait pas le palais à clef
pendant la journée, il imaginerait toujours un prétexte pour y pénétrer.
Maîtrisant sa colère, elle répliqua : « Eh bien, tu ne me cherchais
pas au bon endroit.
    — Pourtant, je vous ai trouvée, n’est-ce
pas ? »
    Elle l’étudia avec attention. Rasé de frais, les cheveux coiffés
avec soin, il portait une nouvelle soutane. Tout en lui, depuis son apparence
jusqu’à son attitude calme et autoritaire, donnait l’illusion qu’il régnait sur
le prieuré.
    « Je viens de parler à sœur Joan, dit Caris. Elle est
très contrariée.
    — Et moi donc ! »
    Elle se rendit compte qu’il était assis dans le grand
fauteuil et qu’elle-même se tenait debout devant lui, telle une visiteuse venue
quémander une faveur. Qu’il était habile à inverser les rapports de
force ! « Si tu as besoin d’argent, assena-t-elle d’une voix ferme,
c’est à moi que tu devras le demander.
    — Je suis le sous-prieur !
    — Et moi suppléante du prieur, je le répète, ce qui
fait de moi ta supérieure ! La première chose que tu dois faire,
continua-t-elle en haussant la voix, c’est de te lever quand tu m’adresses la
parole ! »
    Il sursauta, surpris par la violence de son ton, mais il ne
tarda pas à reprendre son sang-froid. Et ce fut avec une lenteur insultante
qu’il s’extirpa du fauteuil.
    Caris s’installa à sa place et ne lui offrit pas de siège.
    Il ne parut aucunement décontenancé. « Si je comprends
bien, vous utilisez l’argent du

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