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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pour confesser
nos mauvaises actions, nous repentir de nos péchés, faire pénitence et
expier. »
    Ce n’était pas un bon prêcheur, et ses paroles suscitèrent
peu d’enthousiasme, mais le charismatique Murdo enchaîna aussitôt en
criant : « Nous confessons que nos pensées sont lascives et nos actes
abjects ! » Et la foule poussa une grande clameur d’approbation.
    Les choses se passèrent ensuite comme la première fois.
Rendus frénétiques par le prêche de Murdo, plusieurs disciples s’avancèrent
vers lui. Se proclamant pécheurs, ils commencèrent à se flageller. Les gens de
la ville observaient la scène, fascinés par la violence et la nudité des
participants. C’était une scène montée de toutes pièces, bien évidemment, mais
les coups de fouet, eux, étaient bien réels, et Caris frissonna à la vue des
stries sanguinolentes qui couvraient le dos des flagellants. Certains d’entre
eux portaient des cicatrices prouvant qu’ils s’étaient infligé ces blessures de
façon répétée. D’autres en se flagellant maintenant rouvraient des plaies
encore fraîches.
    Bientôt, des gens de la ville se joignirent aux disciples.
Chaque fois que l’un d’entre eux arrivait devant Murdo, Philémon lui présentait
une écuelle. Personne n’avait le droit de se confesser ni d’embrasser les pieds
de Murdo avant d’y avoir mis une pièce. C’était donc cela le motif de
Philémon : l’argent. Comment n’y avait-elle pas pensé plus tôt ?
Murdo gardait un œil sur les recettes, et Caris se dit qu’ils devaient être
convenus de partager les gains.
    Le roulement des tambours et la plainte des cornemuses
s’amplifiaient à mesure qu’un plus grand nombre de gens s’approchaient.
L’écuelle de Philémon se remplissait à une vitesse folle. Une fois
« pardonnés », les pénitents se mettaient à danser, en extase, au son
de la folle musique.
    La musique monta crescendo jusqu’à un paroxysme puis cessa
subitement. Caris s’aperçut alors que Murdo et Philémon avaient disparu. Ils
avaient dû profiter du chaos pour s’éloigner discrètement par le transept sud
et sortir dans le cloître. Sans doute étaient-ils en train de compter leurs
pièces.
    Le spectacle était terminé. Les danseurs s’étaient étendus
par terre, épuisés. Les spectateurs commencèrent à se disperser, leur flot
s’écoula lentement par les portes ouvertes dans l’air frais de ce soir d’été.
Puis les flagellants trouvèrent la force de quitter la cathédrale à leur tour.
La plupart d’entre eux se dirigeaient vers l’auberge du Buisson, remarqua
Caris.
    Pour sa part, elle prit le chemin du couvent et retrouva
avec soulagement le doux silence qui y régnait. Après vêpres, elle dîna avec
les autres religieuses tandis que le crépuscule envahissait le cloître. Puis
elle passa à l’hospice.
    La grande salle n’avait pas désempli : la peste
continuait ses ravages sans faiblir. Tout était en ordre. Sœur Oonagh
respectait ses consignes : port du masque obligatoire, saignées
proscrites, propreté irréprochable. Caris était sur le point de monter se
coucher quand elle vit entrer deux infirmières transportant un flagellant.
    L’homme s’était brusquement effondré à l’auberge du Buisson
et, en tombant, s’était cogné la tête sur un banc. En voyant son dos qui
n’était plus qu’une plaie ouverte, Caris comprit que la perte de sang autant
que le coup à la tête était à l’origine de son évanouissement.
    Profitant qu’il était inconscient, Oonagh baigna ses plaies
à l’eau salée. Puis, pour le ranimer, elle enflamma une corne de cerf et la
plaça sous son nez. L’âcre fumée lui fit reprendre connaissance. Elle lui fit
boire alors deux pintes d’eau additionnée de cannelle et de sucre pour le
réhydrater.
    Cet homme n’était que le premier d’une longue liste. Dans
les heures qui suivirent, Caris vit arriver une ribambelle de malheureux dans
le même état. Boisson, rixes, accidents, le nombre des patients était dix fois
supérieur à ce qu’il était d’ordinaire un samedi soir. Un homme s’était
flagellé si souvent que la chair de son dos était putride. Pour finir, après
minuit, fut amenée une femme qui avait été ligotée et fouettée avant d’être
violée.
    La colère de Caris à l’égard de Murdo et de ses compagnons
ne cessait de grandir pendant qu’elle soignait ces pauvres hères. Avec leur
vision pervertie de la religion, ils poussaient

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