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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dehors, devant l’auberge.
    La discussion ne dura pas longtemps. Aucun des notables de
la ville n’avait pris part à l’orgie de Murdo, et tous la désapprouvaient. Si
le pape était du même avis, on n’allait pas épiloguer. En sa qualité de
prieure, Caris promulgua donc un arrêté interdisant de se flageller en public
et de se promener nu dans les rues. Tout contrevenant se verrait expulsé de la
ville manu militari. La guilde adopta ensuite une résolution favorable au
nouvel arrêté.
    Puis, Mungo monta à l’étage et tira frère Murdo de son lit.
Celui-ci ne se laissa pas faire. L’auberge résonna de ses vociférations,
entrecoupées de sanglots, de prières et de jurons. Au bas de l’escalier, deux
des volontaires le saisirent par les bras et le traînèrent dehors. Dans la
grand-rue, il se mit à crier encore plus fort. Plusieurs de ses disciples,
descendus pour protester, furent arrêtés eux aussi. Et le groupe partit vers la
porte sud. Le sergent et ses hommes encadraient les fauteurs de troubles ;
les membres de la guilde fermaient la marche, bientôt rejoints par un nombre
croissant de citadins. Personne n’émit d’objection à l’intervention du corps de
police. Ceux qui s’étaient flagellés la veille gardaient le silence, un peu
honteux. Quant à Philémon, il ne se montra pas.
    Arrivée au pont, la foule se dispersa. Privé de son public,
Murdo cessa ses vitupérations. Sa vertueuse indignation céda la place à une
sourde malveillance. Quand les hommes de Mungo le relâchèrent, de l’autre côté
de la rivière, il s’éloigna d’un pas rageur à travers le faubourg. Une petite
troupe de disciples lui emboîta le pas sans grande conviction.
    Il ne reviendrait pas de si tôt, se dit Caris.
    Après avoir remercié Mungo et ses hommes, elle rentra au
couvent.
    À l’hospice, Oonagh évacuait les blessés de la veille pour
libérer des paillasses à l’intention des nouveaux pestiférés. Caris lui apporta
son concours jusqu’à midi et se rendit à la cathédrale afin d’assister à la
grand-messe du dimanche. L’idée de passer une heure ou deux à réciter des
Psaumes, à prier et à écouter un ennuyeux sermon la réjouissait presque et elle
attendait ce moment de repos bien mérité.
    Elle mena la procession des religieuses jusque dans la
cathédrale. Arrivées dans le chœur, elles prirent place dans leurs stalles.
Philémon entra à son tour, suivi de Thomas et des moines novices. Le regard
qu’il lui jeta apprit à Caris qu’il était au courant du bannissement de Murdo
et de ses mesures à l’encontre de ses disciples. Non contente de garder sous
clef le trésor du prieuré, elle venait de le priver d’une source de revenus
indépendante et prometteuse, et il en écumait de rage.
    Pendant un moment, elle tenta d’imaginer à quoi sa colère
allait le pousser, puis elle cessa de s’en inquiéter. Quoi qu’elle fasse, il
trouverait toujours une raison de s’en prendre à elle. Elle devait seulement se
tenir sur ses gardes, prête à déjouer ses ruses vengeresses.
    Elle s’assoupit pendant les prières et se réveilla lorsque
Philémon commença à prêcher. Parler en public faisait ressortir son absence de
charisme. En général, ses sermons laissaient les fidèles indifférents. Cette
fois-ci, il captiva immédiatement leur attention en annonçant le thème qu’il
comptait aborder la fornication.
    Il prit pour texte de référence un verset de la première
Épître de saint Paul aux Corinthiens. Il le lut d’abord en latin, puis le
traduisit d’une voix vibrante : « Mais je vous ai écrit de ne pas
avoir de relations avec celui qui, portant le nom de frère, mène une vie
impudique ! »
    Il s’attarda pesamment sur ce qu’il entendait par
« relations » : « Ne mangez pas avec un tel homme, ne buvez
pas avec lui, ne vivez pas avec lui, ne lui adressez pas la parole. »
Caris se demandait avec anxiété ce qu’il avait derrière la tête. Il n’allait
tout de même pas l’attaquer personnellement du haut de sa chaire ? Elle
jeta un coup d’œil à Thomas, de l’autre côté du chœur, et surprit son regard
inquiet.
    Elle se retourna vers Philémon, qui poursuivait son prêche,
le visage assombri par le ressentiment. Elle comprit brusquement qu’il était
capable de tout.
    « À qui saint Paul fait-il référence ? Pas à ceux
du dehors, car ceux-là, dit-il, c’est à Dieu de les juger. En revanche, c’est à
vous qu’il appartient

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