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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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une chose pareille ? Ma pauvre sœur aura le cœur brisé en
apprenant ça.
    — Je peux compter sur vous pour la prévenir dans l’instant,
sorcière ! répliqua vivement Merthin.
    — Ah, ah ! Maintenant, ce n’est plus en secret que
tu épouseras Griselda ! continuait Alice.
    — L’épouser ? Il n’en est pas question !
D’ailleurs, elle me déteste. »
    Griselda choisit cet instant pour faire son apparition.
« Moi non plus, je n’ai pas envie de t’épouser, tu peux me croire !
Mais je suis bien obligée : je suis enceinte à cause de toi. »
    Merthin la regarda, ébahi. « C’est impossible. On n’a
fait ça qu’une fois. »
    Maître Elfric rit méchamment. « Il suffit d’une fois,
imbécile !
    — C’est égal. Je ne l’épouserai pas !
    — Tu l’épouseras ou je te flanque à la porte !
    — Vous ne pouvez pas faire ça.
    — Et comment, que je peux !
    — C’est égal. Je ne l’épouserai pas ! »
    Elfric laissa tomber sa batte et s’empara d’une hache.
    « Seigneur Dieu ! » s’écria Merthin.
    Alice fit un pas en avant. « Maître Elfric, n’allez pas
commettre un meurtre !
    — Ôte-toi de mon chemin, femme ! »Elfric leva
sa hache. Merthin, toujours à terre, se réfugia dans un coin, terrifié. Elfric
abattit sa hache. Oh, non pas sur son apprenti, mais sur son œuvre. Merthin
hurla.
    La lame acérée pénétra dans le visage d’une vierge à la
longue chevelure. Une profonde fente apparut dans le bois.
    « Arrêtez-le ! » brailla Merthin.
    Reprenant son élan, Elfric abattit sa hache encore plus
violemment. La porte se scinda en deux.
    Merthin avait bondi sur ses pieds. Il voulut crier. Un
chuchotement sortit de sa gorge. « Vous n’avez pas le droit ! »
    Elfric tourna sa hache contre lui. « N’avance pas,
vaurien ! Ne me tente pas. »
    La folie embrasait son regard, Merthin recula.
    Elfric abattit une troisième fois son outil sur la porte.
    Le visage baigné de larmes, Merthin assista à la destruction
de son œuvre.

 
11.
    Les deux chiens, Skip et Scrap, se saluèrent avec fougue. Ils
étaient de la même portée, bien qu’ils ne se ressemblent pas : Skip était
un mâle au poil brun, efflanqué et soupçonneux comme le sont les chiens des
campagnes ; Scrap une petite femelle noire des villes, dodue et
satisfaite.
    Cela faisait maintenant dix ans que Gwenda avait choisi
Scrap parmi les chiots bâtards de Caris, le jour où la mère de sa nouvelle amie
était morte. Depuis lors, leur amitié s’était renforcée, même si elles ne se
rencontraient guère plus de deux ou trois fois l’an. Gwenda et Caris partageaient
tous leurs secrets. Gwenda estimait pouvoir tout dire à Caris sans crainte que
cela revienne aux oreilles de ses parents ou de quiconque à Wigleigh, et elle
lui prêtait la même confiance puisqu’elle-même n’avait pas d’autre amie à
Kingsbridge et ne risquait donc pas d’en dire trop par inadvertance.
    Gwenda était arrivée en ville le vendredi de la semaine de
la foire. Son père, Joby, s’était aussitôt rendu sur le champ devant la
cathédrale pour y vendre les peaux d’écureuils qu’il avait pris au piège dans
la forêt, du côté de Wigleigh. Gwenda, quant à elle, était allée tout droit
chez Caris, et c’était ainsi que leurs deux chiens s’étaient retrouvés.
    Comme toujours, les deux amies se mirent à parler garçons.
« Merthin n’est plus le même, se plaignit Caris. Dimanche, il était comme
d’habitude, m’embrassait dans l’église, mais depuis lundi, il me regarde à
peine dans les yeux.
    — Il doit avoir quelque chose à se reprocher, répondit
Gwenda immédiatement.
    — C’est probablement lié à Élisabeth Leclerc. Elle a
toujours l’œil sur lui, cette chienne. Mais elle est bien trop vieille !
    — Tu l’as déjà fait, avec Merthin ?
    — Fait quoi ?
    — Tu sais bien... Quand j’étais petite, j’appelais ça
grogner, parce que ce sont les bruits que poussent les grandes personnes en faisant
ça.
    — Ah, ça ? Non, pas encore.
    — Pourquoi ?
    — Je ne sais pas...
    — Tu n’as pas envie ?
    — Si, mais... L’idée de passer ta vie entière soumise
aux volontés d’un homme, ça ne t’inquiète pas ? »
    Gwenda haussa les épaules. « Je ne peux pas dire que ça
m’enchante, mais ça ne m’inquiète pas.
    — Et toi ? Tu l’as déjà fait ?
    — Pas comme il faudrait. J’ai dit oui, une fois, il y a
des années, à

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