Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
son travail dans le bas-côté sud était achevé.
    Godwyn et Thomas ayant opté pour la méthode qu’il avait
suggérée, plus économique, il n’avait pas besoin de fabriquer de coffrage pour
les voûtes. Quant à l’échafaudage destiné aux maçons, il était monté. Revenu à
son œuvre, il la jugea quasiment terminée. Il passa une heure à fignoler les
cheveux d’une vierge sage et une autre à accentuer le sourire d’une vierge
folle sans véritablement améliorer l’ensemble de la pièce. Il était incapable
de se concentrer sur sa tâche. Ses pensées le ramenaient sans cesse à Caris ou
à Griselda.
    La honte le taraudait. Tout au long de la semaine, il avait
à peine adressé la parole à Caris. Chaque fois qu’il la rencontrait, il se
revoyait tenant Griselda dans ses bras et accomplissant avec elle – cette fille
qu’il n’aimait pas, qu’il n’appréciait même pas le plus grand acte d’amour de
toute la vie d’un homme. Lui qui avait passé tant d’heures heureuses à imaginer
l’instant où il s’unirait à Caris, il en était maintenant à ne plus pouvoir y
penser sans angoisse. Vis-à-vis de Griselda ; il n’avait rien à se
reprocher – enfin, si –, mais elle n’était pas vraiment en cause. Toute autre
femme lui aurait laissé ce même sentiment d’amertume d’avoir bafoué Caris, la
femme qu’il aimait. Il n’avait plus la force de la regarder dans les yeux.
    Revenant au portail, il tenta de le juger d’un œil critique.
Était-il achevé, oui ou non ? Tout à ses réflexions, il n’entendit pas
Élisabeth Leclerc monter les marches du perron. C’était une belle jeune femme
de vingt-cinq ans, à la tête auréolée de boucles blondes. Elle était le fruit
de l’union de sa mère, servante à l’auberge de La Cloche, avec l’ancien évêque
de Kingsbridge, le prédécesseur de Richard qui, comme lui, vivait à Shiring au
palais de l’évêché mais visitait fréquemment sa paroisse de Kingsbridge. Enfant
illégitime, Élisabeth portait le nom de Leclerc. Elle était d’une
susceptibilité maladive dès qu’il était question de statut social, prenant la
mouche pour un rien. Merthin l’aimait bien malgré tout, d’abord parce qu’elle
était intelligente, ensuite parce qu’elle lui avait permis de l’embrasser et de
caresser ses seins quand il avait dix-huit ans. Des seins haut perchés et plats
comme une soucoupe à l’envers, se rappelait-il, et avec des mamelons qui
durcissaient au plus léger contact. Leur aventure avait tourné court à la suite
d’une plaisanterie qu’il avait faite sur les curés libidineux. Plaisanterie
insignifiante à ses yeux mais impardonnable à ceux d’Élisabeth. Néanmoins, ils
se fréquentaient et Merthin appréciait sa compagnie.
    Elle lui signifia sa présence par une petite tape sur
l’épaule avant de s’avancer pour examiner son œuvre de plus près. La beauté de
la sculpture lui coupa le souffle. Portant la main à sa bouche, elle
s’écria : « On dirait qu’elles sont vivantes ! »
    Sa remarque le ravit, sachant Élisabeth avare de
compliments. « C’est parce qu’elles sont toutes différentes,
expliqua-t-il, voulant rester modeste. Sur l’ancien vantail, elles étaient
identiques.
    — Non, il n’y a pas que cela. On croirait qu’elles vont
sortir du rang et se mettre à parler.
    — Merci.
    — Tu crois que les moines les apprécieront ? C’est
très différent du reste de la cathédrale.
    — Elles ont plu à frère Thomas.
    — Et le sacristain ?
    — Godwyn ? Je ne sais pas ce qu’il en pensera.
Mais s’il y a un problème, j’en appellerai au père prieur. Il ne voudra pas
commander une autre porte et payer deux fois.
    — Bien, dit-elle pensivement. La Bible ne mentionne pas
que les vierges étaient toutes semblables, naturellement. Uniquement qu’elles
étaient dix. Cinq qui eurent la bonne idée de se préparer longtemps à l’avance
pour l’arrivée du roi et cinq qui attendirent la dernière minute et finalement
ne purent assister au banquet. Et maître Elfric, comment réagira-t-il ?
    — Ce ne sera pas à son goût.
    — C’est ton patron.
    — Oh, lui, tu sais ! Du moment qu’il touche son
argent !...»
    Elle ne parut pas convaincue. « Le problème, c’est que
tu es meilleur artisan que lui et tout le monde le sait depuis des années.
Voilà pourquoi il te déteste. Il risque de te le faire regretter.
    — Tu vois toujours les choses en

Weitere Kostenlose Bücher