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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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noir.
    — Moi ? s’écria-t-elle, vexée. Eh bien, l’avenir
nous dira si j’ai raison ou pas. Espérons que je me trompe. » Elle tourna
les talons pour partir.
    « Élisabeth ?
    — Oui.
    — Tu sais, je suis vraiment content que ma sculpture te
plaise. »
    Elle ne répondit pas, mais parut s’apaiser. Sur un au revoir
de la main, elle s’en alla.
    Considérant sa porte achevée, Merthin l’enveloppa dans de la
toile à sac. Il allait la montrer à Elfric. Autant le faire maintenant et la
transporter chez lui tant qu’il ne pleuvait pas.
    Il demanda à un ouvrier de l’aider. Les maçons usaient d’une
technique particulière pour transporter les charges lourdes et
encombrantes : ils posaient par terre deux solides poteaux placés en
parallèle qu’ils reliaient l’un à l’autre par des planches en travers formant
un plancher solide. Y ayant déposé l’objet à transporter, deux hommes se
plaçaient entre les poteaux, un à chaque bout, et soulevaient ensemble. Ce mode
de transport, appelé civière, était également employé pour déplacer les malades
à l’hôpital.
    La porte pesait un âne mort. Mais Merthin était habitué à
transporter de lourdes charges, Elfric n’ayant jamais admis qu’il se défausse
de ce travail sur quelqu’un d’autre au prétexte de sa petite taille. Merthin
avait donc une force étonnante pour sa stature.
    Arrivés à destination, les deux hommes entrèrent dans la
maison. Apercevant du seuil Griselda assise dans la cuisine, Merthin, qui
détestait les conflits, voulut être aimable. « Tu veux voir ma
porte ? » proposa-t-il.
    Elle arborait des rondeurs de plus en plus voluptueuses, à
croire que sa poitrine plantureuse se développait davantage chaque jour.
    « Pourquoi irais-je regarder une porte ?
    — Parce qu’elle est sculptée. Ça représente la parabole
des vierges sages et des vierges folles. »
    Elle eut un rire dénué de gaieté. « Ne me parle pas de
vierges, tu voudras bien ! »
    Griselda lui battait froid depuis qu’il avait fait l’amour
avec elle. Par toute son attitude, elle lui signifia qu’on ne l’y reprendrait
plus. Pourquoi l’avait-elle aguiché si elle le détestait autant ?
s’interrogeait Merthin. Les femmes étaient vraiment incompréhensibles. Il
aurait pu la rassurer, lui dire qu’il éprouvait exactement le même sentiment,
mais cela aurait été grossier de sa part. C’est pourquoi il se tut.
    Aidé de l’ouvrier, il transporta le vantail jusque dans la
cour. L’ouvrier repartit. Penché sur une pile de planches, maître Elfric était
occupé à les mesurer à l’aide d’une toise de deux pieds de long. Sa langue
faisait une bosse sous sa joue, comme chaque fois qu’il devait effectuer un
travail de réflexion. Il jeta un coup d’œil à Merthin et poursuivit sa tâche.
Sans mot dire, le jeune homme retira le tissu qui protégeait son œuvre. Ayant
redressé la porte, il l’appuya contre un tas de pierres. La beauté de son
travail lui procurait une fierté indicible. Il avait recopié le modèle en y
apportant une touche originale qui laissait les spectateurs médusés. Il mourait
d’envie de voir enfin son vantail en place dans le portail.
    « Quarante-sept, dit Elfric, et il se retourna vers
Merthin.
    — C’est fini, déclara le jeune homme avec satisfaction.
    Qu’est-ce que vous en pensez ? »
    Elfric resta un long moment à contempler l’œuvre et les
narines de son grand nez palpitaient sous l’effet de sa surprise. Puis, sans
prévenir, il frappa son apprenti en pleine figure à l’aide de sa toise. Porté
par un outil aux bords à angle droit, le coup fut si douloureux que Merthin
tituba, les yeux brouillés de larmes, et s’écroula sur le sol.
    « Espèce d’ordure qui a souillé ma fille ! »
se mit à hurler Elfric. Merthin voulut protester. Il ne le put. Il avait la
bouche en sang.
    « Comment as-tu osé ? » braillait Elfric.
    Comme répondant à un signal convenu, Alice apparut sur le
seuil en vociférant. « Serpent ! Tu t’es introduit chez nous pour
déflorer notre enfant ! »
    C’est un coup monté, pensa aussitôt Merthin. Crachant le
sang, il s’écria : « Déflorer Griselda ? Encore aurait-il fallu
qu’elle soit vierge ! »
    Elfric le frappa à nouveau à l’aide de sa batte improvisée.
Merthin eut le temps de rouler sur le côté, le coup l’atteignit durement à
l’épaule.
    Alice hurlait : « Et Caris ? Comment as-tu pu
lui faire

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