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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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ne manquât point, c’était de bons soldats. L’armée avait été reformée selon le principe soutenu par Bernard lui-même aux Jacobins, et réalisé par les soins de Dubois-Crancé. Plus de régiments. Plus d’uniformes royaux, plus de perruques, plus de « culs-blancs » d’un côté, de « carmagnoles » de l’autre, plus que des « bleus ». Un ancien bataillon de ligne s’amalgamait avec deux de volontaires ou de réquisitionnaires pour composer, sous les ordres d’un colonel, une demi-brigade : unité bien cohérente, très mobile, possédant son artillerie de calibre. Dans leur plus grand nombre, ces troupes avaient participé à la victorieuse campagne de l’année précédente. On pouvait faire fond sur leur fermeté au combat.
    Bernard demanda aux divisionnaires de le rejoindre au grand quartier à cinq heures.
    « D’ores et déjà, leur dit-il à chacun, prévoyez la séparation éventuelle de vos forces en deux parties, l’une devant demeurer sur place ; l’autre, que vous armeriez entièrement, formerait un corps de marche. »
    Après quoi il se fit conduire à Beauharnais établi sur l’autre versant des hauteurs, côté Moselle. On y parvint assez rapidement par les passages forestiers du Hardt d’où l’on distinguait par moments, le sommet bleu et tronqué du mont Kalmit. Beauharnais était un bel homme de trente-trois ans, d’allure fort aristocratique mais sans la moindre morgue. Pressenti pour succéder à Beurnonville comme ministre de la Guerre, il avait refusé, préférant se battre : ce à quoi il n’avait point réussi avec l’armée du Rhin et de Moselle. Il accueillit cordialement Bernard qui lui dit avoir été présenté quelques mois plus tôt à la citoyenne Beauharnais, chez M lle  Sage, de la Comédie. Le ci-devant vicomte n’en parut pas autrement enchanté. Au demeurant, il semblait chagrin. Très amer lui aussi, comme Ferrette, il se répandit en plaintes sur l’état dans lequel Paris laissait la double armée. Bernard l’observait. Ce n’était assurément pas un caractère énergique. Gêné sans doute par sa condition d’ancien aristocrate, il n’avait pas su se faire entendre du Comité de Salut public, et il se réfugiait dans une humeur morose. Lorsque Bernard lui parla d’offensive, il leva les mains. Une offensive avec quoi ?
    « Avec une moitié de nos troupes, à laquelle nous attribuerions toutes les armes, l’artillerie et les munitions disponibles.
    — Quoi ! Vous laisseriez l’autre moitié sans défense !
    — Que risquerait-elle ? Nous la couvririons en avant.
    — Elle pourrait être attaquée à revers par l’ennemi venant du Luxembourg. Ils sont là trente mille, à une étape.
    — Depuis trois mois, ils n’ont pas bougé, m’a-t-on dit. Pourquoi se mettraient-ils en mouvement tout à coup ? Et puis la garnison de Landau les recevrait. C’est son affaire.
    — Sans doute. Je la crois capable de tenir la place. Cependant, si l’ennemi l’assiégeait, nous nous trouverions coupés de toute retraite. N’oubliez pas, citoyen, ajouta Beauharnais en montrant la carte, que nous avons cette armée du Luxembourg ici, à l’arrière de notre flanc, et ici, en tête, deux corps très puissants : Wurmser, Brunswick, gardant l’éperon des Vosges, protégeant les forces qui assiègent Mayence. Ni les uns ni les autres ne bougent, je vous l’accorde, car nous-mêmes ne bougeons pas. Attaquons, et nous nous trouverons sitôt après saisis entre des armées au total plus de deux fois supérieures à nous en nombre, plus de quatre ou cinq fois en armement.
    — Je ne suis pas sans y avoir songé, répliqua Bernard. Vous avez raison mais je crois possible de battre Wurmser et Brunswick sans qu’ils puissent se porter secours. Voyez, expliqua-t-il en montrant du doigt la manœuvre. Ils sont là, chacun d’un côté de la chaîne ; nous tenons les couloirs entre les deux versants ; une seule division suffit à interdire le passage. Nos forces réunies attaquent ici Brunswick par surprise aux dernières heures de la nuit. Que se passe-t-il ? Ou bien Wurmser ne remue pas, alors nous écrasons son collègue parce que, à nous deux, nous sommes les plus forts. Ou bien – et tel que je le connais de réputation, c’est ce qu’il fera – il marche au canon. Dans ce cas, il lui faut laisser ici, ici, ici, une partie de ses troupes pour garder de son côté les couloirs par lesquels nous pourrions déboucher et le

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