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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Danton précédemment, poursuivait ses négociations avec les puissances. Saint-Just, Claude et leurs collègues s’opposaient absolument à signer la paix avec un ennemi occupant encore une parcelle, si infime fût-elle, du territoire national. L’Incorruptible ne pouvait donc songer à conclure un pareil traité sans avoir préalablement jugulé l’opposition dans la Convention et les Comités.
    Or, en ces jours de la mi-juillet, où finissait messidor, si Robespierre se retirait de plus en plus sous sa tente, abandonnant même la Convention et ne paraissant qu’aux Jacobins, ses fidèles, en revanche, s’agitaient beaucoup. Dubon prévint Claude qu’à n’en point douter les Robespierristes, à la Commune, préparaient un mouvement dans le style 31 mai-2 juin. L’information ne surprit point les commissaires : ce n’était pas sans raison secrète que, depuis peu, on organisait dans les sections, sur les places, des banquets patriotiques bénéficiant du temps radieux. Il s’agissait de prétendus repas civiques où, selon le principe, chacun apportait ses provisions. Mais, d’après les rapports d’Amar, les victuailles et le vin, fournis en abondance, étaient certainement payés par la Commune sur les fonds alloués au Conseil général pour nourrir les indigents. Dans ces banquets, on entendait d’insidieux discours contre les faux patriotes, les hommes corrompus dont les scélératesses paralysaient la Convention et le gouvernement. Dans les assemblées de section, Dumas vitupérait « les intrigants qui mènent la république au désastre et calomnient ses défenseurs ». Souberbielle, nommé officier de santé en chef à l’École de Mars, endoctrinait les trois mille élèves, auxquels Robespierre n’avait pas dédaigné de rendre visite. Hanriot, avec ses aides de camp : le ci-devant marquis de Lavalette et Boulanger, tous deux fervents Robespierristes s’efforçait manifestement de concentrer dans la ville le plus possible de troupes civiques.
    Une première mesure fut prise contre cette agitation. On supprima par arrêté le Comité de Surveillance du département de Paris. C’était l’ancien Comité de l’Évêché, moteur essentiel de toutes les insurrections. Saint-Just approuva. Le dessein de la faction se trahit alors tout à fait : Payan convoqua les membres des comités révolutionnaires des quarante-huit sections, à l’Hôtel de ville. On voulait rééditer la manœuvre de Danton instituant à la Commune le Bureau de correspondance des sections. Après quoi Hanriot, mandaté par ce gouvernement insurrectionnel, recommencerait son coup du 31 mai en menant aux Tuileries le peuple en armes, afin de contraindre la Convention à se délivrer de ses membres scélérats, comme elle s’était purgée des Brissotins. Mais Payan ne pouvait pas plus que ne l’avait pu Hébert réussir dans cette entreprise. Encore une fois, les sections se trouvaient à présent sous l’autorité de la Convention.
    Le Comité réagit avec vigueur. Il interdit à leurs commissaires de se réunir. Et, dès le lendemain, 2 thermidor, Barère, dans un rapport à l’Assemblée, dénonça toute la conjuration : les banquets, la concentration des troupes, la convocation lancée par Payan. Avec ses façons ambiguës, Barère ne prononça point les noms. Il n’en avait, du reste, pas reçu mission du Comité, on temporisait selon le désir de Saint-Just. Mais en stigmatisant « les héritiers d’Hébert » à la Commune et aux Jacobins, le rapporteur désignait assez clairement les municipaux satellites de Robespierre. Si bien que Couthon ne s’y trompa point. Il riposta, aux Jacobins, en demandant l’envoi d’une adresse à la Convention afin de la mettre en garde contre « quatre ou cinq scélérats » qui voulaient la subjuguer. Là-dessus, Carnot fut chargé d’éloigner de Paris les compagnies de canonniers mobilisées par Hanriot. Fouché insistait auprès de ses amis Collot et Billaud pour que l’on révoquât purement et simplement le chef de la force armée parisienne. La mesure parut trop forte, elle risquait d’apparaître comme une provocation envers la Commune, et d’irriter contre le gouvernement nombre de sectionnaires.
    Tous ces dissentiments ne laissaient pas de transpirer. La retraite de Maximilien, succédant aux orageuses séances du pavillon de l’Égalité, était connue maintenant hors des milieux révolutionnaires, et jusque dans les maisons de détention.

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