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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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ne se sentait plus prêt du tout au sacrifice de sa vie. Pris à son tour de la fièvre paternelle, il voulait, de toutes ses fibres, connaître le fils ou la fille que Lise mettrait au monde à la fin de l’été. Il était résolu à se battre farouchement pour défendre non seulement la liberté menacée par l’autocratisme, mais encore sa propre existence d’époux et de père.

XIII
    Les hautes fenêtres étaient ouvertes sur la terrasse du Jardin national encore couverte d’ombre. L’odeur des verdures entrait avec la fraîcheur du matin. Elles n’apportaient dans la salle du Comité aucune détente. Robespierre se tenait raide sur sa chaise, les bras, les jambes croisés, regardant droit devant lui à travers ses lunettes bleues. Billaud-Varenne, la perruque un peu déplacée, lui faisait face et ne semblait pas moins crispé que lui. Personne ne parlait. Claude, attentif, restait sur ses gardes. Seul, Couthon, caressant sa levrette, semblait exempt de nervosité. Saint-Just se leva. D’un air triste et grave, il dit : « Vous me paraissez affligés. Il faut que tout le monde ici s’explique avec franchise, et je commencerai si on le permet. » Il fit un discours enveloppé, confus, d’où il semblait ressortir qu’il existait une conspiration pour renverser le gouvernement révolutionnaire. Comme si l’on n’en était pas sûr ! comme si l’on ne savait pas d’évidence que les Robespierristes de la Commune préparaient une insurrection ! Mais Saint-Just ne parlait point d’eux, seulement d’un vague on. « On tend à dénaturer l’influence des hommes qui donnent de sages conseils, pour leur imputer des intentions de tyrannie. Je ne connais point de dominateur qui ne se soit d’abord emparé d’un grand crédit militaire, des finances et du gouvernement. Ces choses ne sont pas dans les mains de ceux contre lesquels on insinue des soupçons. » Bon. Comme la veille, il défendait Robespierre. Mais alors, quels étaient selon lui les conspirateurs ? Les Fouché, les Tallien, les Bourdon ? On ne voyait pas à quoi il voulait aboutir. Il n’aboutit du reste à rien qu’à prêcher la conciliation.
    Peut-être souhait-il essentiellement cela, avant tout, ensuite on verrait. En tout cas, il avait réussi à rompre la tension. Tandis que Claude haussait légèrement les épaules, David approuvait. Billaud dit à Maximilien : « Nous sommes tes amis, nous avons marché ensemble. »
    Après ses clameurs d’hier soir, sa sincérité présente restait douteuse, mais enfin il montrait de la bonne volonté. La discussion s’engagea. Elle fut calme et courte. Contrairement à ce que présumait Claude, Robespierre fit une concession surprenante : il accepta de rendre au Comité de Sûreté générale tous ses précédents pouvoirs en réduisant le bureau de police à la surveillance des fonctionnaires. En retour, on lui concéda l’établissement des deux sections du Tribunal révolutionnaire non encore installées, afin de porter leur nombre à quatre, comme Couthon et lui l’avaient inscrit dans la loi du 22 prairial. D’un commun accord, on décida de nommer, sous trois jours, les commissions populaires instituées par les décrets de ventôse pour réviser les dossiers des détenus. Elles devaient être quatre, elles aussi. Jusqu’à présent une seule existait : celle du Muséum, qui fonctionnait au Louvre. Enfin, on résolut de présenter à la Convention « un rapport général sur l’influence que l’étranger a tenté d’acquérir et sur les moyens de faire cesser la calomnie et l’oppression sous lesquelles on a voulu mettre les patriotes les plus ardents et qui ont rendu les plus grands services à la république », nota Barère dans le procès-verbal.
    Billaud-Varenne proposa de confier la rédaction à Saint-Just. Il accepta en spécifiant qu’il développerait tout le plan ourdi par les conspirateurs pour saper le gouvernement révolutionnaire, mais qu’il entendait rester respectueux à l’égard de la Convention et de ses membres. Billaud et Collot d’Herbois précisèrent à leur tour que le rapport devrait laisser entièrement de côté l’Être suprême, l’immortalité de l’âme et la vertu. Robespierre ne protesta point. On se sépara, la paix semblait faite. Plusieurs membres des Comités en répandirent la nouvelle. Claude n’y croyait pas du tout. En se rendant à la séance de la Convention, il dit assez rudement à Saint-Just :
    « Ainsi,

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