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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Ces deux dernières allégations étaient fantaisistes. Hébert n’y regardait pas de si près.
    De bonne heure, le lendemain, les commis du ministre Bouchotte, tous hébertistes, passaient dans les ateliers travaillant pour la Guerre. Ils débauchaient les ouvriers, les engageaient à demander du pain et une augmentation de salaire, les poussaient vers l’Hôtel de ville. Au passage, on faisait descendre les ouvriers du bâtiment travaillant sur leurs échafaudages et on les entraînait. D’autres agitateurs en amenaient des sections. Vers onze heures, la Grève était remplie. Une table avait été installée au centre de la place. Les manifestants se formèrent en assemblée, ils élurent un bureau qui rédigea en leur nom une pétition – préparée depuis huit jours par Hébert – et qui alla en donner lecture au corps municipal, peu après midi. Des discussions suivirent. Ce fut long. Un des délégués interpella le maire : « Y a-t-il des subsistances à Paris ? S’il y en a, mettez-les sur le carreau. S’il n’y en a pas, dites-nous-en la cause. Le peuple s’est levé, les sans-culottes qui ont fait la Révolution vous offrent leurs bras, leur temps et leur vie. » Pache répondit confusément. Le peuple était entré peu à peu à la suite de la délégation, et ces gens criaient : « Du pain ! du pain ! »
    Chaumette, accompagné par Dubon, se rendit au Palais national pour aviser la Convention de ce qui se passait. Dubon avait suivi Chaumette afin de le surveiller. Admis à la barre, il rendit compte exactement des faits. On devait craindre, ajouta-t-il, que des malintentionnés ne se mêlent au peuple pour amener des désordres plus graves. Il termina en déclarant :
    « Tous ces mouvements divers ne me paraissent avoir d’autre but que de retarder et empêcher, s’il se peut, le départ des citoyens mis en réquisition », ce qui était faux.
    Du fauteuil, Robespierre répondit au procureur de la Commune : « La Convention s’occupe des subsistances et par conséquent du bonheur du peuple. »
    En effet, sous la menace de l’émeute on avait lâché le dernier morceau. Maximilien donna lecture du décret qu’à la grande satisfaction de Collot d’Herbois on venait de prendre :
    « La Convention nationale décrète que le maximum des objets de première nécessité sera fixé, et renvoie à sa commission des subsistances pour lui présenter dans huitaine le mode d’exécution. »
    Chaumette et Dubon retournèrent à l’Hôtel de ville avec une copie de cette pièce. Le corps municipal avait levé sa séance, le Conseil général de la Commune s’était réuni dans la grande salle du premier étage maintenant remplie d’une foule entassée dans le large vestibule, dans les tribunes et jusque sur les gradins en hémicycle où siégeaient les municipaux. Chaumette, montant au bureau, lut le décret de la Convention. On n’y accorda nulle importance. « Ce ne sont pas des promesses qu’il nous faut, s’écria-t-on, c’est du pain, et tout de suite ! » Alors Chaumette fit volte-face. « Et moi aussi, proclama-t-il, j’ai été pauvre, par conséquent je sais ce que c’est que les pauvres ! » Dans le silence aussitôt survenu, il poursuivit : « C’est ici la guerre ouverte des riches contre les pauvres, ils veulent nous écraser, eh bien il faut les prévenir, il faut les écraser nous-mêmes, nous avons la force en main !… Je requiers, premièrement, qu’il soit transporté à la Halle une quantité de farine suffisante pour le pain nécessaire à la journée de demain, deuxièmement qu’il soit demandé à la Convention nationale un décret, pour organiser sur-le-champ une armée révolutionnaire, à l’effet de se transporter dans les campagnes où le blé est en réquisition, assurer les levées, favoriser les arrivages, arrêter les manœuvres des riches égoïstes et les livrer à la vengeance des lois. »
    C’était là l’essentiel des mesures demandées depuis huit jours aux Jacobins par Hébert et Royer, qui les avaient eux-mêmes reprises aux Enragés. Au milieu des acclamations, la Commune adopta les conclusions de son procureur. Triomphant, le petit Hébert intervint pour inviter les ouvriers à cesser demain tout travail afin de se porter en masse avec le peuple à l’Assemblée. « Qu’il l’entoure comme il l’a fait au 10 août, au 2 septembre et au 31 mai, et qu’il n’abandonne pas ce poste jusqu’à ce que la

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