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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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des princesses en question. Il faut y porter remède. » Et, le soir même, les « princesses » réintégraient Sainte-Pélagie. Sans s’émouvoir beaucoup. De la chambre contiguë, M me  Roland les entendait, à onze heures, souper joyeusement avec les officiers de paix qui les avaient ramenées en ce domicile. Les propos lestes et les rires pétillaient. Quelques jours plus tard, Manon écrivait à Montané, ex-président du Tribunal révolutionnaire : « M lle  Raucourt est ici. On parle beaucoup de ses grandes facultés, de ses goûts, que sais-je encore ? Elle a de l’esprit comme un vrai diable. »
    Le désastre de Toulon offrait l’occasion rêvée pour se débarrasser des Robespierristes en exploitant l’indignation générale, de la même façon que l’on s’était débarrassé des Brissotins. Hébert et ses amis ne doutèrent point de réussir un nouveau 31 mai. Comme on pouvait s’y attendre, Danton se mit à hurler plus fort qu’eux. Le 3o août, aux Jacobins, renforçant les accusations d’Hébert, il proclama : « La Convention fera avec le peuple une troisième révolution, s’il le faut, pour terminer enfin cette régénération de laquelle il attend son bonheur retardé jusqu’à présent par les monstres qui l’ont trahi. » Royer, l’orateur des fédérés, demeuré à Paris, demanda pourquoi on n’avait pas écouté les conseils de Marat quand il voulait purger la république de tous ses ennemis-nés : les aristocrates et les riches. « On n’écoute pas davantage, ajouta le curé, ceux qui parlent aujourd’hui. Faut-il donc être mort pour avoir raison ! Qu’on place la terreur à l’ordre du jour, c’est le seul moyen de donner l’éveil au peuple et de le forcer à se sauver lui-même. » Claude n’avait pas le temps d’aller au club. Robespierre, soutenu par Dubon, Renaudin, juré au Tribunal révolutionnaire, et quelques vieux Jacobins, fit son possible pour garder la société en main. On n’osa pas s’en prendre directement à l’Incorruptible, mais ceux qui l’appuyaient furent traités d’endormeurs.
    Les deux jours suivants, Héron, passé maître espion des Robespierristes au Comité, signalait une agitation très vive dans les sections, et Dubon avertit Claude que la Commune, prise dans le mouvement d’opinion qui l’emportait, ne pourrait pas résister aux Hébertistes et aux Enragés – Jacques Roux, incarcéré pendant sept jours, venait d’être remis en liberté – et à de plus obscurs meneurs des sections. Le 2 septembre, Billaud-Varenne, à la Convention, partit à fond avec sa sombre violence, contre le Comité de Salut public, lui reprochant de cacher la vérité au peuple en n’annonçant pas encore officiellement la perte de Toulon. Le soir, Hébert demanda aux Jacobins d’accorder l’affiliation à la Société des Femmes révolutionnaires, et il l’obtint quoique les liaisons de cette société avec les Enragés fussent bien connues : Pauline Léon, la principale auxiliaire de Claire Lacombe, était fiancée à Leclerc d’Oze. Les Hébertistes firent en outre décider que, le lendemain à neuf heures, le club s’unirait aux sections et aux sociétés populaires pour se rendre à la Convention.
    Robespierre réussit à empêcher cette réunion en faisant voter un emprunt forcé sur les riches pour assurer les subsistances, et enfin l’extension du maximum aux farines et fourrages. On cédait à la pression. Néanmoins les Hébertistes ne désarmaient pas. Le 3, Hébert avait publié dans son Père Duchesne un article à rendre jaloux Jacques Roux et Leclerc, pas plus « enragés » que lui à présent : « La patrie, foutre ! les négociants n’en ont point. Tant qu’ils ont cru que la Révolution leur serait utile, ils l’ont soutenue, ils ont prêté la main aux sans-culottes pour détruire la noblesse et les parlements ; mais c’était pour se mettre à la place des aristocrates. Aussi, depuis qu’il n’existe plus de citoyens actifs, depuis que le malheureux sans-culotte jouit des mêmes droits que le plus riche maltôtier, tous ces jean-foutre nous ont tourné casaque et ils emploient le vert et le sec pour détruire la république, ils ont accaparé toutes les subsistances… ils ont fait pis : ils ont nourri, habillé, approvisionné les brigands de la Vendée ; ils ouvrent en ce moment les ports de Toulon et de Brest aux Anglais, et ils sont en marché avec Pitt pour livrer les colonies. »

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