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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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continentale et établit la liaison, sur la frontière vietnamienne, avec le Viêt Minh. Entre la proclamation de l’indépendance et la victoire de 1975, il faudra néanmoins trente ans de guerres et de tueries pour que les communistes parviennent à leurs fins.
    Pour Pham Xuân Ân, le chemin est tracé depuis le milieu des années 1940. C’est celui de la résistance. Le jeune homme n’en mesure sûrement pas toutes les embûches et la longueur. « Au fond, je suis devenu communiste par nationalisme », m’a-t-il dit un jour. Mais est-il devenu vraiment communiste ? L’un de ses intimes vietnamiens m’a fait récemment la réflexion suivante : « Pham Xuân Ân est demeuré un Viêt Minh, il n’est jamais devenu un Viêt Công. » Le terme Viêt Minh est une référence à une Ligue, mise en place par les communistes contre la domination française, mais à laquelle se sont ralliés beaucoup de nationalistes. Vïêt Công – un raccourci pour Viêt Nam Công San, ou communiste vietnamien – est une expression à laquelle le régime de Sài Gòn a eu recours pour disqualifier toute velléité d’opposition. Pham Xuân Ân, entend dire cet ami commun, a conservé la mentalité d’un Viêt Minh. Il est resté attaché à l’esprit de 1945, celui d’une résistance avant tout nationaliste.
    Rien n’illustre mieux cette réflexion qu’une proclamation, rapportée par Paul Mus, des notables de Gò Công, coin perdu sur la mer de Chine du Sud, au sud de Sài Gòn, dans l’est du delta du Mékong. « Votre pays, avaient dit les notables, appartient aux mers occidentales, le nôtre aux mers de l’Orient. Comme le cheval et le bœuf diffèrent entre eux, nous différons par la langue, par l’écriture et par les mœurs. Si vous persistez à porter chez nous le fer et la flamme, le désordre sera long mais nous agirons selon les lois du ciel. Notre cause finira par triompher. Nous redoutons votre valeur mais nous craignons le ciel plus que votre puissance. Nous jurons de nous battre éternellement et sans relâche. Lorsque tout, tout nous manquera, nous prendrons les branches d’arbres pour en faire des drapeaux et des bâtons pour armer nos soldats. Comment alors pourrez-vous vivre parmi nous ? »
    Cette proclamation date de 1862, quand les Français ont occupé la Cochinchine. « Et si l’on n’a pas d’épée, que l’on prenne des pioches et des bâtons », a repris en écho Hô Chí Minh dans sa réponse, le 20 décembre 1946, au retour de l’année française. Au-delà des vicissitudes de la politique et des intérêts particuliers, le rétablissement de l’ordre naturel est un langage que les Vietnamiens comprennent. Comme les Chinois dans les temps anciens, les Occidentaux ne sont pas à leur place au Viêt Nam. Toute domination étrangère y tient de l’éphémère, quelles que soient les opinions politiques. Que les communistes vietnamiens aient manœuvré pour monopoliser ce message est une autre affaire.
    La contrepartie est évidente : au Viêt Nam, les rancœurs et les haines à l’égard de l’intrus sont passagères pour peu que l’ordre des choses se rétablisse. Je me souviens ainsi de la visite que Bill Clinton a tenu à faire au Viêt Nam en novembre 2000 avant de quitter la Maison-Blanche en compagnie de son épouse Hillary et de leur fille Chelsea. L’événement est alors salué comme une grande première. Les adversaires d’autrefois ont « normalisé » leurs relations et le Viêt Nam a bouclé son intégration dans le concert des nations. Aux yeux de la communauté internationale, un chapitre se referme ainsi, même quand les cicatrices demeurent ouvertes.
    Mais le public vietnamien réagit d’une manière bien différente. La visite suscite un élan de curiosité réservé, à l’heure de la télévision planétaire, à un couple célèbre. À Sài Gòn, je me trouve parmi la foule lorsque le cortège du Président américain se rend à l’hôtel de ville ou, plus exactement, au siège du Comité populaire de Hô Chí Minh Ville, le nouveau nom de l’agglomération. Comme à Hà Nôi la veille, les gens peuvent apercevoir, au fond de sa limousine blindée, un Clinton souriant et faisant un geste amical de la main. Des jeunes filles le trouvent « plus beau qu’à la télévision ». D’autres estiment son nez « trop gros ».
    Alors que Hillary Clinton procède à des emplettes dans un magasin climatisé de l’ancienne rue

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