Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
Vom Netzwerk:
Catinat, à deux coudées de Givral, John F . Kerry fait les cent pas à l’extérieur. Aucun des curieux ou des passants du coin, que la police tient un peu à distance, n’a alors reconnu la grande silhouette de l’ancien combattant archi-décoré devenu un sénateur au regard plutôt triste, futur candidat malheureux à la Maison-Blanche. La présence des Clinton et de leur entourage ne suscite aucune vague, sauf dans les rangs des services de sécurité. Que les autorités se gardent de faire trop publicité à cette visite tient de l’explication un peu courte. Il y a belle lurette que le public vietnamien a tourné la page. Pham Xuân Ân le premier.

Chapitre 4 La meilleure planque
    Appartenant à une génération d’adolescents happés par le grand mouvement de résistance qui enveloppe le pays dans les années 1940, Pham Xuân Ân s’est sérieusement impliqué, au début de la décennie suivante, dans les grandes manifestations contre la guerre, en janvier et en mars à Sài Gòn. Dans la foulée, il est convoqué par le D r  Pham Ngoc Thach dans la « zone D  », autre secteur tenu par le Viêt Minh dans le Sud. Compagnon de la première heure et médecin de Hô Chí Minh, le D r  Thach devait mourir en 1968, à l’âge de cinquante-neuf ans, alors qu’il redescendait vers le Sud par la piste Hô Chí Minh. Mais, au début des années 1950, il a la haute main non seulement sur le delta du Mékong mais également sur la « zone spéciale » formée par Sài Gòn, la ville adjacente de Cho Lón et le faubourg de Gia Dinh.
    Il veut faire de Pham Xuân Ân le premier agent d’un réseau de « renseignements stratégiques » du Viêt Minh. La tâche n’est pas facile. Cédant à la pression de leur famille, beaucoup de jeunes quittent une résistance qui n’en est qu’à ses débuts. Quand ils en ont les moyens, leurs parents les envoient poursuivre des études à l’étranger pour les mettre à l’abri de la guerre. Pham Xuân Ân n’est pas encore membre du Parti. Pour convaincre le jeune militant de devenir un agent de renseignements, le D r  Thach doit s’y prendre avec doigté.
    Pham Xuân Ân est loin d’être séduit. « Sous l’influence de la tradition familiale, dira-t-il plus tard, ce que je détestais le plus était les emplois liés au renseignement, aux services secrets ou à la police. Quand j’étais jeune, j’avais été arrêté à plusieurs reprises par la police pour avoir protesté. Quand j’ai pris part à des manifestations, j’ai vu la police battre les gens. Aussi, quand on m’a proposé ce travail, je n’étais pas très heureux. Comment pourrais-je faire un métier de chien de chasse ou d’oiseau de proie ? »
    Le D r  Thach clôt le débat en faisant valoir que l’on doit exécuter la mission assignée par la « révolution ». Pham Xuân Ân s’y résigne. Il reste à choisir la procédure à suivre.
    On ne peut être à la fois espion et activiste politique. Pham Xuân Ân a pris le risque de se faire ficher ou même emprisonner en participant activement à Sài Gòn aux manifestations antifrançaises ou contre les premières livraisons massives d’aide militaire américaine au corps expéditionnaire français. Il a notamment joué un rôle dans le grand défilé organisé lors des funérailles de Trân Van On, un étudiant tué par la police.
    En février 1952, à l’occasion du Nouvel An vietnamien – il s’en souvient très bien, « c’était l’année du Dragon », dit-il –, il prend un mois de congé du service des Douanes pour aller retrouver le D r  Thach dans la « zone D  ». Le médecin de Hô Chí Minh lui demande de couper tout contact avec le mouvement étudiant et de se doter d’un profil entièrement différent. Pham Xuân Ân s’exécute. En renonçant à toute activité politique publique, il se transforme, en quelque sorte, en « Vietamien bien tranquille ».
    Ses supérieurs communistes le testent avant de l’admettre dans leurs rangs. Il m’a raconté qu’il est devenu membre du PC vietnamien (à l’époque, Parti des travailleurs) en mars 1953 – « après la mort, précise-t-il, du maréchal Joseph Staline à Moskva » – et que cette admission a été célébrée l’année suivante dans la forêt d’U Minh, un bastion du Viêt Minh dans le delta du Mékong. Il a donc franchi le gué huit ans seulement après avoir contacté la résistance.
    L’engagement, il le sait, est sans

Weitere Kostenlose Bücher