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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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surveillaient constamment mes invités. Aidée de Maïa, elle faisait un excellent travail. Toutes les deux entretenaient la conversation et passaient les plats. Helena était hors de portée de ma voix. Si je l’appelais, elle ne m’entendrait pas. Je souhaitais pourtant la remercier. J’avais envie d’aller la chercher pour la conduire dans ma chambre où je lui ferais l’amour avec la plus grande passion, jusqu’à ce que nous ne puissions plus bouger ni l’un ni l’autre…
    — Où l’as-tu trouvée ? couina la voix de Maïa derrière mon oreille droite.
    Elle se pencha pour rajouter un morceau de ce succulent turbot dans mon assiette.
    — En fait, c’est elle qui m’a trouvé…
    — Cette pauvre fille t’adore !
    J’eus tout à coup l’impression d’être un homme sauvé de la noyade.
    — Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
    — La façon dont elle te regarde ! ricana Maïa.
    La seule de mes sœurs à éprouver de l’affection pour moi.
    Pensif, je me mis à triturer mon deuxième morceau de poisson. Le vacarme causé par huit personnes en train de parler en même temps m’assourdissait complètement. Je vis Helena lever la tête et me surprendre en train de l’observer intensément. Ce qui m’avait séduit d’emblée, chez elle, c’était ce mélange d’intelligence et de volonté qui éclairait son visage. Elle m’adressa un demi-sourire – comme pour me dire que tout le monde s’amusait bien à ma fête. Nous partageâmes un bref moment de communion de pensées.
    Titus César se pencha sur le côté pour lui dire quelque chose. Elle lui répondit avec le calme et la réserve qu’elle manifestait toujours en public. En ces occasions, j’avais du mal à reconnaître le tyran qui n’hésitait pas à me piétiner. Titus donnait l’impression de l’admirer autant que moi. Quelqu’un aurait dû lui dire que, quand le fils de l’empereur daigne s’abaisser à visiter la maison d’un pauvre hère, il peut manger son poisson, boire son vin, laisser ses gardes à l’extérieur pour impressionner les voisins – mais il ne doit flirter en aucun cas avec la petite amie de son hôte… Il avait impressionné toute ma famille. Je haïssais ce don flavien qu’il avait de s’adapter partout.
    — Amuse-toi ! me dit quelqu’un, comme c’est la coutume.
    Helena paraissait faire la leçon à Titus. Elle regarda vers moi, me laissant ainsi deviner que j’étais l’objet de la leçon. Je suis sûr qu’elle l’affrontait sur la façon dont j’étais traité par le palais. Je lui fis un clin d’œil. Il m’adressa un sourire contraint.
    Ma sœur Junia, en route pour je-ne-sais-où, se faufila devant moi. Elle jeta un coup d’œil en direction d’Helena.
    — Pauvre idiot ! Tu vas tout droit vers une déception, dit-elle, avec tout le mépris dont elle était capable.
    Et elle ne s’arrêta surtout pas pour voir si elle m’avait fait de la peine.
    J’étais l’hôte typique : épuisé et abandonné dans son coin. Mon poisson avait refroidi pendant que je tournais toutes ces pensées dans ma tête. Je remarquai alors avec aigreur qu’à l’endroit où mon propriétaire avait fait replâtrer le mur, une fois le plâtre séché, une fissure s’était ouverte sur toute la longueur du couloir, assez large pour que je puisse y glisser le pouce. J’étais censé présider une soirée romaine idéale : un repas délicat pour ma famille, mes meilleurs amis, et un homme puissant que je respectais – et pourtant, je me sentais déprimé. Après m’être fait insulter par ma sœur, je devais contempler sans rien dire le beau César en train d’essayer de séduire la femme que j’aimais – tout en sachant qu’après le joyeux départ de tous, il allait me falloir des heures pour tout remettre en ordre.
     
    Les membres de ma famille ont au moins une qualité, c’est que quand ils ont mangé et bu tout ce qui leur est tombé sous la main, ils disparaissent rapidement. Ma mère, arguant de son âge, donna la première le signal du départ. Heureusement, Silvia, la femme de Petronius, venait d’empêcher Titus (qui souhaitait se rendre utile) de jeter les restes du turbot ! Maman put donc partir en emportant la tête, le squelette, et la gelée restée sur le bouclier de service. Elle en ferait un bon bouillon. Petronius et Silvia se chargeaient de la raccompagner chez elle (avec son seau d’arêtes). Titus eut la présence d’esprit de lui dire quelque chose de

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