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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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et parlez-moi. Cela me fera du bien. Parlez-moi de cette vieille nourrice.
    — Il fait trop chaud ici. Venez dans la galerie, où il y aura plus d’air. Si vous le souhaitez, nous pourrons emprunter le passage privé jusqu’à la chambre à coucher de Sa Majesté le roi. Là, nous pourrons vider notre cœur dans un cadre agréable… et discret.
    — Je resterais coincée si je voulais passer par là. C’est trop étroit, et je suis trop grosse. Mais parlez-moi de votre nourrice. Pendant des heures, vous avez écouté mes doléances, et vous ne m’avez jamais dit quelles sont vos origines.
    — Venez d’abord, dit-elle en lui tendant la main.
    Johana quitta son siège, lissa sa robe et s’en alla bras dessus bras dessous avec Margarida dans la galerie dallée qui dominait la petite cour du palais.
    — Je viens d’Écosse, déclara Margarida. Ce n’est pas aussi loin, aussi sauvage et aussi froid qu’on veut bien le dire, mais je dois tout de même avouer que ce n’est pas comme ici. Chaque jour, qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve, ou même lorsque les vents hurlaient sur la lande, porteurs de neige et de glace, ma nourrice m’obligeait à sortir.
    Margarida se pencha à la balustrade pour observer les arbustes bien taillés dans la cour ensoleillée.
    — L’Écosse ne ressemblait en rien à cela, reprit-elle avec un geste qui englobait la cour et ses arbres, le soleil et l’air chaud. Mais ma nourrice avait coutume de dire que le vent frais fait des enfants robustes. « Il faut marcher chaque jour, Mary », disait-elle quand elle me prenait par la main et m’entraînait dans la campagne alors que je tremblais sous ma pèlerine.
    — Mary ? répéta Johana en hésitant sur ces sonorités peu familières.
    — Oui. Ne vous ai-je pas dit qu’on m’appelait ainsi ? Ce n’est pas un nom compliqué, mais notre défunte reine était comme vous, ma chère Johana, elle ne parvenait pas à le prononcer. Elle a donc décidé de m’en donner un nouveau.
    — Pourquoi pas Maria ?
    — La reine Maria disait qu’il y en avait déjà assez à la cour, et elle n’en voulait pas une de plus. Comme c’est l’un de mes autres prénoms, elle a choisi de m’appeler Margarida. Je m’y suis faite. Venez, dit-elle en la prenant par la main.
    Les galeries qu’elles parcouraient et les pièces qui donnaient dessus relevaient des appartements royaux, installés pour Sa Majesté la reine et pour les filles du roi ainsi que pour leurs dames de compagnie. Elles dominaient la cour et, des fenêtres au sud, on voyait le verger de Sa Majesté. Cette disposition permettait aux dames royales de vaquer à leurs activités sans subir les regards des jeunes officiers désœuvrés et parfois tapageurs en garnison au palais.
    Les officiers avaient pour eux la grande cour : ils y jouaient aux cartes ou aux dés, ils s’entraînaient à l’arc en visant les murailles, à moins qu’ils ne tirent sur des lapins assez fous pour s’échapper de la devesa royale, la réserve de chasse située au sud du palais.
    — Cela m’a fait un plaisir extrême de parler d’autre chose que de mes infortunes, Margarida, dit Johana avec un sourire forcé, mais je crois que je vais devoir regagner mes appartements.
    — Certainement pas. Vous allez m’accompagner dans la cour de Sa Majesté la reine. J’ai demandé qu’on nous apporte des rafraîchissements sous les arbres. Nous nous assiérons, nous mangerons et nous bavarderons. Je ne vous ai pratiquement pas parlé depuis le jour où vous avez quitté les bons soins des sœurs. Vous m’avez manqué, Johana. Venez, vous n’êtes pas trop grosse pour descendre dans la cour.
    — Je marche toujours, dit Johana. Je sors tôt le matin. C’est ainsi que j’échappe aux regards appuyés des officiers et à la sympathie des dames. Mais puisque vous insistez, Margarida, je n’ai plus la force de résister.
    Elle suivit docilement son amie jusqu’à l’escalier. Elles s’assirent à l’ombre d’un citronnier ; entre elles, une servante disposa une petite table où fruits, viandes froides, olives et noix étaient particulièrement tentants.
    — Vous devez manger, lui conseilla Margarida. On m’a dit que vous n’avalez quasiment rien.
    — Je ne peux pas, répondit-elle. Une olive m’étoufferait.
    — Pour l’amour de l’enfant que vous portez, vous devez manger, insista Margarida.
    Elle prit une poire mûre et en découpa une tranche que Johana mangea

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