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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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sûre. Bien entendu, un des geôliers que nous avons soudoyés a pu l’être une seconde fois pour nous trahir.
    — Qui haïrait assez Don Arnau pour cela ? Je suis persuadée que vous l’avez déjà très bien payé et que vous lui en avez promis davantage s’il restait fidèle à sa parole. Et l’on vous dit toujours très riche. N’est-ce pas vrai ?
    Johana ignora cette ultime question et préféra secouer la tête.
    — Oui, il a été grassement payé, et il devait l’être encore plus si l’évasion réussissait. J’ignore qui est notre ennemi. Tout ce que je sais, c’est que mon mari est comme mort. S’il se remet, il sera jugé, condamné et exécuté avant que je puisse le faire sortir du pays. J’ai supplié le procurateur, Margarida. Et le connaissant comme vous, je lui ai offert de l’or – beaucoup d’or. De tout évidence, il refuse de m’entendre.
    — Je veux bien le croire, il est en effet sourd aux suppliques des femmes. Mais à votre or… cela m’étonne. Il y a peu de choses que ses amis et lui-même ne feraient pour s’enrichir encore et toujours. Il doit penser qu’il gagnera plus à rejeter votre demande qu’à l’écouter.
    — Vous voulez dire que quelqu’un aurait surenchéri sur moi ?
    — Vous voyez une autre raison à son refus ? Il vous faut chercher de l’aide ailleurs.
    — À qui d’autre puis-je m’adresser ? À l’oncle de Sa Majesté, le prince Pere ? Il ne me connaît pas et, je le crains, ne fait pas confiance à Arnau.
    — Je vais écrire à Sa Majesté la reine, dit Margarida. Et quand la princesse Constança arrivera, elle écrira à son père le roi.
    — J’ai peur qu’il ne soit trop tard, ma pauvre Margarida. Mon mari sera déjà mort.
    — Nous allons nous en occuper, dit Doña Margarida d’une voix assurée.
     
    Après le dîner, qu’elle prit dans sa chambre, Johana sortit une fois de plus. Elle ne supportait pas la frivolité de la conversation des dames demeurées au palais, mais elle acceptait encore moins la solitude. Margarida avait réveillé en elle la soif de parler à quelqu’un. Elle était, hélas, introuvable. Johana s’assit dans la petite cour ; la chaleur de l’après-midi et les nuits d’insomnie concouraient à la rendre somnolente. Elle ferma les yeux et s’efforça d’oublier un bref instant tout ce que la vie lui avait pris.
    — Vous semblez bien paisible, dame Johana, dit une voix masculine. Après tout ce que j’ai entendu dire, je m’attendais à vous trouver abîmée dans le chagrin et incapable de parler.
    — Vraiment, monseigneur ? répliqua Johana en haussant un sourcil. Et pourquoi donc ?
    — Je croyais que la douleur d’une veuve s’exprimait ainsi, dit Bernard Bonshom, seigneur de Puigbalador.
    — Je n’ai pas encore été informée de mon veuvage. Quand le moment viendra, s’il vient, j’exprimerai sans doute mon affliction.
    — C’est vrai, mais un homme dont l’épouse bien-aimée est sur le point de trépasser la pleure autant que s’il l’avait déjà perdue. Je ne croyais pas les femmes si différentes.
    — Peut-être ne le sommes-nous pas, dit Johana en bâillant. Mais vous, monseigneur, que je pensais libre de tout souci, me semblez fort préoccupé.
    — Je le suis, en effet, dame Johana. Ce ne sont pas des choses importantes, je l’avoue, plutôt tout un fatras de bêtises. Je sors de dîner avec maître Pere Vidal, un homme ridicule qui, deux heures durant, m’a servi en plus de son vin toute une litanie de jérémiades.
    — De quoi maître Pere Vidal a-t-il à se plaindre ? demanda vivement Johana.
    — Je comprends votre courroux, dit Bonshom. Comparé à la situation de votre mari, il atteint à la perfection. Mais c’est un homme ambitieux, madame, très ambitieux. Si ambitieux même qu’il abandonnerait une partie de son or pour voir sa fille épouser un personnage titré. S’il se plaignait, c’est que l’entreprise qu’il a montée avec votre mari pourrait bien sombrer dans la tempête.
    — La tempête ?
    — Celle qui vous a fait tomber si bas, pardonnez-moi de le dire. Si cela se produit, comment pourra-t-il donner à son enfant une dot digne d’un noble ?
    — Qu’attendait-il de vous, monseigneur ?
    — Il pensait que je pourrais régler le problème en chuchotant quelques paroles à la personne idoine.
    — Et le pourriez-vous ?
    — Si cette demande m’était exprimée par quelqu’un de précis, je le

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