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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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fois-ci, dit-il. C’est peu judicieux.
    — J’ai parlé au prêtre, dit le petit homme. Je crois qu’il est furieux que nous l’ayons envoyé dans le Call.
    — Nous ?
    — Pardon, señor. Que je l’aie envoyé dans le Call.
    — Voilà qui est mieux.
    — Il faut s’occuper de lui, intervint son compagnon.
    — Que suggères-tu ? De l’acheter ? Je ne sais pourquoi, mais je le vois mal céder à un tel argument.
    — J’ai plusieurs idées en tête, continua l’autre. Où as-tu dit qu’il allait ?
    — Je l’ignore, répondit le petit homme. Il ne me l’a pas révélé.
    — Sais-tu quand au moins ?
    — Cet après-midi. Je pense qu’il est déjà parti.
    — On pourra le rattraper, affirma son compagnon.
     
    Bien qu’ayant souvent répété qu’il était pressé, le père Miró n’arriva au palais royal qu’au moment où pratiquement tout le monde avait fini de dîner. Il trouva sans difficulté la personne à qui il devait confier le message émanant du malade. Après une heure ou deux de conversation çà et là, il reprit sa mule et partit vers le Conflent.
    Le soleil baissait déjà. Il poussa sa monture jusqu’à ce qu’elle adopte un train rapide mais peu agréable qui avale les milles. Ses pensées alternaient entre son inconfort présent, son inquiétude pour l’homme avec qui il avait passé la matinée et la situation qu’il devrait affronter une fois arrivé au but.
    C’était un savant qui avait passé de longues années à étudier le récit des grandes batailles menées pendant deux siècles contre les cathares et les vaudois. Pour cette raison, on l’avait envoyé enquêter sur les accusations contenues dans une lettre mal écrite qu’avait reçue son supérieur. On y parlait pêle-mêle de sorcellerie, d’hérésies du temps passé et de nouveaux rituels obscènes qui, pour l’auteur, corrompaient les âmes de son village et déchiraient le cœur du diocèse.
    Il était d’accord avec ceux qui l’envoyaient pour reconnaître que, dans ce genre d’affaires, mieux valait arriver le plus vite possible. Cela faisait des années que les sables bordant la Têt n’avaient plus constitué le décor des bûchers réservés aux accusés de Perpignan, mais bientôt, dans le petit village où il se rendait, quelqu’un pourrait avoir envie de résoudre seul le problème en pendant les suspects ainsi que leurs familles, pour faire bonne mesure. Même s’il n’était pas l’un d’eux, nombre des membres de l’archidiocèse croyaient qu’en plus de son savoir il possédait le don divin de lire dans le cœur des hommes et de séparer les accusations calomnieuses des soupçons fondés.
    Quand on lui demandait comment il s’y prenait, il répondait habituellement : « C’est chose facile. Quand on parle aux gens, on voit la différence qu’il y a entre la terreur que l’innocent éprouve devant une injuste accusation et l’angoisse du vrai coupable. J’écoute leurs réponses, rien de plus. » Mais nul ne le croyait, et sa réputation ne le quittait pas.
    Il poursuivait son chemin, tuant le temps en passant cette journée en revue et en s’interrogeant sur celle du lendemain. Comme le soleil disparaissait derrière les montagnes, il ne ralentit pas mais murmura une prière de remerciement pour ce jour qui lui avait été accordé et une autre pour le pardon de ses péchés.
    Cela fait, il se demanda où il passerait la nuit. La route s’était considérablement rétrécie et elle était maintenant assez escarpée. La mule ralentit et le père Miró calcula qu’une heure à allure modérée le conduirait dans l’hostellerie d’un monastère. Le ciel était encore rouge et orange de la splendeur du crépuscule ; il resterait assez de lumière pour que sa mule trouve le chemin du monastère en question.
    Derrière lui, il entendit un cheval monter la colline au triple galop. Il n’eut pas le temps de se retourner pour voir ce qui se passait : un formidable coup s’abattit sur sa nuque et il fut projeté loin de la route, dans le ruisseau qui coulait en contrebas.

CHAPITRE XII
    Raquel était dans la cour, son ouvrage négligemment posé sur ses genoux. Jacob et son frère se tenaient à l’écart pour parler en toute quiétude et Raquel s’intéressait à une conversation entre Bonafilla et son père. Ou, plus exactement, à ce qu’Astruch disait à sa fille, car celle-ci semblait avoir peu de choses à lui répondre.
    — N’êtes-vous pas de

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