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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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mon avis, maîtresse Raquel ? demanda maître Astruch. À savoir que Bonafilla sera plus heureuse ici. Elle trouvera une amie en maîtresse Ruth, quelqu’un susceptible de converser avec elle et de la conseiller. Mener sa propre maison est une responsabilité quand on n’y est pas accoutumé.
    — D’autres le font bien, dit Bonafilla.
    — C’est vrai, répliqua son père, mal à l’aise, avant de se retourner vers les autres hommes. Jacob, mon ami, je viens de me souvenir d’un détail que j’aimerais aborder avec vous.
    — Venez dans mon cabinet, proposa Jacob, nous y serons plus à l’aise.
    — Bien. Nous laisserons ainsi les jeunes gens ensemble.
    David se dirigea vers sa future épouse.
    — Moi aussi, il y a des choses dont j’aimerais vous entretenir, Bonafilla. Me rejoindrez-vous près du citronnier ?
    Bonafilla adressa un regard paniqué à Raquel et se leva.
    — Bien sûr, murmura-t-elle en serrant son ouvrage contre elle comme s’il pouvait la protéger.
    Elle se dirigea vers le banc comme un prisonnier courageux qui monte au gibet.
    Raquel tourna le dos au couple. Elle était en plein dilemme. Sa présence dans la cour était nécessaire à leur conversation ; si elle les laissait seuls, elle savait que Bonafilla courrait la rejoindre. Mais, dans le calme de l’après-midi, à cause du souffle de l’air chaud ou de la position qu’elle occupait, elle saisit chacun des mots qu’ils prononcèrent. Se déplacer, c’était leur faire comprendre qu’elle avait entendu leurs propos. Elle se pencha donc sur son ouvrage et joua les sourdes.
    — Votre promenade de cet après-midi a été agréable ? lui demandait David.
    — Je n’ai pas bougé, répondit très vite Bonafilla. J’ai encore bien des choses à préparer pour demain.
    — Vous n’êtes donc pas sortie chaque après-midi depuis que vous êtes ici ?
    — Ne puis-je quitter la maison de temps en temps ? lui lança-t-elle.
    Raquel se retourna suffisamment pour la voir rejeter la tête en arrière ainsi qu’elle le faisait souvent. Bonafilla avait choisi une stratégie plutôt risquée, celle de s’attaquer à un adversaire dont la force et les réactions lui étaient inconnues.
    — Je ne sors jamais découverte ni seule, ajouta-t-elle. J’ai besoin d’air et d’exercice, comme tout un chacun.
    — Vous semblez détester l’air et l’exercice quand la famille les recherche, dit-il sans la quitter des yeux. Ou même votre amie, Raquel. Vous préférez sortir en catimini de la maison quand tout le monde se repose. Me prenez-vous donc pour un sot, Bonafilla ?
    — Vous m’avez espionnée ? l’accusa-t-elle.
    Raquel fit tomber son dé à coudre et se pencha pour le ramasser, ce qui lui permit de mieux voir les joues de Bonafilla, rouges de colère, et le visage de David, blanc de fureur.
    — Non, ma belle Bonafilla, je n’ai rien fait de tel. Je n’en ai nul besoin. Vous manquez de discrétion autant que de vertu. Il est difficile de ne pas voir ce que vous faites alors que les serviteurs et presque toute la maisonnée l’ont remarqué.
    Soudain, sa voix changea et sa colère contenue se déversa en une suite de mots aussi froids que précis.
    — Je ne veux pas d’une femme qui me prenne pour un niais et me fasse cocu, Bonafilla. Peu importe votre beauté, peu importe votre richesse. Si vous croyiez vous offrir un mari complaisant, vous vous trompiez. Qui est-ce ?
    — De qui parlez-vous ? dit Bonafilla d’une voix si faible que Raquel eut du mal à l’entendre.
    — Votre amant. L’homme qui vous a suivie depuis Gérone. L’homme que vous rencontrez chaque après-midi, après dîner, sur la place proche du marché aux grains. Vous faites une piètre menteuse, Bonafilla. Votre comportement contredit chacune de vos paroles.
    — Ce n’est pas ce que vous croyez, David. Je vous le jure.
    — À moins que vous ne parveniez à vous expliquer, Bonafilla, et à m’apporter des preuves irréfutables, je vous promets que, devant le Seigneur et tous les témoins de notre mariage, je vous répudierai pour dévergondage. Je vous laisse et vous souhaite une bonne soirée.
    Il s’inclina de façon assez raide et quitta la cour.
    Bonafilla enfouit son visage dans ses mains et pleura.
    Après avoir attendu que David se fût suffisamment éloigné, Raquel se dirigea vers Bonafilla et la prit par la taille, sans ménagement, avant de l’entraîner dans l’escalier. En montant, elle aperçut la

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