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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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les catholiques. Invectivant le gouvernement de Gladstone, ils sont allés jusqu’à menacer de jeter la couronne dans la Boyne. De même, le maire de Cork a prononcé un discours justifiant O’Farrell d’avoir tiré sur le duc d’Édimbourg. Les électeurs de Tipperary ont illégalement élu à la députation le prisonnier fenian Jeremiah O’Donnovan, alias « Rossa ». Décidément, le problème irlandais n’est pas un mécontentement superficiel, qui pourrait se résoudre par une simple démonstration de royale bienveillance.
    À tout le moins, Victoria se convainc que la réforme électorale éloigne pour l’heure la menace républicaine, quoi qu’en pense Mr Gladstone. Elle a également conscience que son repli prolongé sur elle-même a pu passer pour de la hauteur, son chagrin pour de l’arrogance : sa vénération du souvenir paraît réactionnaire. Après le septième anniversaire de la mort du prince consort, Victoria autorise enfin la maison royale à quitter ses habits noirs obligatoires, pour porter le blanc, le mauve et le gris du demi-deuil.
    Au printemps 1869, Sa Majesté consent à rencontrer quelques personnalités du monde des arts et des lettres. Chez le doyen de Westminster, elle fait la connaissance de l’historien Thomas Carlyle. L’excentrique personnage demande la permission exceptionnelle de s’asseoir en présence de la reine, en raison de son grand âge. Avec son splendide accent écossais, il lui sert un discours mélancolique et fleuri sur la dégénérescence de toute chose. On lui présente également l’historien George Grote, le géologue Sir Charles Lyell, le poète Robert Browning et leurs épouses.
    Chose rassurante : le moindre de ses gestes pour montrer qu’elle a entendu les critiques qui lui sont adressées amadoue sans délai l’humeur du public. Par exemple, elle se rend à la City pour inaugurer le nouveau pont de Blackfriars et le viaduc de la Fleet, entre Holborn Hill et Newgate Street. Les chômeurs de Londres ont prévu une manifestation sur tout le parcours. Ils font savoir au dernier moment qu’ils y renoncent, par égard pour Sa Majesté, qui s’applique de son mieux à accomplir son devoir.
    Victoria estime d’autant plus nécessaire de veiller à préserver la bonne image de la monarchie que celle qu’en donne Bertie lui paraît déplorable. En mars 1870, elle est tout à fait mortifiée qu’il doive comparaître, comme témoin, au procès en divorce pour faute que Sir Charles Mordaunt intente à son épouse. Le prince de Galles n’a rien à se reprocher : on l’en croit sur parole. Néanmoins, que n’adopte-t-il un mode de vie qui le mette une fois pour toutes au-dessus de ces indignités !
    Dans la même campagne de relations publiques, Victoria obtient enfin de Charles Dickens qu’il accepte son invitation à Buckingham Palace. Elle avait souhaité le rencontrer en plusieurs occasions, mais à chaque fois il s’était dérobé. Elle n’a pas oublié qu’après avoir lu Oliver Twist elle avait tenté sans grand succès de convaincre Lord Melbourne, son Premier ministre d’alors, de prendre des mesures pour réglementer le travail des enfants. Au fil des années, elle s’est davantage intéressée aux romans de Walter Scott ou de George Eliot. Sir Arthur Helps, clerc du Conseil privé et écrivain lui-même, la renseigne sur l’œuvre de « l’auteur dont le nom sera désormais étroitement associé à l’ère victorienne ». Dickens a tout juste sept ans de plus que Victoria, mais il est gravement malade. Il lui parle de ses tournées en Amérique, lui montre les photographies des champs de bataille de la guerre de Sécession qu’il en a rapportées. Puis il en vient au fait de la rigide division de la société britannique en classes sociales, dont il espère qu’elles disparaîtront progressivement. Victoria lui offre un exemplaire dédicacé de ses Feuilles de notre journal  : « Du plus humble des écrivains à l’un des plus grands ». Trois mois plus tard, elle reçoit à Balmoral un télégramme lui annonçant la mort de Charles Dickens.
    Toutefois, l’été 1870 est marqué par des événements d’une autre importance. Une querelle éclate entre la France et la Prusse. Napoléon III s’oppose à l’accession du prince Léopold de Hohenzollern au trône d’Espagne. Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse et ses armées marchent vers le Rhin. Tandis que l’empereur des Français

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