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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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catholiques et sapent le protestantisme, parce que votre Église est réellement protestante et que toutes les formes catholiques en sont expurgées. Mais ici, les fleurs, les croix, les vêtements, tout cela signifie quelque chose de très dangereux ! Dieu merci, l’Église écossaise est une place forte du protestantisme, des plus précieuses en ces royaumes. »
    En réalité, l’engagement de Victoria pour défendre sa prérogative de chef de l’Église anglicane est une façon à peine détournée de prendre part à la campagne électorale de 1873. La reine veut reprendre en main son Église d’État. Elle est d’avis que le Parlement devrait investir ses archevêques du pouvoir d’interdire ces « tendances romanisantes », pour éloigner la contagion « papiste ». Dans les lettres qu’elle adresse au doyen de Westminster, Arthur Stanley, elle regrette ces disputes entre catholiques et protestants, qui de son point de vue relèvent d’un autre âge. Néanmoins, elle ne comprend pas ce courant ritualiste autrement que comme une sorte d’agression papiste. «  En fait, dans les formes nous NE sommes PAS protestants, bien que nous le soyons par la doctrine », déplore-t-elle.
     
    En janvier 1874, le prince Alfred, duc d’Édimbourg, épouse la grande-duchesse Maria Alexandrovna de Russie à la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg. Victoria n’assiste pas au mariage. Néanmoins, elle s’y fait représenter par le doyen Stanley, qui remet aux jeunes époux deux boîtes de présents accompagnées d’une lettre de la reine. Dans le premier colis se trouvent deux brins de myrte pour le bouquet de Maria. Ces rameaux proviennent d’une plante d’Osborne, issue du bouquet de Vicky en 1858, qui a fourni ceux de toutes les mariées de la famille royale d’Angleterre depuis lors. Le deuxième paquet contient deux exemplaires du Livre de la prière commune , recueil fondamental de l’anglicanisme. L’un est relié en blanc, avec des enluminures et des poèmes, que Victoria a fait imprimer spécialement pour Maria. Celui d’Alfred est un volume ordinaire. Ils serviront en premier lieu pour la cérémonie anglicane.
    « Ma chère mère nous a donné, à mon mari bien-aimé et à moi-même, des livres de prières que j’ai toujours et que j’utilise souvent, particulièrement celui du cher Prince. »
     
    Au même moment, à Windsor, Disraeli s’agenouille devant la reine et lui baise la main en disant : « Je voue ma foi à la plus magnanime des maîtresses. » Les élections générales de 1874, les premières qui se soient tenues à bulletin secret, viennent de donner une forte majorité aux conservateurs. La troisième force à la Chambre des communes est désormais le parti du Home Rule, celui des nationalistes irlandais. Sa Majesté demande à son nouveau Premier de soutenir une loi de régulation du culte public, introduite par l’archevêque de Cantorbéry, Archibald Campbell Tait, destinée à réprimer les tendances ritualistes dans l’Église d’État.
    « Le Premier ministre, écrit Victoria à Disraeli, devrait faire savoir au gouvernement combien la reine est déterminée et combien elle est fidèle à la foi protestante, car c’est pour la défendre et la maintenir qu’elle et sa famille ont été placées sur le trône ! Elle avoue qu’elle se demande souvent où est passée la fibre protestante des Anglais. »
    Disraeli a l’air fatigué et vieilli. Ses cheveux teints soulignent la pâleur de son visage creusé de rides. Peu importe ! Il retrouve sa Fée, dont tout indique qu’elle est enfin réveillée de son trop long envoûtement. « Il vit pour Elle, lui écrit-il, travaille pour Elle, et sans Elle tout est perdu. »
     
    Le retour à Londres du prince Alfred et de sa nouvelle épouse ne va pas sans quelques tensions. La grande-duchesse Maria Alexandrovna, jeune femme de 20 ans très fière de sa naissance, se sent un peu à l’étroit dans le personnage de duchesse d’Édimbourg. Victoria la décrit dans son journal comme pour l’apprivoiser. Elle la trouve fort bien élevée, mais pas très jolie.
    « Le menton est si court et plonge dans la gorge, le cou et la taille sont trop longs pour le visage de la chère petite, bien que le buste soit très mignon, et puis elle se tient mal et marche mal. Elle est toutefois très à l’aise avec moi, nous nous entendons très bien et elle est très sensée. »
    Très vite, néanmoins, la reine

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