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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dans la rue. Son regard argenté s’illumina lorsqu’elle constata qu’Helena était venue dans une chaise en cèdre. Elle fit toutes sortes de manières pour y installer ma compagne, arranger avec art son étole de soie et allumer nos lanternes à l’aide d’un lumignon, de façon à ce que les voisins puissent jouir de l’effet maximum. Puis elle tapota l’épaule d’Helena :
    — Ne t’inquiète pas au sujet de Veleda. Elle ne t’arrive pas à la cheville.
    — Mais je ne serai pas sur place ! répondit Helena Justina d’un ton pitoyable.

39
    Comme nous approchions de notre gîte, deux petites silhouettes détalèrent dans les ténèbres. Elles avaient dû s’embusquer pour attendre notre retour, puis perdre patience et déguerpir. C’étaient ma nièce et sa petite camarade. Je les rappelai avec humeur, mais elles firent mine de ne pas m’entendre.
    Justinus était revenu. Il espérait encore apprendre ce que contenait la lettre de Titus, mais Helena refusa à nouveau d’y faire allusion. Il nous annonça ensuite qu’il s’était porté volontaire pour m’accompagner jusqu’à Vetera. Je me demandai si, en réalité, il ne s’était pas engagé pour l’intégralité de l’expédition, mais ni lui ni moi n’en discutâmes devant Helena. Ce fut elle, en la circonstance, qui me prit à part pour m’administrer quelques remarques bien senties concernant la protection de son frère, avant de l’entraîner, lui, pour en ajouter autant sur ma protection.
    Les fillettes se glissèrent dans la maison.
    — Dites voir, vous deux, il y a une chose que je veux que vous compreniez bien : les femmes de mon foyer ne sortent pas la nuit !
    Mes propos déclenchèrent les habituels éclats de rires, pour être aussitôt oubliés. La veuve ubienne, femme silencieuse qui semblait assez compétente, tentait de mettre les deux gamines au lit. Augustinilla se mit à pleurnicher. Arminia, dans le même état de fatigue, profita de l’occasion pour observer les manières que faisait son amie, étonnée de voir quelqu’un se tenir aussi mal. Je réprimai mon agacement lorsqu’Helena me lança :
    — Cesse de crier, Marcus. Ça ne sert à rien. Ce n’est qu’une gamine épuisée, lâchée au milieu d’inconnus loin de chez elle. Elle a mal à une dent, et sa poupée est cassée.
    La joue de ma nièce était rouge et vilainement enflée, et il manquait un bras à la poupée qu’elle promenait partout.
    Je m’étais efforcé d’ignorer ces détails, car j’aurais cent fois préféré arracher une de mes propres dents plutôt que celle d’un enfant. Par chance, Augustinilla refusa d’ouvrir la bouche pour me faire voir.
    — Ça m’évitera de me faire mordre ! Bon. Mieux vaudrait organiser l’enterrement de la poupée et l’incinérer comme l’exige la décence !
    — Tais-toi, Marcus. Tonton Marcus va la réparer, Augustinilla. Donne-lui les morceaux sans quoi il ne va rien pouvoir faire.
    — Il y arrivera pas, c’est un nul…
    Je gémis sans bruit. Je ne suis pas complètement insensible. La poupée, en tout cas, me faisait peine. Mais j’avais déjà remarqué que les membres de la petite chiffe étaient assemblés à l’aide de disques en terre cuite d’un modèle qui, je le savais, faisait des réparations une vraie corvée.
    — J’essaierai… mais ne viens pas me traiter d’assassin si ta poupée tombe en morceaux. Et si j’entends quelqu’un dire « Marcus, tu as un cœur d’or », je quitte la maison.
    Helena marmonna d’un ton virulent :
    — Il me semblait que, de toute façon, tu quittais la maison !
    — Non, ma jolie. Mon laissez-passer n’est pas encore signé.
    La réparation de la poupée prit à peu près une heure et demie. Et je n’exagère pas.
    Justinus avait renoncé à tout espoir de conversation civilisée, sans même parler de dîner. Il prit congé de bonne heure, nous laissant à nos invectives ravalées. Les fillettes, enroulées dans des couvertures, me regardaient faire. Helena et la suivante ubienne mangèrent ensemble sur le pouce, s’abstenant de parler comme si j’étais le genre d’ouvrier qui risque à tout moment d’exploser à tort et à travers. Elles mangèrent du saucisson. Pour ma part, je dus refuser, pour éviter d’avoir les mains grasses.
    Comme de bien entendu, la tête de l’articulation se renfonça subitement dans son logement sans le moindre problème. Les spectatrices échangèrent toutes des regards, comme si elles se

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