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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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demandaient pourquoi il avait fallu en passer par autant de jurons et de temps perdu. Augustinilla me décocha un regard hostile, s’empara de la poupée qu’elle plaqua contre sa joue enflée et s’endormit sans un mot de remerciement.
    Je me sentais à bout de nerfs.
    — Viens, on sort ! grondai-je à l’intention d’Helena.
    — Je croyais que tes femmes étaient bouclées après le couvre-feu.
    — J’ai besoin de m’isoler des autres.
    — Dans ce cas, pourquoi vouloir de ma compagnie ?
    Je lui effleurai brièvement la nuque.
    — Il faut que tu soies avec moi.
    Je décrochai une lampe et me glissai hors de la maison pendant qu’Helena ramassait vite fait les manteaux qu’elle et moi avions portés l’après-midi, puis m’emboîtait le pas.
    — Merci de t’être donné la peine, risqua-t-elle, tandis que je lui attrapais la main pour marcher avec elle. Tu as déjà bien assez à penser…
    — Pas la peine de risquer sa peau si ça ne permet pas aux enfants de croire en un monde où il y aura toujours des magiciens pour réparer leurs jouets cassés.
    L’argument était plat. Je le trouvai réconfortant : inutile d’être un héros si ça ne permet pas de déblatérer des banalités conventionnelles.
    — Elle a vraiment mal à la dent, Marcus. Ça t’ennuierait que je l’emmène faire un pèlerinage qui la guérisse ?
    Je l’assurai que non, pourvu que sur place tous les efforts soient déployés pour noyer Augustinilla dans une source sacrée.
    J’entraînai Helena jusqu’à la rive du fleuve. Je réussis à dénicher un jardin. Nous étions presque à la mi-octobre, mais on y sentait des roses, sans toutefois les apercevoir.
    — Les gens doivent avoir des fleurs remontantes, comme les roses mousseuses de Pæstum… (Je renversai la tête en arrière et inspirai profondément jusqu’à ce que je me sente plus posé.) Je suis en train de penser à un autre jardin, Helena. Un jardin près du Tibre où je me suis rendu compte que j’étais fou amoureux…
    — Tu n’as que des jolies choses à la bouche, Falco.
    Avec sa mince étole sur les épaules, Helena frissonnait. Je l’attirai contre moi de façon à pouvoir nous envelopper tous les deux dans ma cape. Mais elle était d’humeur grincheuse, sur la défensive :
    — Qu’est-ce qu’on fabrique ici ?
    — Tu as à me parler.
    — Oh, ça oui ! renchérit-elle. J’ai tâché de le faire toute la soirée, mais est-ce que tu m’écoutes ?
    — Accorde-moi que je suis venu pour ça.
    Vaincue par mes propos raisonnables, elle soupira.
    — Merci.
    Dégageant son bras, elle le tendit vers l’autre rive. Le fleuve était moins large ici qu’à Moguntiacum, mais tout de même assez pour que nous parvenions tout juste, dans l’obscurité, à distinguer l’autre côté. S’il y avait des lumières, nous ne les voyions pas.
    — Regarde là-bas, Marcus. C’est presque un autre continent. Là-bas, c’est l’antithèse de tout ce qu’incarne Rome. Des peuples nomades. Des dieux sans noms dans des lieux déserts. Pas de routes. Pas de forts. Pas de villes. Pas de forums, pas de bains publics, pas de tribunaux. Rien d’organisé, et aucune instance à qui faire appel.
    — Et pas d’Helena, ajoutai-je.
    J’étais quasiment sûr qu’elle allait me demander de ne pas partir. Peut-être elle-même en eut-elle l’intention. Mais au lieu de le faire, elle se débrouilla pour dénicher un rosier et nous y cueillit une fleur. Pour ce qui est des roses, cela demande une certaine force. Helena était une fille qui connaissait ses accès de violence.
    Ensemble, nous profitâmes de l’entêtant parfum.
    — Je suis là, gente dame. J’écoute.
    Elle suçait son doigt – une épine s’était enfoncée sur le côté.
    — Claudia avait raison. Tu veilles sur moi. À dater du jour de notre rencontre, tu as toujours été là… que je le veuille ou pas. À l’époque, tu avais même l’air de me détester, mais tu étais déjà en train de me faire changer. J’avais toujours été la première de la famille, la sœur aînée, la grande cousine, la décidée, l’autoritaire, la raisonnable. Tout le monde disait toujours : « Helena Justina sait se prendre en charge… »
    Il me sembla entrevoir où elle voulait en venir.
    — Les gens t’aiment, ma chérie. Ta famille, tes amis, ma famille… tout le monde se soucie de toi autant que je le fais.
    — Tu es le seul de qui j’accepte ça.
    — C’est ça que tu tenais à me dire ?
    —

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